Alerte aux maladies infectieuses
De nouvelles maladies infectieuses apparaissent à un rythme sans précédent, selon le rapport annuel de l'Organisation mondiale de la santé.
Basée à Genève, l’agence onusienne recommande une meilleure coopération internationale pour faire face à l’ensemble des risques sanitaires du 21e siècle. Un appel entendu par la Suisse.
«Il y a 20 ans, les maladies infectieuses n’étaient pas perçues comme un grand danger. Aujourd’hui, elles constituent une menace et un défi pour tous les pays y compris la Suisse.» Gaudenz Silberschmidt, chef de la division affaires internationales à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), ne peut qu’approuver le constat alarmant établi par le rapport annuel de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Selon l’agence onusienne, 39 nouveaux agents pathogènes, dont le virus du sida, les virus des fièvres hémorragiques d’Ebola et de Marbourg, le SRAS, ont été identifiés depuis 1967.
En outre, des menaces séculaires, comme la grippe pandémique, le paludisme ou la tuberculose pèsent sur la santé à cause des mutations des virus, des résistances croissantes aux antibiotiques et de la faiblesse des systèmes de santé.
Les nouveaux risques sanitaires incluent non seulement des épidémies, mais également des maladies d’origine alimentaire, des accidents ou des attaques chimiques, biologiques ou nucléaires, la pollution industrielle et les changements climatiques. «Ces menaces pourraient mettre en danger des millions de personnes dans plusieurs pays», avertit l’OMS dans son rapport intitulé «Un avenir plus sûr».
Filet de sécurité
Pour faire face, le rapport énumère une série de recommandations, dont l’application intégrale du Règlement sanitaire international qui est entré en vigueur en juin de cette année. Selon Gaudenz Silberschmidt, ce cadre permet de renforcer fortement le système de protection planétaire face aux maladies et d’affronter les nouvelles menaces.
Le règlement, applicable dans les 193 Etats membres de l’OMS, précise la façon dont les pays doivent évaluer et notifier à l’OMS les urgences de santé publique de portée internationale.
Il définit aussi clairement la manière de réagir face à une menace sanitaire. «L’OMS réunit un comité d’urgence et c’est la directrice de l’OMS qui est chargée d’établir les mesures et les recommandations transmises aux Etats», précise Gaudenz Silberschmidt.
L’application du Règlement sanitaire international s’avère particulièrement difficile pour les pays en développement. Mais comme le souligne Gaudenz Silberschmidt, il prévoit des mécanismes de soutien.
L’implication de la Suisse
«Dans le cadre de l’OMS, la Suisse a proposé de constituer un stock international de vaccins pour les pays pauvres. Nous sommes également très actifs dans le cadre de la Commission sur les droits de propriété intellectuelle, l’innovation et la santé publique et de la mise en œuvre de ses propositions.» Mandatée par l’OMS, cette commission est présidée par Ruth Dreifuss, ancienne présidente de la Confédération.
Reste que même un pays riche comme la Suisse doit ajuster son dispositif pour se conformer au Règlement sanitaire international. C’est pourquoi la loi sur les épidémies est actuellement en cours de révision.
«La nouvelle loi devrait notamment permettre de définir clairement les modalités de collaboration entre la Confédération et les cantons, autrement dit de définir qui fait quoi lors d’une crise majeure», précise Gaudenz Silberschmidt.
Le gouvernement helvétique compte également négocier avec l’Union européenne un accord bilatéral dans le domaine de la santé. «Le ministère en charge de la santé va proposer à la fin de cette année un mandat de négociation au Conseil fédéral», précise Gaudenz Silberschmidt.
Un tel accord permettrait à la Suisse d’être intégrée au Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. Basé à Stockholm, celui-ci est chargé de renforcer la protection de l’Europe contre les maladies infectieuses.
swissinfo, Frédéric Burnand à Genève
Application intégrale du Règlement sanitaire international par tous les pays.
Coopération au niveau mondial pour la surveillance, l’alerte et l’action en cas d’épidémie.
Libre accès aux connaissances, technologies et matériels divers, y compris les virus et autres échantillons biologiques, nécessaires pour assurer une sécurité sanitaire optimale au niveau mondial.
Responsabilité mondiale de renforcer les capacités des infrastructures médico-sanitaires de tous les pays.
Collaboration intersectorielle au sein des gouvernements.
Accroissement des ressources aux niveaux mondial et national affectées à la formation, à la surveillance, au développement des moyens de laboratoire, aux réseaux d’intervention ainsi qu’aux campagnes de prévention.
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