Temps agité pour les négociations sur le climat
Alors que la 24e Conférence des parties à la CCNUCC - COP24Lien externe - prépare sa prochaine réunion de deux semaines à Katowice, en Pologne, l’ambassadeur de Suisse pour le climat dit à swissinfo à quoi on peut s’attendre.
«Nous devons travailler dur pour garder les Etats-Unis et le Brésil, mais nous ne devons pas non plus nous compromettre au point de défaire l’accord de Paris, déclare le négociateur Franz Perrez. C’est un équilibre délicat à trouver.»
Depuis que les États-Unis ont annoncé leur retrait de l’accord de Paris en 2017, le président brésilien, Jair Bolsonaro, a également menacé de se retirer de l’accord. Et la semaine dernière, le gouvernement brésilien a annoncé qu’il n’organiserait pas le prochain sommet sur le climat en 2019.
Le futur ministre brésilien des Affaires étrangères, Ernesto Araujo, a déclaré que le changement climatique faisait partie d’un «complot marxiste» et a critiqué l’Accord de Paris pour ne pas avoir reconnu le rôle de la foi et du patriotisme.
Malgré les positions de Washington et de Brasilia, le négociateur Franz Perrez avertit qu’une autre fracture croissante devait être résolue à KatowiceLien externe.
Certains des plus grands émetteurs du monde, comme la Chine, le Vietnam, la Malaisie et de nombreux pays producteurs de pétrole contestent les règles qui placent tous les pays sur un pied d’égalité en ne tenant compte que de leurs émissions et pas de leur niveau de développement.
«S’ils ne s’engagent pas, Paris échouera, déclare Perrez. Ils essaient d’affaiblir les règles pour eux-mêmes. Si nous sommes d’accord sur un système qui traite la Chine de la même manière que l’Éthiopie ou les Îles Marshall, alors je pense que Paris échouera.»
Avec des contributions nationales ou des promesses de réduction des émissions fixées individuellement par les pays, les délégations réunies dans la ville polonaise du 3 au 14 décembre auront pour tâche de définir des mécanismes permettant de vérifier les actions climatiques, d’imposer des sanctions si leurs objectifs ne sont pas atteints.
Le président suisse Alain Berset assistera à l’ouverture du sommet avec 45 autres chefs d’Etat. La ministre sortante en charge des infrastructures et de l’Environnement, Doris Leuthard, participera au débat ministériel de la session le 12 décembre, au cours duquel les ministres devraient discuter des objectifs nationaux en matière de réduction des émissions.
Le dialogue Talanoa, lancé au sommet sur le climat de l’année dernière et présidé par les iles Fidji, vise à «faire le point» sur les efforts de réduction des émissions avant l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris en 2020.
Selon le communiquéLien externe officiel de Berne, la Déclaration finale de Silésie, que la COP24 envisage d’adopter «décrit les mesures à prendre pour réaliser la solidarité et une transition juste vers une société respectueuse du climat.»
La semaine dernière, 16 États européens, dont la Suisse, ont signé une déclaration appelant tous les pays à accroître l’ambition des engagements pris avant l’Accord de Paris.
À Paris en 2015, la Suisse s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990.
En octobre, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations Unies a publié un sombre rapportLien externe prévoyant qu’une augmentation d’un demi-degré Celsius des températures mondiales de 1,5 à 2 degrés exposerait des dizaines de millions de personnes supplémentaires aux inondations côtières, aux pénuries d’eau et aux vagues de chaleur.
Le rapport d’évaluation d’impact du GIEC prévoyait une réduction des émissions mondiales de près de 45% par rapport aux niveaux de 2010 d’ici 2030.
Dans l’intervalle, la semaine dernière, le rapportLien externe d’ONU-Environnement soulignait que le monde devrait connaître une augmentation de la température de 3,2 degrés Celsius d’ici 2100.
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