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Grippe aviaire: Genève au coeur du combat

Ces oies sauvages ne peuvent pas être protégées du virus H5N1 et pourraient donc propager la grippe aviaire. Keystone

Une conférence mondiale sur la grippe aviaire s'est ouverte lundi au siège genevois de l'OMS. Gaudenz Silberschmidt en explique l'importance à swissinfo.

Le responsable des affaires internationales de l’Office fédéral de la santé publique fait le point sur le rôle de la Suisse dans la lutte contre le virus H5N1 et le risque d’une pandémie humaine.

Plus de 500 représentants des organisations internationales, des gouvernements et de l’industrie sont réunis au siège genevois de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour renforcer la riposte contre la grippe aviaire. Ils doivent élaborer, d’ici mercredi, une stratégie globale.

Pour la première fois, l’Organisation mondiale de la santé, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et la Banque mondiale ont joint leurs efforts afin de réunir tous les partenaires concernés.

Cette conférence est la dernière en date de toute une série de rencontres qui ont eu lieu un peu partout dans le monde au cours des derniers mois, pour relever le défi posé par le virus H5N1.

Pour mémoire, le H5N1 est responsable de la mort d’au moins 60 personnes en Asie.

La conférence de Genève a donc pour but de fournir une estimation globale de la situation sur la base des informations qui ont pu être récoltées jusqu’à présent.

Elle doit permettre par ailleurs de déterminer quelle sera la prochaine étape pour contrôler la grippe aviaire et quels préparatifs doivent être mis en œuvre pour faire face à une éventuelle pandémie de grippe humaine.

Chef de la délégation helvétique présente à la conférence de Genève, Gaudenz Silberchmidt revient sur les rôles joués dans ce contexte par la Suisse et le géant pharmaceutique Roche, producteur du médicament antiviral Tamiflu.

swissinfo: L’OMS déclare que le but de cette conférence est de trouver une approche globale pour lutter à la fois contre la grippe aviaire et contre une pandémie de grippe humaine. Selon vous, ce but peut-il être atteint durant ces trois jours?

Gaudenz Silberschmidt: Cette conférence constitue une étape essentielle pour parvenir à une stratégie globale.

C’est un signe important qui montre que la crise liée à la grippe aviaire et à une pandémie potentielle de grippe humaine ne peut être gérée qu’au travers du système international multilatéral.

Tous les acteurs reconnaissent ce fait, y compris les Etats-Unis.

swissinfo: En Asie, le virus H5N1 se transmet très vraisemblablement à l’homme. La Suisse place-t-elle toute son attention sur cette transmission ou s’inquiète-t-elle simplement de ce qui pourrait se passer sur son sol?

G. S. : Nous avons actuellement trois problèmes qui doivent être pris séparément, mais qui sont liés entre eux.

La grippe aviaire – due au H5N1 – se trouve surtout en Asie. Mais elle est arrivée en Turquie et en Roumanie et pourrait encore s’étendre. Nous sommes par ailleurs au seuil de la saison de grippe humaine. Il y a un risque pour que cela se transforme en pandémie. Si c’est le cas, la cause en sera très probablement le virus H5N1.

En Suisse, une campagne de vaccination est actuellement en cours pour les groupes de population les plus menacés par la grippe traditionnelle. Mais nous avons également pris des mesures contre la progression de la grippe aviaire et nous nous préparons à une possible pandémie humaine.

Le gouvernement suisse a décidé fin septembre de fournir 4,8 millions de francs à l’Organisation des Nations Unie pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), afin de lutter contre la grippe aviaire en Asie. La meilleure manière de prévenir une pandémie humaine est en effet de contrôler l’épidémie chez les animaux.

Le deuxième moyen le plus efficace pour lutter contre une pandémie est de prendre des mesures immédiates en annonçant rapidement les cas et en endiguant la propagation. C’est là que les trois millions de doses de Tamiflu fournies par Roche à l’OMS pourraient jouer un rôle important.

Le troisième moyen consiste à ce que chaque pays soit prêt à gérer la pandémie au cas où les deux autres mesures auraient échoué.

swissinfo: Un officiel des Nations Unies a déclaré la semaine dernière que l’épidémie de grippe aviaire dans le Sud-Est asiatique coûterait 100 millions de dollars. La Suisse augmentera-t-elle sa contribution financière?

G. S. : La somme de 4,8 millions de francs fournie par le gouvernement constitue déjà une hausse très substantielle.

Nous envisageons de l’augmenter encore, mais dans une moindre mesure. Nous ne sommes pas prêts à faire des promesses que nous ne pourrons pas tenir.

swissinfo: Lors d’une réunion des ministres de la Santé, le mois dernier au Canada, à laquelle vous avez participé, il a été dit qu’il faudrait consacrer davantage de ressources pour le développement d’un vaccin contre le H5N1. Le gouvernement suisse est-il de cet avis et qu’a-t-il fait ou que va-t-il faire?

G.S.: Nous avons demandé aux firmes pharmaceutiques de soumettre une offre concernant la fourniture de 100’000 doses d’un vaccin contre ce virus dès qu’elles l’auront mis au point.

Le gouvernement est en train de mettre au point une stratégie par rapport à un vaccin contre la pandémie. Cette stratégie sera rendue publique avant la fin de cette année.

swissinfo: Roche est de plus en plus sous pression de la part de pays qui lui demandent d’abandonner son brevet sur le Tamiflu. A-t-on demandé au gouvernement suisse d’intervenir?

G.S. : En premier lieu, j’aimerais rappeler qu’en Suisse il existe une séparation claire entre le gouvernement et les entreprises privées. Néanmoins, nous entretenons bien évidemment de très bons et très intenses contacts avec Roche.

J’aimerais aussi souligner que l’entreprise Roche a déjà clairement indiqué qu’elle était prête à accorder des sous-licences à quiconque est capable de produire le Tamiflu.

A Ottawa, nous avons demandé aux gouvernements et aux entreprises qui pensaient être capables de le produire de prendre directement contact avec Roche.

Interview swissinfo, Adam Beaumont
(Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard)

Cette conférence internationale s’ouvre lundi à Genève au siège de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle durera trois jours.
Le but est de mettre au point une stratégie globale pour contrôler la grippe aviaire et pour se préparer simultanément à une possible pandémie humaine.
La conférence est organisée conjointement par l’OMS, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, l’Organisation mondiale de la santé animale et la Banque mondiale.

– Le virus H5N1 a infecté au moins 122 personnes en Asie et tué à au moins 62 reprises depuis qu’il a refait surface à la fin 2003.

– Avec 40 morts, le Vietnam est le pays le plus touché.

– Jusqu’ici limitée à l’Asie, la grippe aviaire s’est récemment rapprochée de l’Europe. Des cas ont été notamment signalés en Russie, en Turquie et en Roumanie.

– Il n’existe pas encore de vaccin contre la grippe aviaire. Pour l’heure, l’antiviral Tamiflu semble le seul médicament efficace.

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