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La recherche d’abord, le débat ensuite

En autorisant l'importation de cellules souches, le Fonds national crée un précédent pour des recherches futures. Keystone

Passant outre l'avis émis l'avant-veille par la Commission nationale d'éthique (CNE), le Conseil de fondation du Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) a décidé, vendredi, de soutenir un projet de recherche impliquant l'importation de cellules souches d'embryons humains.

«Notre rôle est d’abord de soutenir la recherche en Suisse, rappelle Heidi Diggelmann, présidente de la Commission de la recherche du FNS. A une approche strictement puriste, le Conseil de fondation a donc préféré une approche plus pragmatique».

Et la recommandation de la CNE, qui souhaitait ouvrir le débat avant d’autoriser ces importations? «Sa position ne différait pas fondamentalement de la nôtre, poursuit Heidi Diggelmann. La majorité de la Commission était simplement d’avis qu’un feu vert à l’importation représenterait une position ambiguë».

Ambiguë, c’est avant tout la législation qui l’est. En effet, la loi de 1998 sur la procréation médicalement assistée interdit la production d’embryons humains in-vitro à d’autres fins que l’implantation dans l’utérus d’une mère souffrant d’infertilité. Une loi dans laquelle il n’est même pas fait mention de l’utilisation des embryons à fins de recherche.

Si l’on admet que tout ce qui n’est pas explicitement autorisé est interdit, il n’y a donc pas d’autre solution pour les chercheurs que d’importer les embryons. Sur ce point, l’avis de droit demandé par le FNS et les recommandations des deux commissions d’éthique préalablement consultées convergent. Pour tous, rien ne s’oppose formellement à ces importations.

Ne pas perdre de temps

Reste la question du précédent. En laissant les deux chercheurs genevois travailler sur des embryons importés, le FNS ouvre la porte à d’autres travaux du même type. Mais, pour Heidi Diggelmann, en Suisse, la recherche ne peut pas se permettre d’attendre la prochaine modification de la loi.

C’est pourquoi – comme la CNE avant lui – le FNS assortit sa décision d’un appel au monde politique. Les parlementaires sont priés d’adapter le plus vite possible les textes de loi à la réalité d’un domaine en évolution rapide.

Les cellules souches prélevées sur l’embryon représentent en effet un espoir formidable pour la médecine. A partir de ce matériau encore indifférencié, on peut cultiver pratiquement toutes les sortes de cellules existantes dans le corps humain, y compris des organes entiers.

Pas n’importe comment

Toujours selon Heidi Diggelmann, prise «dans l’intérêt de la recherche et dans celui des patients», la décision ne néglige pas pour autant les aspects éthiques. D’ailleurs, le Conseil de fondation du FNS y joint six conditions, toutes destinées à éviter les dérapages.

C’est ainsi que les embryons importés devront l’être gratuitement et pour la recherche scientifique seulement. Qui plus est, non commerciale. Par ailleurs, les projets devront être reconnus par le Conseil national de la recherche et les embryons devront avoir été produits légalement dans leur pays d’origine.

Marc-André Miserez

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