Solar Impulse garde le soutien de ses principaux sponsors
Le tour du monde de Solar Impulse est interrompu jusqu'au printemps prochain. L'équipe de l'avion solaire suisse a besoin de trouver de l’argent frais pour le faire redécoller. Ses principaux sponsors restent à bord.
«Nous avons environ 150 personnes salariées, ainsi que les coûts du vol l’année prochaine. Nous avons besoin d’environ 20 millions de francs suisses», assure à swissinfo.ch Bertrand Piccard, initiateur du projet.
Beaucoup de salariés ont des contrats temporaires. Comme le fait remarquer Bertrand Piccard: «Certains d’entre eux doivent être assurés, pour que nous soyons sûrs de les avoir l’an prochain. Donc, notre organisation est totalement renouvelée. Il aurait été plus facile de finir cette année.»
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«Ça a été la décision la plus difficile que j’aie jamais prise»
Bertrand Piccard souligne qu’il devra battre le pavé pour obtenir de l’argent. Mais il se déclare optimiste: «Certains de nos partenairesLien externe ont déjà dit leur grand intérêt de continuer à nous soutenir, car pour eux, c’est un énorme succès. Ils estiment que le retard pris est encore mieux parce que cela leur donne une plus longue visibilité. L’aventure a tant capté l’attention dans le monde entier, que lorsque nous recommencerons l’année prochaine, ce sera énorme.»
Initialement, le budget global était de 150 millions de francs suisses. L’un des partenaires est le gouvernement suisseLien externe, dont la contribution totale est environ 6 millions de francs – y compris l’utilisation des aérodromes de Dübendorf et de Payerne.
Lors du départ d’Abu Dhabi en mars dernier, le plan était de terminer en août ce tour du monde en plusieurs étapes. La dernière escale atteinte, Hawaï où Solar Impulse 2 (SI2Lien externe) a atterri le 3 juillet, est à peu près à mi-chemin du tour. Or les batteries de l’avion ont subi des dommages très importants lors du vol entre Nagoya (Japon) et Hawaï, un périple record de 5 jours et 5 nuits.
Rare journaliste à mettre en doute le succès de cette aventure, Jean-Claude Peclet estime sur son blogLien externe que «l’affaire des batteries surchauffées est particulièrement ennuyeuse, car les techniques d’isolation étaient justement un des exemples que citait volontiers Bertrand Piccard quand on l’interrogeait sur les transferts technologiques rendus possibles par son défi. »
Et d’ajouter : «Ce ne sont donc pas des ennuis mineurs, mais des problèmes vitaux qu’a rencontrés Solar Impulse 2, dont on rappellera que le développement a pris plus de dix ans et englouti plus de cent millions de francs. C’est là qu’on peut déjà parler de demi-échec, même si l’avion boucle son périple sans encombre. »
«Entièrement engagé»
Pas de quoi pourtant entamer l’enthousiasme des sponsors.
«Solar Impulse est et reste l’un des plus passionnants projets de technologies propres d’aujourd’hui. Notre partenariat va durer jusqu’à la fin du vol autour du monde», déclare à swissinfo.ch Florian Meier, porte-parole du groupe Schindler.
Sans être en mesure d’articuler un montant, Florian Meier assure que le fabricant suisse d’ascenseurs et d’escaliers mécaniques – l’un des quatre principaux partenaires de Solar Impulse – veut «travailler en étroite collaboration avec Solar Impulse et tous les autres partenaires afin de trouver une bonne solution.»
Une volonté partagée par le groupe chimique Solvay, un autre gros partenaire du projet. «Lorsque nous avons signé il y a 12 ans pour être le premier partenaire de Solar Impulse, c’était juste une idée. Il n’y avait même pas d’étude de faisabilité. Nous avons vécu toutes les phases du développement de Solar Impulse depuis 2004. Nous avons intégré et accepté les risques d’un tel projet», souligne Lamia Narcisse, porte-parole de Solvay.
Solvay fabrique divers lubrifiants et matériaux légers, dont des éléments du prototype solaire. «Nous sommes en discussions étroites avec l’équipe Solar Impulse concernant les prochaines étapes et nous allons essayer de mettre au point le meilleur scénario possible», ajoute Lamia Narcisse.
Un autre des principaux bailleurs de fonds, le géant helvético-suédois ABB, a confirmé que son partenariat courrait jusqu’en 2016, tout en refusant de divulguer les détails financiers de l’entente.
«Solar Impulse 2 est une mission de pionniers visant à repousser les limites de la technologie et de l’endurance humaine. Que la course de Solar Impulse prenne du retard démontre à quel point cette mission est difficile. Dans le même temps, le fait que l’avion ait été aussi loin – en battant plusieurs records du monde – montre que la mission était entièrement valable et nous sommes fiers d’en avoir fait partie. Prendre des risques calculés sans compromettre inutilement la vie humaine est la pierre angulaire de l’innovation. Nous sommes confiants que le tour sera terminé l’année prochaine», a déclaré ABB dans un communiqué.
Quant au 4e partenaire principal, l’horloger suisse Omega, il reste également dans la course.
«Bien que le projet Solar Impulse soit à l’arrêt jusqu’en 2016, Omega continue fièrement de soutenir la mission, sans changement dans le soutien technique ou l’enthousiasme, a déclaré l’horloger dans un communiqué. Nous savons qu’un projet de cette échelle doit toujours faire face à des défis. Par conséquent, nous nous tenons à notre décision et nous nous réjouissons que l’avion décolle une fois de plus.»
Nouvelle puissance
En théorie, SI2 aurait dû continuer son périple, mais le risque de défaillance des batteries était trop élevé. Pour y remédier, l’équipe travaille à améliorer le système – en particulier l’isolation et la ventilation des quatre accumulateurs – pour éviter les risques de surchauffe.
«Nous avions sur-isolé les batteries et fait une première montée trop rapide au début du vol entre le Japon et Hawaii. Les accus ont commencé à surchauffer, et nous ne pouvions pas abaisser la température en raison de la sur-isolation. Nous allons corriger cette erreur», précise Bertrand Piccard.
Les nouvelles batteries doivent être prêtes d’ici septembre ou octobre. Mais à ce moment-là, les journées seront trop courtes pour continuer le voyage autour du monde. Pour cette raison, la mission a été reportée jusqu’au printemps prochain.
Adaptation de l’anglais: Frédéric Burnand
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