Premier «saut de puce» de l’avion stratosphérique
Après trois ans de préparation, l’avion solaire stratosphérique expérimental SolarStratos a entamé ses vols d’essai à Payerne, dans le canton de Vaud, avant d’aller frapper à la porte de l’espace.
Vendredi, SolarStratos, élégant avion solaire de 8,5 mètres de long, aux ailes couvertes de 22 m2 de panneaux solaires, a officiellement décollé de l’aérodrome de Payerne. Après une série de tests de roulage – qui ont amené le biplace à des vitesses croissantes -, le pilote d’essai Damian Hischier lui a fait accomplir son premier vol de 6 minutes, grimpant jusqu’entre 250 et 300 mètres d’altitude.
«Globalement, tout s’est bien passé. Bien sûr, des petits réglages, il y en aura», a commenté Raphaël Domjan. Il a rappelé que le but n’était pas de réaliser un record d’altitude, mais simplement de voler une première fois. Les essais se poursuivront dès la semaine prochaine.
Avant ce permier essai, l’écoaventurier avait confié à swissinfo.ch: «C’est un moment très excitant pour moi et pour toute l’équipe, mais nous sommes un peu anxieux, car nous allons maintenant voir si tout ce à quoi nous avons travaillé ces trois dernières années fonctionne ou pas.»
D’ici la fin de l’année prochaine, le Suisse espère emmener son avion jusqu’aux cieux glacés de la stratosphère, à une altitude de 25’000 mètres, soit trois fois la hauteur du Mont Everest – ce qui représenterait une première historique pour un avion solaire équipé de moteurs électriques.
Obstacles
Mais avant d’en arriver là, l’homme de 44 ans, qui en 2012 avait été le premier à faire le tour du monde à bord d’un bateau solaire (Planet SolarLien externe), devra franchir quelques obstacles majeurs. Raphael Domjan est un pilote expérimenté, qui a commencé avec des planeurs à l’âge de 15 ans. Mais désormais, il doit apprendre à maîtriser le petit avion expérimental, tant en l’air qu’au sol, avec un simulateur. Et de nombreux éléments de SolarStratos, comme les batteries, l’hélice et les moteurs sont encore en développement, ce qui ajoute un degré d’incertitude au projet.
Pas à pas, Raphael Domjan compte accomplir des vols à moyenne altitude cet été, avec plus tard dans l’année une tentative de battre le record du monde d’altitude à bord d’un avion solaire avec pilote (9235 m), établi en 2010 par André Borschberg, aux commandes de Solar Impulse.
Le projet SolarStratos arrive juste quelques mois après que les pilotes suisses André Borschberg et Bertrand Piccard ont bouclé leur tour du monde historique avec Solar Impulse.
La Suisse est petite. Rien de surprenant dès lors que Piccard le Lausannois et Domjan le Neuchâtelois soient de bons amis. Le second prévoit d’ailleurs d’inviter le premier à bord de son biplace pour battre le record ensemble.
Alors que la «libellule géante» Solar Impulse II faisait 22 mètres de long pour 72 mètres d’envergure, le prototype SolarStratos mesure à peine 8 mètres 50, avec une envergure de 24,8 mètres. Il ne pèse que 350 kilos (contre les 2’300 de Solar Impulse) et l’aventure de Raphael Domjan ne devrait coûter qu’autour de 10 millions de francs, contre 172 millions pour celle de Piccard et Borschberg.
L’équipe de SolarStratos estime que le voyage vers la stratosphère et retour prendra environ 5 heures et demi: 2 heures et demi pour atteindre l’altitude maximale, 15 minutes à admirer l’éclat exceptionnel des étoiles sur un ciel déjà presque noir, puis un peu moins de trois heures pour retrouver le plancher des vaches.
Plus généralement, le projet de Raphael Domjan est de faire la démonstration des «choses incroyables que l’on peut faire aujourd’hui avec l’énergie solaire». Si tout fonctionne comme prévu, après le premier vol stratosphérique, il pense déjà à des vols commerciaux à haute altitude avec de plus gros avions, pour concurrencer les firmes comme Zero2InfinityLien externe ou WorldViewLien externe, qui offrent ou se proposent d’offrir l’accès à la stratosphère. Une autre idée est de créer des drones solaires stratosphériques, qui pourraient remplacer ou compléter les satellites. Facebook et Google, parmi d’autres, développent déjà ce genre de drones.
(Traduction de l’anglais: Marc-André Miserez)
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