Bruno Manser n’a pas été oublié
Il y a un an déjà que l'activiste écologiste Bruno Manser a disparu dans la jungle du Sarawak, dans l'île de Bornéo. Mardi à Berne, les membres du Fonds Bruno Manser ont célébré ce triste anniversaire, notamment en plaçant un totem du souvenir près de la Place fédérale.
Le totem, qui trône sur la Place de l’Ours, a été sculpté et peint pendant plusieurs jours par les amis de l’écologiste disparu. Outre cet acte symbolique, plusieurs discours ont été prononcés par des représentants du monde politique et du Fonds Bruno Manser. Un message de la conseillère fédérale Ruth Dreifuss a également été lu aux participants.
«Il s’agit de garder vivante la mémoire de Bruno Manser, ce merveilleux combattant des droits de l’homme et de la forêt primitive et de continuer à offrir une plate-forme à ses idées qui sont toujours très modernes et actuelles», déclare John Künzli, secrétaire du Fonds Bruno Manser.
Les dernières nouvelles sûres au sujet de Bruno Manser remontent au 23 mai 2000. Depuis, plus rien. Sa famille recherche désespérément des informations via les canaux diplomatiques et des amis installés sur place.
Les recherches du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) n’ont, de leur côté, rien apporté de concret jusqu’à présent.
«Nous serons passifs seulement lorsque nous ne saurons plus où continuer à chercher. Mais pour le moment, nous sommes encore dans une phase de recherche active, ce qui signifie que nous travaillons avec les autorités locales, mais aussi via nos propres canaux», déclare pour sa part l’ambassadeur Walter Thurnherr, chef de la section du DFAE responsable du dossier.
Mais pour l’heure, on ignore encore tout du sort de Bruno Manser. Il pourrait avoir eu un accident dans la jungle. Il aurait tout aussi bien pu être tué.
En effet, la Malaisie a toujours considéré ce défenseur des Péans comme un ennemi de l’Etat. Quant aux sociétés forestières, elle avait mis sa tête à prix.
Il n’est pas impossible non plus que Bruno Manser refasse surface un jour ou l’autre. Cette hypothèse représente toutefois un espoir assez faible.
«Nous somme un peu embarrassés, déclare Erich Manser, le frère de l’écologiste disparu. Les chances de retrouver Bruno sont très minces, car de nombreuses personnes ont déjà participé aux recherches. Et les enquêtes du DFAE et d’Interpol n’ont débouché sur rien».
D’ailleurs, selon Erich Manser, les autorités malaises n’ont pas vraiment montré beaucoup d’intérêt à cette affaire. Pour elles, l’écologiste ne peut tout simplement pas se trouver au Sarawak, puisqu’il y était interdit d’entrée.
John Künzli se montre de son côté assez pessimiste sur les chances de retrouver Bruno Manser, car on ne sait même plus où chercher. D’ailleurs, les Péans, ces nomades de la forêt vierge du Sarawak, ne croient pas non plus que leur défenseur soit encore en vie, relève le secrétaire du Fonds.
La seule chose qui reste à faire, c’est donc de chercher la vérité sur ce qui c’est réellement passé.
Mais quoi qu’il soit advenu, l’idéal de Bruno Manser continuera de vivre. John Künzli est persuadé que d’autres personnes vont continuer le combat en faveur d’une planète où règne l’harmonie entre les différentes cultures et la diversité biologique. «Puisque Bruno n’est plus au front, c’est maintenant à nous de continuer à défendre ses positions», conclut le secrétaire.
Gaby Ochsenbein
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