Un petit observatoire identifie une planète de glace
En mesurant le transit d'une planète lointaine devant son étoile, l'observatoire de St-Luc, en Valais, a révélé la nature de cet astre déjà repéré en 2004: un monde de glace.
Joli succès et pas mal de chance aussi pour un observatoire public, qui pour cette occasion a travaillé en collaboration avec les astrophysiciens de l’Université de Genève.
Distante de 30 années-lumière, grosse comme Neptune, cette planète avait été découverte en 2004 à proximité de l’étoile JG436 (une naine rouge), grâce à la méthode des vitesses radiales. On connaissait donc uniquement sa masse (22 fois celle de la Terre), sa distance et sa période, soit la durée de son orbite autour de l’étoile.
L’observation du transit, soit la mesure de la baisse de luminosité de l’étoile lorsque la planète passe devant, permet de déterminer sa taille. Et de là, on peut calculer sa densité.
Verdict d’un groupe d’astronomes européens: la planète est principalement composée d’eau, avec probablement un cœur rocheux et, peut-être, une mince enveloppe d’hydrogène.
Les résultats de l’étude ont été envoyés pour publication à la revue européenne Astronomie et Astrophysique.
Un état inconnu sur Terre
La température à la surface de la planète devrait être de plus de 300 degrés Celsius mais l’eau de l’intérieur, sous des pressions extrêmes de dizaines de milliers d’atmosphères, devrait être sous forme de «glace chaude».
Cet état de l’eau n’existe pas naturellement sur Terre mais il peut être produit en laboratoire sous des pressions de l’ordre de 70’000 bars, ce qui correspond à la pression d’une colonne d’eau d’environ 700 km.
Cette découverte montre pour la première fois que des planètes composées d’eau existent à faible distance de leur étoile. Dès lors, certaines d’entre elles pourraient posséder une atmosphère moins chaude, ce qui permettrait d’imaginer la présence d’eau liquide et donc d’un immense océan à leur surface. Encore hypothétiques, de telles planètes sont appelées «planètes-océans».
Observations confirmées
Le mois passé, des observations menées en collaboration avec l’Université de Genève avaient permis à l’Observatoire François-Xavier Bagnoud (OFXB) de mettre en évidence deux légères diminutions de la luminosité de l’étoile GJ436.
Les transits observés à Saint-Luc ont ensuite été confirmés par un observatoire israélien, puis un nouveau transit a été mesuré avec plus de précision par le télescope Euler de l’Observatoire de l’Université de Genève au Chili.
Une première
La détection de cette nouvelle exoplanète constitue une nouvelle première mondiale. «C’est réellement la première fois que détectons le transit d’une planète aussi petite et la première fois aussi que nous connaissons précisément la masse et la taille d’une planète qui ne soit pas une géante gazeuse», a expliqué à swissinfo Frédéric Mallmann, responsable de l’OFXB.
«Nous en sommes d’autant plus fiers que notre observatoire est surtout au service du grand public».
swissinfo et les agences
L’Observatoire François-Xavier Bagnoud est situé au-dessus de St-Luc, un petit village du Val d’Annivers, dans le canton du Valais.
Il y été baptisé ainsi en souvenir de François-Xavier Bagnoud, pilote d’hélicoptère spécialité dans les opérations de sauvetage, mort à 24 ans dans un crash au Mali lors de l’édition 1986 du Paris-Dakar, qui tua également le chanteur Daniel Balavoine et le créateur du rallye Thierry Sabine.
L’observatoire est géré par une fondation à but non lucratif.
Les exoplanètes sont des planètes qui se situent à l’extérieur de notre système solaire – d’où leur nom.
La découverte de la première a été annoncée le 6 octobre 1995 par les Suisses Michel Mayor et Didier Queloz, de l’observatoire de Genève.
Le mois dernier, une équipe d’astronomes suisses, français et portugais ont découvert la première exoplanète à présenter des conditions favorables au développement de la vie.
A ce jour, plus de 200 exoplanètes ont été détectées.
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