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Sécurité renforcée suite au premier crash mortel de Crossair (2000)

Keystone-SDA

Le 10 janvier 2000, dix personnes ont péri dans le crash d'un avion Crossair dans un champ à Nassenwil (ZH) peu après le décollage de Zurich-Kloten. L'accident survenu voici 25 ans était dû à une erreur humaine. Suite au drame, la sécurité a été renforcée.

(Keystone-ATS) Lorsque les pompiers sont arrivés sur les lieux du sinistre ce lundi 10 janvier 2000 vers 18h00, ils n’ont vu qu’un cratère en feu dans un champ éventré de Nassenwil, sur la commune de Niederhasli (ZH). Il ne restait pratiquement plus rien de l’appareil accidenté, un Saab 340B de la compagnie Crossair.

Selon le rapport final du Bureau d’enquête sur les accidents d’aviation (BEAA), le degré de destruction était extrême: la plupart des débris s’étaient enfoncés à environ trois mètres dans la terre. Selon des témoins, l’appareil avait effectué une descente abrupte. Le dernier enregistrement de données juste avant l’impact a montré que le nez de l’avion s’était abaissé de 63 degrés.

Deux minutes et 17 secondes

Le vol LX498 à destination de Dresde (D) avait décollé à 17h54 et quelques secondes dans l’obscurité sur la piste 28 de l’aéroport de Zurich en direction de l’ouest. Deux minutes et 17 secondes plus tard, l’avion, avec sept passagers et trois membres d’équipage à son bord, s’est écrasé. Il n’y a pas eu de survivant.

Le crash n’était pas dû à une défaillance technique mais à des facteurs humains. Le rapport final a notamment évoqué une réaction inappropriée de l’équipage aux instructions de la tour de contrôle.

L’accident s’est produit lorsque les pilotes ont reçu l’ordre, après environ une minute de vol de montée initial, d’effectuer un virage à gauche. Le copilote a omis d’introduire dans le système de gestion de vol la donnée nécessaire pour que l’avion effectue un virage vers la gauche: l’appareil a alors amorcé un virage vers la droite.

Selon le rapport final, cette erreur n’était pas forcément dangereuse. Le contrôle aérien l’a remarquée et a finalement autorisé le virage à droite. Le commandant ne s’en est manifestement pas rendu compte: il a alors vraisemblablement perdu son sens de l’orientation et la machine a entamé une descente en spirale avant de s’écraser.

Formation insuffisante

Le crash de Nassenwil fut le premier accident mortel de Crossair. Le drame a donné lieu à des débats passionnés. La branche manquait alors de pilotes et la compagnie fondée et dirigée par le Bâlois Moritz Sutter, lui-même pilote, recrutait notamment en Europe de l’Est une main-d’œuvre à prix avantageux.

Le commandant était un Moldave de 42 ans. Avant son embauche chez Crossair, il avait surtout travaillé sur des appareils équipés d’instruments russes. Le soir de l’accident, il décollait de Zurich pour la quatrième fois seulement, ne parlant qu’un anglais approximatif. Le copilote de 35 ans était originaire de Slovaquie et avait rejoint Crossair six mois avant l’accident.

Les systèmes européen et russe divergeaient dans la représentation de l’horizon artificiel. Dans le stress, le commandant a fait appel à d’anciens réflexes pour interpréter les instruments, avait conclu en substance le rapport. Une part de responsabilité a été attribuée à Crossair car la compagnie ne formait pas systématiquement ses commandants aux systèmes et procédures de navigation occidentaux.

Sécurité renforcée

Le commandant avait aussi renoncé à utiliser le pilote automatique, ce qui aurait probablement évité l’accident, selon les enquêteurs. Suite aux recommandations du BEAA, la compagnie Swiss – qui succéda à Crossair – a obligé les équipages à enclencher le pilote automatique lorsqu’ils se trouvent dans une phase de vol impliquant énormément d’attention.

Avec l’introduction de normes européennes, l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) a aussi modifié par la suite sa pratique de validation des licences de pilotes étrangers. Une visite médicale était désormais exigée auprès d’un médecin suisse agréé. Les exigences posées aux experts chargés de la formation des pilotes ont elles aussi été renforcées.

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