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Des images de la plus grande lune de Saturne

La sonde est arrivée à bon port après un voyage de sept ans. Keystone

La sonde européenne Huygens est arrivée sur Titan, l’un des satellites de Saturne, et a transmis des données vers la Terre.

Une partie de la technologie embarquée dans cette sonde provient de Contraves Space, une entreprise basée à Zurich. Interview avec son PDG.

La sonde Huygens est arrivée sur Titan dans l’après-midi de vendredi, et, envoyant des informations aussi bien lors de sa descente vers Titan que depuis le sol de ce satellite de Saturne, elle a parfaitement rempli sa mission!

Les premiers clichés pris sur Titan ont surpris les scientifiques. Ils montrent ce qui ressemble à des blocs de glace, des canaux, des rivages et des îles. Un paysage qui évoque pour les chercheurs la surface de la Terre et de Mars.

La ‘descente’ en parachute de la sonde Huygens, qui porte le nom de l’astronome hollandais qui découvrit Titan en 1655, a duré plus de deux heures. Contre toute attente, une fois sur le sol, elle a résisté plus longtemps que prévu et a continué de transmettre ses signaux pendant au moins deux heures.

Umberto Somaini, directeur général de Contraves Space, s’est entretenu avec swissinfo juste avant que la sonde n’atterrisse sur Titan. Il s’est montré évidemment satisfait du succès de la mission, et heureux que la technologie développée en Suisse ait pu protéger l’engin des chaleurs extrêmes.

swissinfo: Il apparaît que la mission a été un succès complet. Pouvez-vous décrire vos sentiments?

Umberto Somaini: Nous avions déjà un bon sentiment le jour de Noël, lorsque la sonde s’est séparée de l’orbiteur Cassini. L’analyse des données avait en effet montré que la sonde avait été placée sur la trajectoire de Titan avec une très grande précision.

Mais ce matin, Huygens est entrée à très grande vitesse dans l’atmosphère de Titan. Cela a représenté le moment crucial de la mission.

Bien sûr, nous étions tous soulagés et heureux de savoir que la sonde avait survécu.

swissinfo: Vous aviez déclaré qu’il s’agissait d’une mission très délicate. Son succès relève-t-il de la chance ou d’une bonne planification?

U.S. : Cette mission a débuté à la fin des années 80 et a bien évidemment été préparée avec un très grand soin. Les personnes impliquées dans le programme ont pris le temps pour procéder à tous les tests nécessaires et pour considérer toutes les éventualités.

Mais il y a toujours une part d’inconnu. Nous ne sommes encore jamais allés sur Titan et son atmosphère est inconnue. Il y a toujours un risque pour que la mission échoue, mais nous avons tout fait pour limiter ce risque au minimum.

Ce à quoi nous assistons maintenant est une combinaison entre un peu de chance, une bonne préparation et une bonne exécution de l’ensemble du projet.

swissinfo: La mission de Beagle sur Mars a montré qu’il ne fallait pas grand-chose pour que tout tourne mal. Ce mauvais souvenir a certainement dû vous tourmenter.

U.S. : Vous basez tous vos plans et vous tests sur les informations dont vous disposez. Nous avions bien quelques connaissances sur l’atmosphère de Titan, mais nous ne savions pas vraiment ce que la sonde rencontrerait lors de son entrée.

Cette mission a probablement été préparée plus en détails que celle de Beagle. Mais vous ne pouvez pas les comparer.

swissinfo: Quel est le prochain projet spatial de votre entreprise?

U.S. : Nous avons une série de projets très intéressants. Par exemple, nous collaborons actuellement à la construction du télescope pour la mission Planck. Celle-ci aura lieu en 2007 et tentera de détecter les radiations les plus infimes laissées par le Big Bang.

Ce télescope doit être très précis et fonctionner à de très basses températures, à moins de 270 degrés. C’est donc tout le contraire de ce que nous avons développé pour la mission Huygens, où ils s’agisssait d’affronter de très hautes températures.

swissinfo: Quelle est la portée du succès de la mission Cassini-Huygens pour Contraves?

U.S. : C’est le genre de succès qui vous donne de la motivation pour les prochains défis… Et une belle récompense pour tout notre dur labeur.

Interview swissinfo, Morven Mclean
(Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard)

La sonde pèse 319 kg et a une envergure de 2,7 m
Il lui a fallu 7 ans pour atteindre Saturne, à 1,5 milliard de km de la Terre
Les conditions sur Titan sont extrêmes: températures de – 180 degrés et vents de 500 km/h
C’est la 1ère fois qu’un engin atterrit aussi loin de la Terre
Il faut 67 minutes pour que les données arrivent sur Terre

– La mission a été réalisée conjointement par la NASA, l’Agence spatiale européenne (ESA) et l’Agence spatiale italienne.

– Les Européens ont développé la sonde (Huygens), les Américains le vaisseau transporteur (Cassini).

– Le programme a coûté 2,42 milliards d’euros.

– Les scientifiques pensent que l’environnement de Titan est sans équivalent et proche de ce que fut l’atmosphère de la Terre primitive.

– Cassini poursuivra son voyage autour de Saturne pendant 4 ans.

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