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De plus en plus de jeunes dépendent de l’aide sociale

Une fois sortis de l'école, trop de jeunes ratent leur entrée dans la vie active. Keystone

Le monde de l'action sociale tire la sonnette d'alarme: trop de jeunes en Suisse partent dans la vie complètement désarmés et tombent rapidement à l'assistance publique.

La Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS) exige une stratégie globale contre le manque de formation et le chômage des jeunes.

Rater son entrée dans le monde du travail peut faire basculer des jeunes vers la pauvreté. Mercredi, la CSIAS lance des pistes pour lutter contre le manque de formation et le chômage des 16-25 ans.

«Il ne s’agit pas de créer de nouvelles institutions, mais plutôt de mieux coordonner les actions de celles qui existent pour atteindre le même but», relève, Walter Schmid, président de la Conférence, qui regroupe les représentants des communes, des cantons de la Confédération et des organisations privées de l’aide sociale.

Pour la CSIAS la lutte contre le manque de formation et le chômage des jeunes devrait être une tâche prioritaire de la politique sociale en Suisse.

Mal partis dans la vie

Alors que l’économie affiche une belle santé, dans les villes et les agglomérations, un jeune sur quinze environ reçoit l’aide sociale. Après les enfants, les 18-25 ans sont le groupe d’âge qui y recourt le plus souvent.

Dans cette tranche d’âge en effet, 3,9% de la population est à l’aide sociale. Cette proportion est de 4,4% pour les enfants et de 3% en moyenne pour les autres couches de la population.

Hélas, l’aide est souvent impuissante à venir véritablement en aide à ces jeunes, car elle intervient généralement à un moment où les choses sont déjà passablement compromises.

Les jeunes, qui n’ont ni travaillé ni suivi une formation entre 16 et 20 ans, sont «mal partis», constate Walter Schmid. «A ce moment-là, ils ont déjà un parcours semé d’échecs et de refus derrière eux» et les possibilités de soutien de l’aide sociale n’ont qu’une efficacité limitée.

Formation obligatoire

La CSIAS demande donc la mise en place d’une stratégie globale de lutte contre le risque de pauvreté des jeunes adultes.

Elle propose un catalogue de mesures, à prendre en collaboration avec l’économie et les autres institutions du domaine social, de l’enseignement et de la formation professionnelle.

La plus spectaculaire est l’instauration de deux ans de formation obligatoire dès la fin de l’école à 16 ans, et donc jusqu’à 18 ans. A l’heure actuelle, de nombreux jeunes de 16 ans ont déjà disparu des statistiques.

En effet, les jeunes qui n’ont pas trouvé de places d’apprentissage ne devraient pas être laissés de côté pendant ces années cruciales, car ils risquent de manquer leur entrée sur le marché du travail. Et peut-être pour la vie.

Pas d’emplois au rabais

Offrir un emploi non qualifié à un jeune au détriment d’une formation n’est pas une alternative, avertit Walter Schmid. Agir de la sorte relève d’une «vue à court terme», même si cela a pour conséquence immédiate de voir le jeune quitter les services sociaux.

Bien au contraire, plaide la CSIAS, investir dans la formation d’un jeune va lui permettre d’assurer son avenir. Le bénéfice est également pour l’Etat, qui va voir cette personne quitter les rangs des assistés.

La Confédération devrait suppléer au manque de places d’apprentissage, préconise également la CSIAS. Il s’agirait aussi de créer des incitations à l’intention des employeurs pour qu’ils embauchent des jeunes moins performants.

Coaching individuel

Enfin, les jeunes particulièrement faibles devraient avoir la possibilité de suivre une formation pendant deux à trois ans qui les remettrait à niveau. Avec un suivi personnalisé.

Certes, les coachings et le conseil individuel sont coûteux et demandent des ressources en personnel, mais «ils sont en général le mieux à même d’atteindre l’objectif fixé», soulignent les experts de la CSIAS.

swissinfo et les agences

En 2004, quelque 220’000 personnes ont bénéficié de l’aide sociale en Suisse, ce qui équivaut à 3% de la population.
Presque la moitié vivaient en ville.
43,7% étaient des étrangers.
63% des jeunes sans formation professionnelle touchent l’aide sociale.

La CSIAS donne comme exemple d’une stratégie efficace de lutte contre le chômage des jeunes les mesures mises en œuvre depuis octobre 2006 par le canton de Bâle-Ville.

Les enfants à problèmes peuvent être repérés dès les premières années d´école, afin d’éviter qu’ils accumulent des retards dans la maîtrise de la langue par exemple.

Dans un deuxième temps, Bâle-Ville se concentre sur la période entre la fin de l’école obligatoire et la phase suivante, avec comme mot d’ordre « Pas de diplôme sans connexion avec le projet de formation suivant ».

Viennent ensuite les cas où l’intégration professionnelle a échoué ou est fortement compromise. Ici, l’aide sociale devrait refuser de verser de l’argent à des jeunes gens sans leur demander de contre-prestation.

Elle doit enfin pouvoir proposer une large palette de mesures, allant de la simple proposition d’une activité au suivi personnalisé.

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