La diplomatie scientifique prend forme à Genève
Lancé en 2019, le Geneva Science and Diplomacy Anticipator (GESDA) a tenu vendredi sa première conférence. Cette réunion virtuelle avait pour objectif de préciser les axes de recherche que la fondation entend développer avec les organisations internationales et les diplomates en poste à Genève.
Après des mois d’une préparation perturbée par la pandémie, cette conférence fondatrice a rassemblé 17 représentants de la Genève internationale et 68 scientifiques de haut vol qui ont produit une dizaine de synthèsesLien externe sur les recherches scientifiques émergentes. Ces rapports explorent les avancées dans quatre domaines: l’intelligence artificielle associée aux technologies quantiques, l’augmentation technologique de l’être humain, la diplomatie scientifique, l’éco-régénération et la géo-ingénierie,.
«Après s’être plongés dans les publications scientifiques et avoir mené des discussions avec des experts du monde entier, les scientifiques ont produit des rapports approfondis sur ces sujets cruciaux, en évaluant les percées qui pourraient être attendues dans 5, 10 et 25 ans», précise Joël Mesot, président de l’École polytechnique fédérale de Zurich, dans un communiquéLien externe.
Constatant le rythme effréné des percées scientifiques, technologiques et leurs impacts disruptifs sur les individus et les sociétés, le GESDA soutient que «l’humanité, en particulier les habitants des pays émergents ou en développement, ne peut pas se permettre de passer à côté du potentiel de ces avancées scientifiques et technologiques pour le bien-être mondial et le développement solidaire, alors qu’une adaptation toujours plus rapide est nécessaire.» Un argument en phase avec les objectifs de développement durable définis par l’ONU.
Des solutions inclusives
Dans le même communiqué, Peter Brabeck-Letmathe, président du conseil d’administration de la fondation et ancien PDG de Nestlé, souligne que l’organisation vise à «rassembler différentes communautés» telles que les milieux universitaires, diplomatiques et associatifs, afin «d’anticiper les progrès des travaux scientifiques de pointe et de développer autour d’eux de nouvelles initiatives, projets et solutions pour l’humanité. Le GESDA est à la fois un think tank et un do tank.» Un groupe de réflexion et une start-up élaborant des solutions pratiques, autrement dit.
Critiqué à ses débuts pour son manque de transparence et les liens possiblement problématiques entre milieux économiques et scientifiques , le GESDA n’évacue pas le problème. L’une de ses synthèses porte d’ailleurs sur les questions éthiquesLien externe que pose sa démarche prévisionnelle.
En outre, le Forum de la diplomatie a réuni vendredi des personnalités comme la Haute Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme Michelle Bachelet et le président du CICR Peter Maurer, ainsi que l’ancien président du Conseil italien Enrico Letta.
Soutenu par la Suisse et Genève
Dans la Revue de politique étrangère (éditée par le DFAE) qui consacre son dernier numéroLien externe aux crimes de guerre, le conseiller fédéral Ignazio Cassis préciseLien externe à propos de la fondation: «Elle vise à exploiter les opportunités porteuses d’avenir pour façonner le présent et appréhender dès aujourd’hui les foyers potentiels de conflits. Il ne s’agit pas de prédire l’avenir, mais de donner à notre société les moyens de l’affronter au mieux.»
L’engagement suisse est aussi financier. La Confédération suisse fournit un financement initial de 3 millions de francs suisses pour la phase pilote du GESDA (2019-2022), tandis que la ville et le canton de Genève apportent chacun une contribution de 300’000 francs suisses pour la même période.
Les sponsors devraient également apporter des fonds. Olivier Dessibourg, directeur de la communication scientifique du GESDA, précise à swissinfo.ch que ces fonds ont été «en partie égalés» par une fondation philanthropique et qu’une équipe travaille à la collecte d’argent pour les projets.
D’ici à 2022, les experts scientifiques et diplomatiques du GESDA devraient se réunir, identifier les questions à traiter et lancer les premiers projets de la fondation. «Désormais, nous avons un peu plus d’une année pour montrer que notre travail est utile et a du sens», souligne Olivier Dessibourg.
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