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Alinghi, une mine d’or pour l’EPFL

L'Alinghi Team à l'entraînement près d'Auckland le 21 février dernier. Keystone

Depuis une année, l'EPFL collabore étroitement au développement du défi suisse en vue de la Coupe de l'America. Qui débute le 1er octobre à Aukland.

La coopération entre l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et le design team d’Alinghi, le défi suisse lancé par Ernesto Bertarelli, va bon train.

Un peu plus de trois mois avant le début officiel de la Coupe de l’America, la plus prestigieuse compétition à la voile du monde, les deux entités poursuivent leurs recherches, placées sous le sceau du secret.

A L’EPFL, une trentaine de personnes – chercheurs, ingénieurs et quelques étudiants – sont à pied d’œuvre. Mais les accès aux laboratoires sont sécurisés, les machines au repos lors des présentations officielles et les discours des professeurs soigneusement préparés.

Dans ce domaine protégé de la recherche technologique, de l’aérodynamisme et de l’optimisation des bateaux, les données et les informations s’embrument très vite. Comme par magie.

Trois secteurs principaux d’activité

«Il y a le secteur d’aérodynamique et d’hydrodynamique qui se concentre sur l’étude du mouvement d’air sur les voiles mais aussi sur la forme et la conception du bateau», explique Jan Anders Manson, directeur du laboratoire des composites et responsable du partenariat.

Avant de préciser: «Il y a également le secteur des matériaux composite qui tente d’optimiser la résistance de ceux-ci avec le minimum de poids. Enfin un secteur teste les limites de ces matériaux.»

La haute école dispose de chercheurs qualifiés et d’un des ordinateurs les plus puissants d’Europe, spécialisé dans la simulation numérique. La puissance de calcul de cet ordinateur permet notamment de déterminer des écoulements d’eau très complexes sur la carène du bateau pour en optimiser sa forme, mais aussi d’analyser des situations concrètes de navigation.

«Il est possible de comprendre par exemple comment un bateau situé devant un concurrent va influencer le champ de vitesse de l’air qui va agir sur ce dernier», précise Alfio Quarteroni, professeur en charge de la simulation numérique. C’est vraiment très complexe, mais cela pourrait permettre au skipper de changer sa technique de course.»

Dans un autre laboratoire, celui des constructions métalliques, plusieurs ingénieurs se sont encore attelés à tester la fatigue et la résistance de certaines pièces du bateau, en utilisant aussi le matériel de pointe de l’école.

Un étonnant transfert de données

Si les avantages retirés par le team Alinghi dans le cadre de cette collaboration semblent aisés à comprendre, ceux de l’EPFL sont plus difficiles à cerner. L’investissement de l’école dépasse largement le cadre de la compétition vélique.

La notion de gloire et de prestige est certes indéniable pour l’école polytechnique. La Coupe de l’America est l’évènement sportif le plus médiatisé après les Jeux olympiques et la Coupe du monde. C’est, autrement dit, une vitrine fantastique pour l’EPFL.

Mais, plus encore, les recherches entreprises par les différents laboratoires lausannois pour Alinghi et les résultats obtenus permettront d’enrichir des projets menés à plus long terme.

«Nous avons des projets de nature plus générale qui englobent l’étude très fine de matériaux composites», explique Jan Anders Manson, directeur du laboratoire des composites et responsable du partenariat.

Analyse du système cardio-vasculaire

«Les recherches effectuées sur les matériaux du bateau d’Alinghi sont d’une très grande importance pour nous. Elles nous permettent de tester de nouvelles technologies et de les valider pour d’autres applications, par exemple dans le génie civile ou l’aérospatial.»

L’aérodynamique des avions ou encore la simulation de l’écoulement sanguin sont en fait les spécificités de recherche du professeur Quarteroni. Travailler sur un bateau était donc pour lui une première. Il en tire pourtant des conclusions très positives.

«Ces recherches nous ont permis de mieux comprendre des problématiques mathématiques que l’on retrouve dans toutes les recherches consacrées à la présence de fluide et à l’interaction entre fluide et structure. L’analyse du système cardio-vasculaire ou du système respiratoire humain par exemple.»

Les matériaux composites sont par ailleurs de plus en plus utilisés dans la construction de ponts haubanés. Le rouge des bateaux d’Alinghi pourrait donc bien un jour se transformer en or pour l’EPFL.

swissinfo/ François Egger

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