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En Suisse aussi, on maltraite les enfants

L'UNICEF demande à la Suisse d'interdire les châtiments corporels. Keystone

La Suisse est concernée par le phénomène de la violence contre les enfants. Selon l’UNICEF, elle se trouve même dans la moyenne des pays industrialisés.

Dans un rapport publié jeudi à Genève, l’agence de l’ONU juge la législation suisse insuffisante.

Selon le Fonds des Nations Unies pour l´enfance (UNICEF), la Suisse est en 15e position sur 27 pays industrialisés, avec onze décès d´enfants de moins de quinze ans en moyenne par an à la suite de mauvais traitements.

Près de 3500 enfants de moins de quinze ans meurent de violences (intentionnelles ou non) chaque année dans les pays de l´OCDE, selon le rapport intitulé «Child maltreatment deaths in rich nations».

Du Portugal aux Etats-Unis

Les pays les plus touchés par le phénomène de la violence contre les enfants sont le Portugal, le Mexique et les Etats-Unis. A l´opposé, l´Espagne, la Grèce, l´Italie, l´Irlande et la Norvège connaissent très peu de décès d´enfants à la suite de mauvais traitements.

En valeur absolue, le nombre de décès d´enfants est le plus élevé aux Etats-Unis (1416 morts par an), devant le Mexique (près de mille morts) et le Japon (305 décès chaque année).

La France vient ensuite avec 153 morts par an, puis l´Allemagne et la Grande-Bretagne (un peu plus de cent décès).

Des lacunes législatives



Le rapport met en cause les lacunes de la législation de plusieurs pays. Seuls sept pays (Autriche, Danemark, Finlande, Allemagne, Islande, Norvège et Suède) ont des lois interdisant explicitement les punitions corporelles contre les enfants.

La législation est insuffisante en Suisse, affirme l´UNICEF. Elle laisse la porte ouverte à des châtiments corporels «légers». La section suisse de l´UNICEF critique l´absence d´interdiction totale de la violence physique contre les enfants dans la législation suisse.

Ces statistiques doivent être considérées avec prudence, nuance le rapport. Les informations sur les mauvais traitements sont rares, les définitions ne sont pas les mêmes d´un pays à l´autre et les preuves de cause intentionnelle difficiles à apporter.

L’auteur du rapport de l’UNICEF, Peter Newell, estime que «les outils d’analyse des pays les moins bien classés sont peut-être plus efficaces que ceux des pays les mieux classés. Un état de fait qui incite à nuancer ce classement».

La pointe de l´iceberg

Il ne s´agit que de la pointe de l´iceberg, souligne l´agence de l´ONU. Une étude réalisée en Australie a montré que pour un cas de décès, il y a 150 cas de violences physiques non mortelles.

En France, la proportion est de un décès pour 300 cas de violences. Les 1416 décès recensés aux Etats-Unis doivent être mis en rapport avec les trois millions de cas de mauvais traitements rapportés aux services de protection de l´enfance.

«Il faut changer les mentalités, passer d´une culture de la violence à celle de la non-violence», a affirmé la vice-présidente du Comité de l´ONU sur les droits de l´enfant, Marilia Sardenberg, en présentant le rapport.

«Une interdiction de la violence est fondamentale car elle ne servirait pas à poursuivre les parents, ce qui n’est pas dans l’intérêt des enfants, mais constituerait un point de repère permettant de faire reculer les abus physiques», poursuit l’auteur de l’étude.

L´UNICEF fait remarquer que les décès d´enfants provoqués par des mauvais traitements sont les plus élevés dans les pays où les statistiques des homicides par des adultes sont également les plus élevées.

Des populations plus exposées

La pauvreté, l´alcoolisme, la drogue, des problèmes entre parents, le manque d´éducation ou l´épuisement nerveux sont les causes les plus fréquentes des infanticides.

Le rapport indique que 80% des auteurs de mauvais traitements sont les parents de l´enfant. Les enfants de moins d´un an sont les plus menacés, en raison de leur fragilité: ils forment le quart des victimes.

Selon le rapport, la situation s´est améliorée par rapport aux années 70 dans quatorze pays (dont la Suisse), elle est stable dans quatre pays et s´est aggravée dans cinq autres.

L´UNICEF demande que la violence physique contre les enfants soit interdite explicitement dans tous les pays. Une meilleure prise de conscience est indispensable, car la question est encore tabou, souligne l´agence de l´ONU.

swissinfo et les agences

– En Suisse, onze enfants de moins de quinze ans meurent en moyenne chaque année à la suite de mauvais traitements.

– Dans l’ensemble des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 3500 jeunes disparaissent pour la même raison.

– L’UNICEF, agence de l’ONU spécialisée dans les problèmes qui concernent l’enfance, déplore que la loi suisse ne condamne pas toute utilisation de la violence physique à l’égard des enfants.

– Même si en 1997, la Suisse a ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant de l’ONU, signée en 1989, l’UNICEF juge la législation suisse en la matière insuffisante.

– Plutôt que de poursuivre les parents systématiquement, ce qui ne va pas dans l’intérêt de l’enfant, il s’agit de pouvoir s’appuyer sur des instruments légaux.

– Car si la loi n’est pas conforme aux prescriptions des organisations chargées de la protection de l’enfance, il y a peu d’espoir d’opérer de véritables progrès.

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