Le CICR veut réanimer la recherche des disparus
Dix ans après le début de la guerre en ex-Yougoslavie, le CICR ne renonce pas à retrouver des disparus.
L’organisation prépare d’ailleurs une conférence internationale sur ce thème pour février prochain.
Destins inconnus, souffrances muettes: c’est le titre choisi par le Comité international de la Croix-Rouge pour son bilan d’activités de recherche des personnes disparues durant les conflits en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo.
On y trouve toute la cruauté des chiffres de la guerre: depuis 1991, le CICR a été informé de 31’541 cas de disparitions. Seul un quart de ces demandes a été élucidé. Seules quelque 2’100 personnes ont été retrouvées vivantes.
Pourtant le CICR n’a pas ménagé ses efforts: il a activé ses réseaux de recherche, mis son expertise au service des pays concernés, apporté son appui psychologique aux familles meurtries.
Aujourd’hui, le problème des personnes disparues s’est déplacé vers leurs familles restées sans nouvelles. «C’est, hélas, une histoire qui n’a pas de fin», explique Danièle Coquoz, chef de la Division de l’Agence centrale de recherches au CICR.
Des blessures qui ne se referment pas
La situation commune à tous les lendemains de guerre, où qu’ils se produisent, c’est d’abord la détresse de ces familles qui passent des mois et des années dans l’incertitude du destin de l’un ou l’autre de leurs proches.
«Ne pas savoir ce qu’est devenu un parent ou un ami très cher est l’une des pires souffrances que l’être humain peut endurer», commente Danièle Coquoz.
Souvent, dit-elle, on pense qu’après des années la page a été tournée. Rien de plus faux. Dans les familles restées sans nouvelles, la blessure n’a pas pu se refermer: «ces situations de non vie non mort sont insupportables.»
Rassembler tout ce qui peut l’être
C’est pour ces raisons que le CICR a décidé de remettre sur le métier toute la problématique des disparitions. La façon dont ces situations sont traitées aujourd’hui n’est pas satisfaisante et en tout cas insuffisamment efficace.
«Nous souhaitons faire deux choses, explique Danièle Coquoz: d’abord revoir nos propres lignes opérationnelles et tenter d’être plus percutant, ensuite faire se rencontrer tous ceux qui, des experts aux familles, ont l’expérience, la compétence, l’énergie et surtout la volonté d’améliorer les choses.»
Des ateliers ont déjà été organisés, notamment sur les restes humains, la protection juridique des données personnelles, l’identification et la prévention, et le soutien aux familles de disparus.
Leurs conclusions et celles d’autres études en cours seront réunies dans un document de travail. En février prochain à Genève, une conférence internationale proposera des recommandations et donnera en exemple les bonnes pratiques dont le CICR et d’autres devraient ensuite s’inspirer.
swissinfo/Bernard Weissbrodt, Genève
23’339 personnes ont disparu dans les Balkans
17’087 en BosnieHerzégovine
2’543 en Croatie
3’709 au Kosovo
88% des disparus sont des hommes
1’637 avaient moins de 18 ans
2’979 avaient plus de 65 ans
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