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La Suisse joue un rôle majeur en sismologie

Le récent séisme de Java a pratiquement ravagé une partie de l'île. Keystone

Un participant suisse à une conférence de sismologie en Allemagne rappelle que la Suisse joue un rôle majeur dans la recherche sur les tremblements de terre.

Mais Domenico Giardini, professeur à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, admet qu’il reste beaucoup faire pour limiter les dégâts des catastrophes naturelles.

Le Forum mondial de la science de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) vient de plancher pendant deux jours sur la science des tremblements de terre et sa contribution à la société à Potsdam, en Allemagne.

Cette réunion a rassemblé une soixantaine de scientifiques et d’officiels du monde entier, y compris les pays en développement.

«Les thèmes de discussion ont également porté sur la transmission des données en temps réel, indique Domenico Giardini, qui est également directeur du Service sismologique suisse. On a fait des progrès ces dernières années mais il reste beaucoup à faire.»

La prévision demeure une des pierres d’angle de la sismologie. Un des autres thèmes abordés lors de la conférence portait sur les conceptions des scientifiques en matière de physique et de probabilité des séismes, ainsi que «sur la manière dont ces informations sont traduites dans le travail des ingénieurs».

La communication

Les tremblements de terre constituent un danger naturel majeur pour toute la planète. Il y a quelques jours à peine, plus de 6000 personnes ont trouvé la mort dans un séisme d’une magnitude de 6,3 sur l’échelle de Richter à Java, en Indonésie. En octobre dernier, un autre d’une magnitude de 7,6 a fait au moins 75’000 morts au Pakistan et dans le Cachemire indien.

D’une magnitude de 9,15, le tremblement de terre du 26 décembre 2004 dans l’Océan indien a provoqué une série de tsunamis qui ont tué environ 220’000 personnes.

Selon Domenico Giardini, les scientifiques peuvent, malgré tout, tirer de nombreux enseignements de tels désastres. «Nous avons aussi découvert que les autorités locales n’étaient pas préparées, déclare-t-il. Elles n’avaient même pas les moyens d’alerter les gens sur les plages. Visiblement, aucune procédure n’était prévue.»

Et d’ajouter que les lacunes en matière de communication étaient tout aussi graves que le manque de connaissances scientifiques.

«Même si les connaissances scientifiques avaient pu être là, elles n’auraient pas pu être traduites en procédures opérationnelles qui, elles, auraient permis de sauver des vies.»

«Nous donnons ce genre d’informations dans nos cours universitaires mais comment pouvons-nous être sûrs que les gens peuvent les utiliser?»

L’expérience

Un autre objectif du forum consistait à comparer les approches nationales et régionales, les planifications, les projets et les priorités.

Domenico Giardini ajoute que la Suisse joue un rôle important au niveau international, du fait qu’elle dirige actuellement pour cinq ans la fédération des réseaux mondiaux de surveillance sismique. C’est-à-dire qu’elle a accès à toutes les informations et les procédures échangées entre les agences.

Comme l’a rappelé la récente chute de rochers sur l’axe du Gothard, tuant deux automobilistes, la Suisse n’est pas à l’abri des accidents. «Nous avons beaucoup d’expérience, surtout dans le domaine multirisque, c’est-à-dire lorsqu’un séisme provoque un éboulement, qui provoque une vague qui fait déborder un lac, etc.», explique Domenico Giardini.

«Mais le grand problème provient du fait que les raz-de-marée, même provoqués par un tremblement de terre, sont du ressort des océanographes alors que nos deux communautés scientifiques sont totalement séparées.»

Domenico Giardini souhaite enfin l’adoption d’une approche plus globale de tous les aspects des catastrophes naturelles.

swissinfo, Thomas Stephens
(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)

27 mai 2006: un séisme de 6,3 sur l’échelle de Richter fait plus de 6000 morts à Java (Indonésie).
8 octobre 2005: un séisme de 7,6 fait 78’000 morts au Pakistan et dans le Cachemire indien.
28 mars 2005: une secousse tue 905 personnes sur l’île de Nias, en Indonésie.
26 décembre 2004: un séisme près de Sumatra provoque un tsunami qui touche 12 pays d’Asie du Sud-Est, laissant 220’000 morts et disparus.
26 décembre 2003: un séisme fait 31’000 morts à Bam, en Iran.

– Les catastrophes naturelles les plus dangereuses sont les événements uniques, comme un séisme, et pas ceux qui se répètent, commm les inondations.

– Le danger sismique en Suisse est considéré comme modéré à moyen. Les régions les plus exposées sont le Valais, Bâle, la vallée saint-galloise du Rhin et les Grisons.

– Chaque année, 300 à 400 secousses sont enregistrées. Le dernier tremblemetn de terre a fait de légers dégâts en 1991 dans les Grisons.

– 90% des édifices ont été construits avant 1989, date de l’entrée en vigueur des normes antisismiques.

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