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La Suisse veut du concret

A Genève, Moritz Leuenberger a plaidé pour des mesures concrètes. Keystone

Moritz Leuenberger souhaite que le sommet mondial de l’ONU sur la société de l'information (SMSI) débouche sur des propositions concrètes.

Le ministre suisse de la Communication estime qu’il faut fixer des objectifs précis, avec un calendrier clairement établi.

Moritz Leuenberger s’exprimait lundi devant plus de 1900 représentants de 143 Etats, du secteur privé et des ONG qui participent jusqu’au 26 septembre à l’ultime réunion préparatoire au SMSI qui s’ouvre le 10 décembre à Genève.

La réunion doit adopter un projet de déclaration et de plan d’action en vue du sommet de décembre, le premier de ce type à se tenir en Suisse.

Mais les négociations peinent à aller de l’avant. «En l’état, ces documents manquent de propositions concrètes», a déclaré Moritz Leuenberger.

«Le terrain d’entente minimum est encore trop restreint», a encore ajouté le ministre suisse, aux côtés du secrétaire général de l’Union internationale des communications (UIT), Yoshio Utsumi.

Un financement difficile à établir

Moritz Leuenberger n’a pas caché que l’entreprise sera difficile, «car plus on entre dans le concret, plus les divergences d’opinion entre les divers Etats apparaissent».

Les gouvernements ne sont notamment pas d’accord sur les mécanismes de financement.

Le Sénégal a proposé la création d’un fonds de solidarité. Les pays industrialisés sont de leur côté favorables à des financements des infrastructures via le secteur privé.

Les textes sur la table proposent un raccordement aux technologies de l’information de toutes les universités et de tous les hôpitaux d’ici à 2005, de tous les villages et de toutes les écoles secondaires d’ici à 2010 et de toutes les écoles primaires d’ici à 2015.

«Nous devons tout faire pour que ces objectifs ne restent pas des vœux pieux», a insisté Moritz Leuenberger.

Plusieurs pommes de discorde

Outre le financement, une autre question litigieuse est celle de la sécurité des réseaux.

Il faut encore trouver les bonnes formules pour que le souci de renforcer la sécurité des réseaux, notamment contre le terrorisme, mais aussi un usage immoral (pornographie, etc.) ne nuisent pas à la liberté d’accès à l’information.

Dans ce domaine, la Suisse se bat pour fixer un cadre légal, notamment par souci de respect de la sphère privée.

Les dispositions concernant le rôle des médias ne font pas non plus l’unanimité. Les textes ne sont pas suffisants pour certains, notamment concernant la nécessité d’un service public de qualité, alors qu’ils vont trop loin pour d’autres.

Les questions de propriété intellectuelle divisent également les délégations.

La difficulté d’harmoniser les positions nécessitera peut-être une nouvelle réunion. C’est en tout cas l’avis de Marc Furrer, directeur de l’Office fédéral de la communication (OFCOM) et chef de file de la délégation suisse. Celle-ci pourrait avoir lieu début décembre à Genève.

Intérêt du Nord et du Sud

Moritz Leuenberger a souligné que les pays du Nord comme ceux du Sud ont intérêt au sommet. Alors que la branche des télécommunications est en crise, elle doit trouver de nouveaux marchés.

Simultanément, l’accès à l’information est essentiel dans le but de parvenir à l’objectif de l’ONU de réduire de moitié la pauvreté en 2015, a encore dit Moritz Leuenberger.

Le conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU pour le SMSI, Nitin Desai, a souligné de son côté que le développement des technologies de l’information peut avoir un impact dans tous les secteurs.

La société civile critique

Le directeur du Bureau de la société civile pour le sommet Alain Clerc s’est félicité de la forte participation des ONG au processus préparatoire.

Des formes nouvelles de coopération avec les gouvernements ont été trouvées, qui leur permettent de donner leur point de vue et d’apporter leur contribution, même si les Etats décident en fin de course, a-t-il relevé.

Les 35 ONG suisses comptent deux représentants au sein de la délégation officielle suisse forte de 22 membres. Cette présence leur permet d’assister à une grande partie des réunions, sauf celles réservées aux Etats, et d’être ainsi informées chaque jour de l’évolution des négociations.

Les représentants de la société civile ne sont toutefois pas enthousiastes. Les 35 ONG suisses ont ainsi critiqué le caractère trop technique du projet de déclaration. Elles souhaitent en effet insister sur le contenu plus que sur les infrastructures.

«Les nouvelles technologies de la communication (NTIC) ne doivent pas être une fin en elles-mêmes, mais un moyen au service des droits de la personne, ont-elles indiqué dans un communiqué. Un rappel qui ne semble pas inutile au vu du projet actuel de déclaration du sommet, dont l’orientation demeure très technique.»

swissinfo et les agences

– Près de 40 chefs d’Etat et de gouvernement ont jusqu’ici annoncé leur participation au sommet de décembre.

– En marge du sommet, quelque 80 événements organisés par des gouvernements, des ONG et le secteur privé sont prévus.

– Un second sommet est prévu pour assurer le suivi de la rencontre de Genève. Il se tiendra à Tunis du 16 au 18 novembre 2005.

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