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Le canton de Bâle-Campagne refuse d’unir son destin à celui de Bâle-Ville

Les Bâlois de la campagne ne veulent pas d'un mariage avec les Bâlois de la ville. Keystone

Moins d’une année après l’échec de la réunification du Jura, deux autres cantons suisses, ceux de Bâle-Ville et de Bâle-Campagne, ont refusé dimanche de lancer un processus qui aurait pu mener à leur fusion. A Genève, le projet de tunnel routier sous la rade boit la tasse. Tour d’horizon des principaux résultats dans les cantons.

Bâle-Ville a déclaré dimanche sa flamme à 55% à son voisin de Bâle-Campagne, mais ce dernier a rejeté la demande en mariage à plus de 68%. Ces résultats enterrent un énième projet de fusion entre les deux demi-cantons. La réunification des deux Bâles est en effet un serpent de mer qui réapparaît régulièrement depuis la séparation du canton en deux entités en 1833. 

Pour les partisans de la fusion, le processus constituait une chance. La région bâloise est un espace uni, les frontières cantonales ne correspondent plus à la réalité et la coopération entre les deux entités a atteint ses limites, ont-ils martelé durant la campagne. Une fusion aurait simplifié le tout et renforcé le poids de la région.

Les opposants craignaient quant à eux qu’une fusion se traduise par une perte d’indépendance. Selon eux, le processus s’avérait inutile, coûteux, compliqué et long. Ils décelaient une incompatibilité entre Bâle-Ville et Bâle-Campagne dans de nombreux domaines et proposaient plutôt de renforcer la coopération entre les deux cantons.

Les cantons, un «décor folklorique»

L’échec attendu du projet bâlois montre une nouvelle fois que «les changements institutionnels ne passent actuellement plus la rampe en Suisse», selon Michael Hermann, géographe et politologue de l’Institut Sotomo à l’Université de Zurich, interrogé par swissinfo.ch avant le vote.

«La Suisse a désappris à moderniser ses institutions», explique-t-il. Mais cet immobilisme ne serait pas, selon lui, lié à la défense du «local» contre le «global»: «Il n’y a tout simplement pas assez de pression pour changer. La peur de perdre ce que l’on a est plus grande que les éventuels bienfaits. Il est aussi clair que la solidarité entre espaces distincts n’est pas en train de progresser».

Pour Michael Hermann, le statu quo risque de provoquer une «lente perte d’autonomie, au bénéfice d’accords horizontaux entre cantons ou entre régions». De nombreux services – dans les domaines hospitaliers, administratifs, scolaires mais aussi de l’approvisionnement hydraulique ou du ramassage des déchets – sont en effet déjà réalisés par-delà les frontières cantonales. Mais «on conserve les cantons, ajoute Michael Hermann, comme un décor, pour le folklore, pour l’identité».

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Pas de tunnel sous le lac à Genève

A Genève, le tunnel routier sous la rade ne verra pas le jour. Les Genevois ont nettement refusé dimanche l’initiative de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) qui demandait la construction d’une petite traversée afin de désengorger le trafic au centre-ville. Les regards se portent désormais sur une grande traversée plus au large.

L’initiative de l’UDC a été refusée par 64% des voix. Le projet destiné à libérer du trafic le Pont du Mont-Blanc et les quais était estimé à 1,2 milliard de francs. Au-delà de l’aspect financier, les nombreux opposants au tunnel sous la rade estimaient que ce projet qui date d’une dizaine d’années est complètement dépassé en termes de mobilité. Loin de désengorger le centre-ville, ce tunnel créerait au contraire davantage de bouchons, en particulier sur les axes d’accès.

Les autorités ainsi que l’ensemble de la classe politique soutiennent l’autre option de traversée du lac, plus au large et plus ambitieuse, mais qui ne se profile qu’à l’horizon 2030. Cette variante devisée à 3 milliards de francs permettrait de boucler le contournement autoroutier de Genève et éventuellement de décrocher un financement fédéral.

Le Jura pour l’éligibilité des étrangers

Après deux échecs, les citoyens jurassiens ont accepté dimanche à 54% d’étendre les droits politiques des étrangers, qui pourront  désormais être élus dans des exécutifs communaux. Pour être candidats à un siège dans un exécutif communal, les étrangers devront résider en Suisse depuis dix ans et dans le Jura depuis une année au moins.

Le canton du Jura fut pionnier dans l’octroi des droits politiques aux étrangers en leur accordant le droit de vote communal et cantonal dans la foulée de son entrée en souveraineté en 1979. La situation n’avait plus évolué jusqu’au 28 septembre. Aujourd’hui, quatre cantons francophones  autorisent le droit de vote et d’éligibilité dans les communes: Neuchâtel, Fribourg, Vaud et à présent le Jura.

Les Romands resteront seuls dans ce cas. En Suisse germanophone, les citoyens de Schaffhouse ont balayé une énième fois dimanche une initiative similaire. Ils ont rejeté à 85% un texte de la Liste alternative intitulé «Renforcer la démocratie: droit de vote et d’éligibilité pour les étrangers».

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Crédit pour l’Expo de Milan rejeté au Tessin

Au Tessin, les citoyens ont suivi la Lega et refusé par 55% des voix le crédit de 3,5 millions destiné à financer la participation du canton à l’Expo universelle 2015 de Milan. Le parti populiste avait recueilli 12’300 signatures pour son référendum, largement plus que les 7000 requis. Il estimait qu’il n’était pas question de «faire cadeau de l’argent des contribuables à l’Italie en faillite».

Avec ce résultat, le canton du Sud de la Suisse devra réduire la voilure et ne pourra assurer qu’une présence minimale au sein du pavillon helvétique. Le gouvernement tessinois avait toutefois annoncé début septembre garantir une «présence minimale» à l’Expo, quel que soit le résultat du vote. Le canton a déjà pris des engagements avec la Confédération et trois cantons partenaires (VS, UR, GR), pour un montant de 1,5 million de francs.

Cette somme est garantie par des investisseurs privés et le fonds de loterie intercantonal Swisslos. Elle doit permettre de maintenir la présence du Tessin dans l’espace personnalisé «San Gottardo» des quatre cantons alpins, au sein du pavillon suisse.

Les riches passeront à la caisse à Schwyz

A Schwyz, les personnes aux revenus aisés passeront à la caisse pour assainir les finances cantonales dès 2015. Les citoyens ont en effet donné leur feu vert dimanche par 59% des voix à une augmentation des impôts pour les revenus annuels de plus de 230’000 francs – 438’000 pour les couples mariés.

Schwyz n’en perdra pas pour autant son statut de canton à basse fiscalité. Avec celui de Zoug, c’est celui qui pratique à l’heure actuelle le plus faible taux d’imposition des hauts revenus et qui compte la plus forte densité de multimillionnaires sur son territoire. Mais malgré une administration et des prestations étatiques réduites à leur portion congrue, les plans d’économie se sont succédé ces dernières années dans ce «paradis fiscal» de Suisse centrale, comme le soulignait récemment le Tages Anzeiger.

L’an dernier, les finances cantonales ont plongé dans le rouge, affichant un déficit de 140 millions de francs. Et les résultats ne devraient pas être plus brillants cette année: le directeur des Finances, le libéral-radical (droite) Kaspar Michel a annoncé peu de temps avant la votation un excédent des dépenses de l’ordre de 200 millions de francs.

«Non» à la transparence politique en Argovie

Dans le canton d’Argovie, les politiciens, partis et comité de campagne argoviens n’auront pas à dévoiler leurs finances. Les citoyens ont rejeté dimanche par 56% des voix une initiative de la Jeunesse socialiste exigeant plus de transparence en politique. L’initiative exigeait que les dons de plus de 5000 francs soient rendus publics, tout comme les budgets des campagnes.

Les candidats à des offices cantonaux, des exécutifs ou législatifs communaux devraient aussi publier leur fortune et revenus. Les votants ont suivi l’avis du gouvernement, du parlement et des partis bourgeois. Selon eux, le texte allait trop loin et violait la sphère privée. Ils craignaient aussi que cela ne refroidisse les personnes souhaitant se porter candidates à une élection.

En Suisse, seuls les cantons de Genève et du Tessin ont des dispositions sur la transparence en politique. Sur le plan fédéral, il n’existe aucun règlement concernant la transparence sur le financement des partis et des comités de campagne.

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