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L’Isrec tient les Etats généraux de l’oncologie

L'Isrec contribue à la recherche sur le cancer. Site de l'uni de Lausanne/Isrec

En attirant le gratin mondial de la recherche en matière de cancer, l'Institut suisse de recherche expérimentale sur le cancer (ISREC) fait coup double.

Il prouve la qualité de la recherche helvétique. Et valorise le savoir-faire de l’arc lémanique.

«Biologie cellulaire et moléculaire du cancer». C’est sur ce thème que l’Institut suisse de recherche expérimentale sur le cancer (ISREC) est parvenu à attirer près de 300 scientifiques du monde entier pour une conférence qui débute mercredi.

L’institut, basé à Epalinges dans les hauts de Lausanne, compte sur cette manifestation pour faire la promotion de son savoir-faire.

«L’objectif de cette conférence est de faire un lien entre le cycle cellulaire, la spécialité de l’Isrec, et le cancer», avoue Richard Iggo, chercheur à l’Isrec et membre du comité d’organisation du symposium.

Cette démarche s’inscrit pleinement dans le cadre des travaux menés actuellement au plan international. Les progrès réalisés dans la compréhension des mécanismes du cancer depuis une dizaine d’années ont en effet débouché sur l’exploration de nouvelles voies thérapeutiques.

Identifier des processus

Il est désormais possible de reconnaître des processus qui sont défectueux dans toutes les tumeurs cancéreuses. Contrairement à ce qui se passe au niveau clinique, où on a l’impression qu’il y a beaucoup de maladies différentes, les scientifiques ont découvert que comprendre le cancer passe aujourd’hui par la compréhension de ces processus défectueux.

En clair, il s’agit de mieux cerner les interactions existant entre les cellules. En effet, «même une cellule tumorale, qui a besoin d’oxygène et de sang pour se développer, utilise des cellules saines pour se créer ses propres canaux d’alimentation», précise Richard Iggo.

Et l’avantage de cette formule, c’est que ces processus défectueux sont peu nombreux au niveau fondamental. Dans la recherche, cela se traduit par l’exploration de nouvelles voies thérapeutiques.

Des pistes prometteuses

Auparavant, les médicaments tentaient d’enrayer la division cellulaire incontrôlée des tumeurs, avec pour effet secondaire de toucher également les cellules de la moelle osseuse et des parois de l’intestin.

Chez le patient, cela engendre un fort affaiblissement du système immunitaire, doublé de risques accrus d’infection en raison de la perméabilité des parois intestinales. Ce qui explique les effets secondaires des chimiothérapies traditionnelles.

Les méthodes explorées aujourd’hui agissent de façon beaucoup plus ciblée. Les progrès accomplis dans la génétique permettent d’identifier (cibler) les protéines qui, en agissant sur les gènes concernés, engendrent les divisions anormales des seules cellules tumorales.

Schématiquement, les chercheurs tentent d’inhiber l’action de ces protéines de façon à stopper la progression et la multiplication des cellules tumorales, supprimant du même coup les effets secondaires chez les patients.

Pas encore transposables chez l’homme

A l’heure actuelle, de telles expérimentations ne sont pas mises en pratique sur l’homme mais sur des organismes beaucoup moins complexes tels que des levures, des vers ou encore des drosophiles (mouches du vinaigre).

Une raison à cela. On trouve 40 000 gènes chez l’homme, ce qui rend des processus aussi complexes que le cancer impossibles à décrypter. Chez les levures, qui comptent 6 000 gènes on peut plus facilement observer les effets d’une mutation et chercher à décoder ce qui s’est passé.

La recherche avance

Mais l’impact de ces expérimentations sur l’homme est considérable. Chez la drosophile, lorsqu’il est défectueux, un gène contrarie l’apparition des ailes. Il se trouve que chez l’homme, on retrouve cette même défectuosité dans pratiquement tous les cancers du colon.

Disposant d’un modèle relativement simple, les scientifiques ont ainsi pu accomplir une progression importante dans l’étude de ce gène.

Une spécialité dans laquelle l’Isrec s’est fait une réputation puisque ses travaux concernent essentiellement la transposition chez les mammifères des connaissances acquises chez la mouche, relève Richard Iggo.

La levée de fonds reste difficile

S’ils sont extrêmement importants pour l’amélioration des traitements contre le cancer, ces travaux relèvent davantage de la recherche fondamentale (recherche pure) que de la recherche appliquée (qui débouche à court terme sur de nouvelles thérapies).

Et du fait de l’absence de débouchés immédiats pour l’industrie pharmaceutique, le financement de la recherche fondamentale ne suscite pas l’enthousiasme général. Raison pour laquelle l’Isrec se doit d’attirer l’attention, en organisant notamment des réunions de grande qualité.

Une stratégie qui porte ses fruits. «A travers les réunions organisées en 1996, 1999 et 2001, le rayonnement international de l’Isrec a beaucoup progressé. Et dans les faits, les candidats désireux de faire des travaux à l’Institut sont encore meilleurs qu’il y a quelques années», se félicite Richard Iggo.

Miser sur la promotion des étudiants

En outre, ces réunions permettent aux chercheurs de l’Isrec d’être au contact du gratin mondial de recherche oncologique, avant même que les travaux des chercheurs les plus reconnus soient publiés dans les grandes revues scientifiques.

Au bout du compte, les premiers bénéficiaires d’une telle manifestation restent les étudiants. Ce type de rencontre leur permet de nouer des contacts qui leur permettront de trouver des laboratoires prestigieux au sein desquels ils pourront mettre en évidence la qualité de leur formation et de leurs connaissances en matière de lutte contre le cancer.

Autant de chances de mettre en évidence la qualité de la recherche suisse sur le cancer, composante indissociable de la vocation de l’arc lémanique (BioAlps) en tant que centre de recherche et développement des sciences de la vie.

swissinfo, Jean-Didier Revoin, à Lausanne

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