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Le réseau où vous serez comme un poisson dans l’eau

Un internaute derrière chaque poisson. Minsh

Deux chercheurs de l'EPFL lancent Minsh, un nouveau système de réseau social où chaque utilisateur nage comme un poisson virtuel dans des aquariums où tout le monde parle de la même chose. Et saute allègrement de l'un à l'autre.

«Minsh», contraction de «mingle» (mélange) et «fish» (poisson) ambitionne de devenir la représentation en trois dimensions et en temps réel de la conscience collective de l’Internet.

Dans ce monde sous marin virtuel, créé par Barbara Yersin et Jonathan Maim, du Laboratoire de réalité virtuelle de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), chaque poisson représente un utilisateur du réseau social Twitter.

L’idée centrale, c’est que le comportement social des poissons représentera ce que les gens pensent et ce dont ils parlent en ligne. Dans le monde de Minsh, les gens qui écrivent sur un sujet donné se retrouvent à nager dans le même bocal.

Et lorsqu’une personne actualise son statut sur Twitter, son poisson s’en va rejoindre ceux des gens qui parlent de la même chose. «Cela se passe en temps réel, c’est vraiment basé sur ce qui arrive au moment même», confirme Barbara Yersin.

Dis-moi ce que tu fais

Lancé à l’été 2006, Twitter aurait quatre à cinq millions d’utilisateurs. Même si ce système, qui consiste à dire aux autres ce que l’on est en train de faire en 140 signes, laisse la plupart des gens de plus de 40 ans sceptiques, il fait déjà partie du paysage.

Des hommes politiques l’utilisent pour essayer de paraître «branchés», le ministère israélien de la Défense s’en sert pour tenir un conférence de presse et de plus en plus de médias y diffusent des informations en plus des supports habituels.

Petits poissons

Mais pourquoi donc Minsh montre-t-il les gens comme des poissons et pas comme les humains qu’ils sont ?

«Nous avons choisi un environnement à la fois ludique et calme, explique Barbara Yersin. Tout le monde fait des humains. Et pour y avoir travaillé depuis quatre ans, nous savons que chaque humain est un spécialiste en humains. N’est-ce pas ?».

«Quand vous voyez une animation qui n’est pas parfaite, cela se remarque tout de suite, précise la chercheuse. Alors qu’avec des poissons, tout est beaucoup plus simple».

Les créateurs de Minsh visent les utilisateurs de Twitter qui cherchent un outil supplémentaire pour visualiser leur réseau et rencontrer de nouvelles personnes. Et par la suite, ils étendront leur service à d’autres réseaux sociaux. «Si vous êtes sur Twitter et que je suis sur Facebook, nous pourrons nous rencontrer sur Minsh», résume Barbara Yersin.

Débuts modestes

Le service va démarrer avec environ 10’000 utilisateurs. Début modeste, mais la compagnie a une idée assez précise de ses objectifs à plus long terme.

«Nous démarrons très vite, alors que beaucoup des fonctionnalités que nous voulons développer n’existent pas encore, admet Barbara Yersin. Mais nous voulons mettre Minsh en ligne le plus vite possible afin de voir comment les utilisateurs réagissent et quels sont leurs besoins et leurs désirs».

Et ça rapporte ?

Pour l’heure, malgré leurs millions d’utilisateurs, les réseaux sociaux ne sont toujours pas de bonnes affaires, financièrement parlant. Facebook, dont la valeur avait été estimée à près de cinq milliards de francs en 2008, n’a rapporté cette année-là que quelque 300 millions.

«Je ne pense pas que les réseaux sociaux puissent faire de l’argent comme en font les moteurs de recherche, avait alors dit le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg. D’ici trois ans, nous devrons imaginer quel est le modèle optimal pour nous, mais ce n’est pas notre priorité en ce moment».

Facebook fait de l’argent en vendant des espaces publicitaires. Mais comme dans le cas de la bulle Internet de la fin des années 90, il semble que le potentiel de gains de ce genre de sites ait été largement surestimé.

Twitter par contre ne vend même pas de cases publicitaires. Et si le site a un plan pour gagner de l’argent, il s’est fait un point d’honneur à le garder secret.

Gratuit

Quant à Minsh, ses fondateurs ont l’intention de vendre dès la début de l’année prochaine des objets virtuels «amusants et fonctionnels», comme des poissons personnalisés. On évoque également la possibilité de nouer des partenariats avec des organisations de défense de l’environnement pour proposer aux utilisateurs d’acheter des poissons virtuels d’espèces en danger.

Mais pour l’instant, le service sera gratuit. «Nous avons un modèle d’affaires complètement différent de celui de Twitter», se contente de dire Barbara Yersin.

swissinfo, Justin Häne à Lausanne
(Traduction et adaptation de l’anglais: Marc-André Miserez)

Réseau. Twitter est un outil de réseau social et de microblogage sur Internet, qui permet à l’utilisateur de signaler à son réseau «ce qu’il est en train de faire».

Gazouillis. Les messages sont nommés «tweets» («gazouillis» en anglais). Leur particularité est d’être courts, 140 caractères au maximum, ce qui permet de mettre à jour son Twitter rapidement, souvent et de manière spontanées.

Poissons. Minsh se propose d’offrir aux utilisateurs de Twitter (et par la suite d’autres réseaux sociaux) un avatar sous forme de poisson et de regrouper les poissons dans des aquariums virtuels, en fonction de ce que les gens sont en train de faire ou de dire.

Aquarium. Ainsi, chaque poisson ne sera que dans un seul aquarium à la fois, qu’il pourra quitter selon son activité ou ses préoccupations du moment. Il pourra également visualiser les autres groupes et voir, en fonction de leur densité, quelle est l’actualité chaude du moment. Et en intégrant un des ces groupes, il aura directement accès à tous ceux qui participent à la discussion.

Minsh a été fondée à l’été 2007 par Barbara Yersin et Jonathan Maim, deux assistants de recherche au Laboratoire de réalité virtuelle de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), spécialisés dans les simulations de foules.

La compagnie a reçu une garantie de l’EPFL et de l’Agence de la Confédération pour la promotion de l’innovation afin de payer ses employés.

Minsh est formée pour l’heure de cinq personnes, dont un directeur artistique, un programmeur et un spécialiste en évolutivité.

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