Des mesures pour mieux contrôler le smog électrique
Les Suisses craignent les effets du smog électrique. En particulier celui émis par le nombre croissant d'antennes de téléphonie mobile. L'Office fédéral de l'environnement n'est pas en mesure de les rassurer. Faute de mieux, il va unifier les mesures de rayonnement pour garantir le respect des normes.
Les normes helvétiques sont pourtant dix fois inférieures à celles préconisées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). «Ces normes restent inchangées. Elles ont été fixées par le Conseil fédéral et se situent entre 4 et 6 volts/ mètres», explique Jürg Baumann, chef de la section rayonnement à l’Office fédéral de l’environnement de la forêt et de paysage (OFEFP).
«Ces basses valeurs ont été fixées en raison du principe de précaution, et sont un minimum pour que les antennes puissent fonctionner correctement, ajoute Jürg Baumann. Elles respectent ainsi l’ordonnance sur la protection contre un rayonnement non ionisant (ONRI).»
En présentant, mardi à Berne, ses recommandations en matière de mesures, l’OFEFP veut simplement unifier les mesures de rayonnement des antennes. «Nous ne sommes pas dans une situation anarchique, relève Jürg Baumann, mais les instituts de mesures travaillent souvent différemment. Ainsi, les cantons et les communes, responsables du respect des normes, ne s’y retrouvent pas toujours.»
Ces quatre méthodes de mesures sont déjà utilisées dans la pratique. Elles ont l’avantage d’être simples, fiables à 95 %. Mais, surtout, le rayonnement d’une antenne peut être calculé avant son installation.
Les ingénieurs et métrologues testeront ces systèmes de mesures d’ici à l’automne. Ils pourront ainsi affiner les recommandations si nécessaire.
La Suisse compte actuellement 4000 antennes de téléphonie mobile. Les installations des futurs téléphones UMTS nécessiteront probablement le double d’antennes avant dix ans, selon l’OFCOM. L’application de ces recommandations est donc un plus pour rassurer.
Reste que l’effet des rayonnements sur la santé inquiète énormément les Suisses. Pourtant, aucune étude scientifique n’est capable de démontrer la nocivité de ces ondes, ni leur innocuité d’ailleurs.
«Il est tout à fait légitime de se poser des questions», explique Farhad Rachidi, maître de recherche sur la compatibilité électromagnétique à l’EPFL, l’école polytechnique fédérale de Lausanne. Mais les scientifiques sont, pour l’instant, incapables d’apporter des réponses concrètes.
«Les études menées dans le monde et à l’EPFL ne devrait pourtant pas générer de mouvements de panique, précise Farhad Rachidi.» Pour exemple, l’EPFL a travaillé sur des organismes simples, sans constater de dégâts, même lors de puissants rayonnements.
Plus intéressant encore, une étude américaine sur les conséquences du rayonnement à haute fréquence n’apporterait pas de conclusion sur la relation de cause à effet sur les humains.
«En attendant d’éventuelles réponses sur les incidences de ces rayonnements, le principe de précaution appliqué en Suisse devrait rassurer les citoyens, ou en tout cas ne pas les faire paniquer», conclut Farhad Rachidi.
Jean-Louis Thomas
En conformité avec les normes du JTI
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