La Suisse, cette métropole méconnue
La Suisse raisonne toujours en termes de ville et de campagne. Or, cette perception est dépassée dans les faits. Car, le pays est devenu une métropole.
Bâle n’est-elle pas, encore aujourd’hui, un exemple de cette perception dépassée – opposant ville et campagne – avec deux cantons?
Depuis, les temps ont changé. La Suisse est devenue métropolitaine. Ce constat, établi par l’Association Métropole Suisse, met l’accent la lenteur d’adaptation des mentalités aux nouvelles réalités.
Et, pour changer les mentalités, un groupe d’experts veut élargir le débat au sein de la population. Une plaquette, la «Charte pour l’avenir d’une Suisse urbaine», présentée lundi à Berne, offre tout un panel de réflexions sur ce sujet.
«Nous avons été socialisés en termes de ville et de campagne. Il faut désormais tenir compte du phénomène de métropolisation de la Suisse pour mieux le maîtriser», a déclaré le sociologue Michel Bassand, président de l’Association Métropole Suisse.
Mort des petites villes
La réalité urbaine, en effet, a changé depuis les années 80, et la population n’y porte pas assez d’attention. Pour preuve, la Suisse ne compte plus que 9 villes au lieu de 100 dans les années 60.
En conséquence de quoi, cinquante agglomérations, regroupant 70 % de la population, les ont désormais remplacées. Et désormais, cinq pôles urbains (Zurich, Berne, Bâle, Genève, Lugano) dominent le haut de la pyramide.
Ces grands mouvements touchent bien entendu les zones rurales qui ont aussi fortement été touchées. Ainsi, la campagne n’est plus un ensemble de petits villages essentiellement agricoles. En effet, Il faut désormais distinguer les communes touristiques, industrielles et purement agraires.
Nouveau concept
Les habitants de l’Helvétie ne s’en sont peut être pas rendu compte, mais Il est donc impératif de considérer la Suisse sous un angle totalement nouveau, a expliqué Michel Bassand.
Et les propos du sociologue sur cette désuète perception du pays se vérifient dans un récent sondage. Celui ci relève, en effet, que le 70 % des Suisses ne voudraient pas vivre en ville mais à la campagne. Ce qui, pour le sociologue, est un réel paradoxe.
Cela dit, le débat ne réunit pour l’heure que des experts. Conscient de cette lacune, l’Association Métropole Suisse veut y intégrer le plus large public.
Il s’agit d’ouvrir la discussion sur des questions portant aussi bien sur l’environnement, les transports, l’économie et le domaine social que sur la répartition des tâches entre cantons et communes.
«Nous sommes insuffisamment préparés à ce qui nous attend», a expliqué Ursula Rellstab, vice-présidente de l’association. En prenant pour exemples, le manque de mobilité de la population, ou encore les pressions exercées sur la conservation du paysage.
swissinfo
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