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Bâle, dopée par les sciences de la vie

Le nouvel institut se vouerait totalement aux biotechnologies. Keystone

La probabilité de la création d’un nouvel institut des sciences de la vie – une unité de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ)– gagne du terrain.

Le canton et la ville de Bâle ont proposé de lancer ce projet avec une mise de fonds initiale de 20 millions de francs.

Il s’agit bel et bien d’insuffler un élan susceptible de conférer à la place bâloise une position dominante en Europe durant les 20 prochaines années.

C’est du moins la réflexion qui anime les débats autour de la création, au bord du Rhin, d’un département de bio-ingénierie – une discipline située au carrefour de la biologie, des nanotechnologies et de l’informatique – rattaché à l’EPFZ.

«Pour comprendre la biologie du niveau moléculaire jusqu’aux applications médicales, il s’agit de mettre en place une approche intégrative qui permette à la physique, l’ingénierie et la chimie de se pencher sur les problèmes soulevés par la biologie», explique Ulrich Suter, vice-président à la recherche de l’EPFZ.

Pour l’heure, l’emplacement de ce nouvel institut n’a pas encore été décidé. Pourtant, les négociations entre autorités fédérales, cantonales, l’Université de Bâle et l’EPFZ se déroulent depuis le mois de décembre dernier.

Un investissement de 80 millions

L’investissement financier nécessaire à la réalisation de ce projet se monte à 80 millions de francs, sans compter la construction éventuelle de nouveaux bâtiments. Il faudra ensuite y ajouter un coût d’exploitation de 40 millions de francs par an dès 2008.

La contribution de 20 millions des cantons (Bâle-Ville et Bâle-Campagne), que leur parlement respectif devrait approuver cet automne, sera dévolue à la phase de démarrage du projet, soit la période allant de 2004 à 2007.

«Ce projet a d’importantes implications pour la région, avoue Urs Wüthrich, ministre de l’Education du canton de Bâle-Campagne, ce serait le premier institut du genre en Europe».

A terme, les forces de Bâle en tant que centre des biotechnologies pourraient s’affirmer et doper le dynamisme de toute la région – qui est déjà le deuxième centre économique du pays, après Zurich.

Les fonds ne sont pas encore débloqués

Un obstacle, et non des moindres, freine les velléités bâloises: l’argent. Ces dépenses cadrent mal avec le courant d’austérité financière insufflé par la Confédération depuis plusieurs mois.

Le gouvernement fédéral veut en effet réduire ses dépenses de 3,4 milliards de francs pour l’année 2004. Ce qui n’est pas sans répercussions sur la communauté scientifique suisse.

En crise de liquidités, l’Université de Bâle ne dispose pas des fonds nécessaires pour participer au financement de ce nouvel institut.

De son côté, l’EPFZ s’est félicitée de l’idée. Mais la haute école zurichoise ne soutiendra ce projet qu’à la condition que son propre budget soit revu à la hausse durant les quatre années à venir.

En 2002, l’EPFZ a été financé à hauteur de 963 millions de francs par la Confédération. Diverses sources lui ont encore fourni 140 millions supplémentaires.

L’EPFZ ne peut l’assumer

Mais malgré cela, le «poly» zurichois traverse, lui aussi, une période d’austérité.

«Nous essayons aussi d’utiliser au mieux les possibilités que nous confère notre budget. L’an dernier, nous avons supprimé 25 postes de professeur et il faudrait que nous en supprimions encore 10 ou 20 pour pouvoir financer ce projet», poursuit Ulrich Suter.

Pour le vice-président à la recherche, «la Suisse a besoin de ce projet car il lui permettrait de placer le développement des biotechnologies sur un nouveau standard, tout en ayant une chance de devenir un pôle mondial du secteur.»

Selon le courant de pensée dominant à l’heure actuelle, l’EPFZ deviendrait le principal contributeur du budget annuel de cet institut à partir de 2008.

Soutien de l’Etat et des privés indispensable

Dès lors, sans soutien financier émanant de l’Etat, comme du secteur privé, le projet semble difficile à réaliser.

«Du fait de sa dimension nationale, il me semble justifié que tous les acteurs concernés, y compris l’Etat, participent à son financement», poursuit l’intéressé.

Implantée dans la région bâloise depuis plus de 100 ans, l’industrie pharmaceutique – et les nombreuses sociétés qui en dérivent installées sur les bords du Rhin – est bien évidemment intéressée.

De longs mois de négociations restent cependant nécessaires avant que les ambitions bâloises s’accordent avec la réalité financière.

swissinfo, Vincent Landon
(adaptation: Jean-Didier Revoin)

– Un projet envisage la création à Bâle d’un nouveau département de l’EPFZ.

– Spécialisée en bio ingénierie, la nouvelle entité profiterait du savoir-faire accumulé depuis plusieurs dizaines d’années dans la région.

– Il reste encore à déterminer qui parmi la Confédération, l’industrie ou l’EPFZ financera l’opération.

– La réalisation du projet est budgétée à 80 millions de francs pour un coût d’exploitation annuel de 40 millions à partir de 2008.

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