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Comment les drones transforment l’aide humanitaire

A drone flies over the debris of Amatrice school, central Italy, Friday, Sept. 2, 2016 following an earthquake
Un drone survole la commune italienne d'Amatrice ravagée par un tremblement de terre en septembre 2016. Keystone

Qu'il s'agisse de livrer des marchandises dans des zones reculées, de cartographier le terrain ou d'évaluer les dommages structurels, les drones - généralement associés à l'armée et au sport - sont de plus en plus utilisés pour l'aide humanitaire. Ce qui engendre une série de problèmes pratiques.

Ce 15 mai, des experts se sont réunis à Cambridge (Massachusetts) afin d’élaborer des lignes directrices indispensables pour encadrer l’usage du drone par les humanitaires. Une rencontre organisée au swissnexLien externe de Boston dans le cadre de son programme Aerial FuturesLien externe.

Les participants venaient d’organisations humanitaires comme le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), d’universités, y compris Harvard et son MIT, d’entreprises technologique et d’administrations locales. La question du jour : Comment les puissantes technologies de robotique et d’intelligence artificielle (IA) utilisées dans les drones peuvent-elles être exploitées de manière sûre et efficace pour porter secours?

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«Nous voyons de plus en plus de drones [dans l’action humanitaire], mais cela ne signifie pas que nous voyons ses bienfaits augmenter au même rythme, car je pense que ce que les organisations humanitaires commencent à réaliser, c’est que le pilotage des drones est la partie facile», remarque Patrick Meier, co-fondateur et directeur exécutif de WeRoboticsLien externe, une organisation sans but lucratif suisse et américaine.

Le réseau Flying Labs de WeRobotics a pour but d’aider les pays pauvres à utiliser les drones pour les secours en cas de catastrophe et les efforts de développement durable au niveau local. 

Actuellement, les utilisations les plus courantes des drones dans l’intervention humanitaire sont la cartographie et la surveillance, la livraison de fournitures et de médicaments (en particulier dans le cadre de missions à haute fréquence et à faible volume dans les zones reculées connues sous le nom de  » livraisons du dernier kilomètre « ) et le sauvetage. Selon un rapport de 2016 sur les drones humanitairesLien externe de la Fondation suisse pour l’action contre les mines, la cartographie est actuellement la plus évoluée de ces applications.

Parmi les exemples passés de cartographie des drones humanitaires, citons l’utilisation de l’IA pour étudier les dommages aux culturesLien externe dans les Tonga……

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…et l’identification des zones vulnérables aux glissements de terrain à la suite de deux tremblements de terre au Népal en 2015Lien externe.


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Comme les drones sont de plus en plus souvent déployés dans des situations de catastrophe, le besoin de lignes directrices universelles et de flux de travail rationalisés devient de plus en plus pressant. L’utilisation des drones dans les contextes humanitaires nécessite l’expertise et la capacité d’analyser de grands volumes de données d’images aériennes. La gestion du trafic aérien et les questions de confidentialité des données présentent leurs propres défis réglementaires et éthiques. D’autant que la technologie des drones évolue si rapidement qu’il est difficile de suivre le rythme. 

«Ce qui est vraiment important ici, c’est que ces engins sont de plus en plus autonomes, une tendance qui a peu de chance de s’inverser», souligne Patrick Meier.

L’un des principaux objectifs de la réunion était de mettre à jour et d’étendre le Code de Conduite Humanitaire UAVLien externe lancé en 2014 par le réseau UAViatorsLien externe (également fondé par Patrick Meier) soit un ensemble de directives universelles et volontaires pour l’utilisation des drones humanitaires.


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Lors d’une conférence publiqueLien externe à l’issue de la réunion d’experts, Patrick Meier a évoqué son expérience aux Philippines à la suite du typhon Haiyan de 2013: «Ce qui m’a étonné, c’est qu’après quatre ou cinq jours aux Philippines, j’ai croisé un grand nombre d’équipes utilisant de petits drones – ce qui ne s’était jamais produit auparavant. Mais j’ai commencé à réaliser qu’aucune de ces équipes ne se coordonnaient, ni même se parlaient. Ils ne partageaient pas les données avec la communauté humanitaire internationale, les communautés locales, le gouvernement et les ONG. D’où l’idée d’établir un code de conduite. »

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Les discussions chez swissnex se sont surtout concentrées sur le développement de nouvelles directivesLien externe pour la livraison de marchandises avec des drones, car de nombreux défis se posent lorsqu’il s’agit d’emballer et de transporter du fret aérien sans l’endommager, ou – comme dans le cas des matières biologiquement dangereuses contenues dans le matériel médical.

Autre question urgente: l’utilisation des drones civils à des fins militaires. « Il y a eu un certain nombre de cas récents où de petits drones commerciaux ont été utilisés comme armes de guerre», rappelle Andrew Schroeder, co-fondateur de WeRobotics, citant les attaques d’essaim de drones et le largage de gaz lacrymogène assisté par drones.

Les experts ont également conclu que des lignes directrices pour le marquage des drones humanitaires afin de les distinguer de ceux utilisés dans les conflits sont nécessaires, de même que des protocoles régissant la collecte et l’utilisation en toute sécurité des données qui pourraient être détournées à des fins hostiles.

«Si vous avez une carte de drones, que se passe-t-il si vous la téléchargez sur Internet et que quelqu’un la combine avec des données de recensement préexistantes permettant de déterminer où se trouve un groupe vulnérable de personnes ? Cela pourrait être vraiment problématique», pointe Faine GreenwoodLien externe, du programme Signal de Harvard.

Regarder vers l’avenir (aérien)

A l’issue de l’événement, M. Meier a estimé que des progrès concrets ont été réalisés en ce qui concerne le Code de conduite et l’utilisation des drones dans les situations humanitaires.

«Ce n’est pas seulement un exercice académique. Nous avions besoin de cela pour aller de l’avant parce que nous n’avons pas toutes les réponses», a-t-il dit, ajoutant que d’ici la fin de l’année, il aimerait aboutir à un code révisé, ainsi que des flux de travail améliorés pour le traitement des données de drone: «J’aime à penser qu’à la même époque, l’année prochaine, nous serons parvenus à un très bon modèle de travail qui nous permet d’analyser rapidement les images à l’aide de l’intelligence artificielle, afin d’éclairer la prise de décision en temps opportun lorsque survient une catastrophe humanitaire.

Traduit de l’anglais par Frédéric Burnand

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