L’EPFL signe avec un ponte des sciences «vertes»
L’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) vient de réussir un coup de maître en engageant l’un des plus fameux spécialistes des sciences de l’environnement.
Marc Parlange confie à swissinfo qu’il compte bien influencer la prochaine génération de décideurs.
Marc Parlange est professeur ordinaire à la prestigieuse Johns Hopkins University de Baltimore depuis 1996.
Responsable de son Département de géographie et d’ingénierie environnementale, il est également considéré comme un pionnier dans la compréhension des mécanismes qui régissent le déplacement des flux de chaleur et de vapeur d’eau dans l’atmosphère.
Marc Parlange a étudié les mathématiques appliquées en Australie et obtenu son doctorat en ingénierie environnementale à l’Université de Cornell, aux Etats-Unis.
L’Américain a enseigné à l’Université de Californie-Davis avant de rejoindre la Johns Hopkins University. Entre 2002 et 2003, il avait déjà passé une année sabbatique sur le campus de Lausanne, en tant que professeur invité.
swissinfo: Qu’est-ce qui vous a convaincu de quitter les Etats-Unis pour Lausanne?
Marc Parlange: J’ai la conviction que l’EPFL est une très bonne école. Sa stratégie est d’attirer des chercheurs et de créer un genre de culture qui me plaît.
Elle adopte de plus en plus le style des universités américaines tout en étant située dans un pays qui montre un grand respect pour la formation et l’environnement.
La décision de quitter les USA n’a pas été simple. J’ai pris beaucoup de plaisir à travailler aux Etats-Unis et à Johns Hopkins, dans un environnement ouvert, de haut niveau intellectuel, et attaché aux collaborations. Mais je vois le même potentiel à Lausanne.
swissinfo: En quittant les Etats-Unis, ne craignez-vous pas de donner un coup de frein à votre carrière?
M. P.: Cela va sans doute ralentir un peu les choses. C’est toujours le cas quand on change d’environnement. Mais si tout se passe comme prévu, l’EPFL peut devenir un des plus importants centres de recherche dans le monde, au niveau des meilleures universités américaines et européennes.
La tentation de rejoindre les Etats-Unis est largement répandue, et les nouvelles facultés en tirent bénéfice. Le système de pré-titularisation conditionnelle permet en effet à de jeunes professeurs de bâtir leur propre programme de recherche.
A Lausanne, les responsables connaissent ce système et sont en train de l’adopter. Les changements structurels qui se préparent auront un impact fort. C’est pourquoi je pense pouvoir réussir au sein de cette école.
swissinfo: Les universités suisses ne sont pas particulièrement connues pour leur flexibilité au moment d’engager leurs professeurs. Etes-vous parvenu à imposer vos exigences?
M. P.: L’EPFL m’a pratiquement donné carte blanche. Ils m’ont demandé ce que je souhaitais faire, je leur ai détaillé le type de recherches et d’enseignement que j’envisageais. J’ai la sensation que tout est possible. Je n’ai jamais été soumis à la moindre recommandation au sujet de ce que je devrais faire.
swissinfo: Les ressources en eau sont l’axe principal de votre travail. Estimez-vous que vos recherches et votre enseignement peuvent influencer les décisions sur l’utilisation de ces ressources?
M. P.: Dans la communauté scientifique, les chercheurs ont tendance à s’en tenir à leurs recherches. Un tout petit nombre se montre disposé à s’impliquer au niveau des politiques publiques.
Par contre, beaucoup de nos étudiants choisissent de quitter la recherche pour endosser des rôles politiques, et ainsi avoir un impact sur l’établissement des lois et autres lignes directrices.
Une bonne partie de notre travail de chercheur vise à éduquer la prochaine génération de décideurs et de scientifiques qui travailleront pour les gouvernements.
swissinfo: Votre champ de recherches a des implications politiques. Etes-vous sensible à l’écologie?
M. P.: Oui. Mais je suis aussi ouvert à l’idée que les gens ont besoin de moyens d’existence. Un environnement parfaitement propre n’est pas possible. Nous le dégradons par le simple fait que nous y vivons.
En Europe occidentale, les modes de vie et les modalités industrielles sont nettement plus compatibles avec l’environnement qu’aux Etats-Unis.
Là-bas, la conscience est très vive que nous avons beaucoup à apprendre de l’Europe. Qui s’est organisée dans un environnement sain tout en n’excluant pas un certain type de croissance et de développement.
swissinfo: Cette conscience, souhaitez-vous la transmettre à vos étudiants et collègues?
M. P.: Tout ce passe naturellement, au-travers des interactions avec les étudiants et les collègues. Je dois dire qu’au sein de l’Université, là où j’ai eu le plus de plaisir, où j’ai appris le plus, c’est dans mon travail avec les étudiants.
Je dirais que je tente d’instiller à mes étudiants un certain sens des responsabilités et de la justice sociale. Aussi bien à l’égard des humains que de l’environnement.
swissinfo: Votre avenir à Lausanne, comment le voyez-vous?
M. P.: C’est un grand changement pour ma famille et nous en arrivons à un point où bouger devient difficile. L’avenir est difficile à prédire, mais l’idée est de rester à Lausanne jusqu’au terme de ma carrière.
Interview swissinfo: Scott Capper
(traduction: Pierre-François Besson)
– Marc Parlange est professeur à l’Université Johns Hopkins depuis 1996. Actuellement, il occupe également le poste de responsable du Département de géographie et d’ingénierie environnementale.
– Sa carrière académique a débuté en Australie où il a étudié les mathématiques appliqués. Par la suite, il est retourné aux USA pour accomplir son «Master of Science» en ingénierie agricole et son doctorat en ingénierie environnementale à l’Université Cornell.
– Marc Parlange est considéré comme un pionnier de la compréhension des mécanismes qui régissent le déplacement des flux de chaleur et de vapeur d’eau dans l’atmosphère.
– Entre 2002 et 2003, Marc Parlange a passé une année sabbatique sur le campus lausannois en tant que professeur invité
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