Expo.02 n’est plus à l’ordre du jour

Organisateurs et observateurs attendaient d'Expo.02 un regain de cohésion nationale, voire une Suisse nouvelle. Un an plus tard, beaucoup estiment prématuré de conclure.

Durant ce laps de temps, le débat autour de la manifestation s’est lui évaporé.

Selon le correspondant parlementaire Jean-Martin Büttner, il faudra juger des effets de l’Expo sur le long terme. Reste déjà une réussite à son actif: Alémaniques et Romands s’y sont rencontrés. Et beaucoup de Zurichois ont découvert la Suisse romande.

Pour Nelly Wenger aussi, il faut laisser le temps au temps. Mais au-delà de l’Expo émerge «une nostalgie, une fierté».

«Que voulez-vous que le public retienne de quelque chose qui doit impérativement être éphémère, une abstraction?, se demande le sociologue Uli Windisch. Comment en parler aux générations futures?»

L’Expo a redonné aux Suisses le goût de la fête et de la création architecturale, estime au contraire le géographe Jean-Yves Pidoux dans le journal Le Temps. Elle leur a montré le plaisir de la relation à l’autre dans un espace construit.

Rien ne bouge

Plus alarmiste, l’ex-directeur artistique Martin Heller note qu’Expo.02 «avait sous-estimé les exigences nécessaires à la vie commune de nos cultures. Je pense que le pays les sous-estime aussi».

Reste qu’autant du côté des politiques que des milieux culturels ou du public, rien n’a vraiment changé. Expo.02 divise toujours les esprits. Toutefois, on n’en parle moins, voire plus.

Ce qui fait réagir Franziska Teuscher. La députée des Verts remarque dans le mensuel Hochparterre que «les politiciens ne se confrontent plus sur le thème d’Expo.02. Pourtant les sujets ne manquent pas. Le management était mauvais et le gouvernement a dû augmenter sept fois son crédit en six ans».

Une façon de dire qu’en Suisse, questionner un événement pour en tirer les leçons ne va pas de soi.

swissinfo, Pierre-François Besson