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Le ciel s’éclaircit, mais l’alerte subsiste

La vie reprend son cours à Lucerne, mais le danger n'est pas écarté. Keystone

Mercredi, le soleil a apporté un peu de répit à ceux qui luttent contre les inondations. Mais l'état d'alerte est maintenu, particulièrement à Lucerne et à Berne.

Le gouvernement a fait part de sa compassion et rendu hommage aux victimes. Il a remercié toutes les personnes qui s’activent sur le terrain, mais n’entend pas débloquer d’aides financières spécifiques.

A Lucerne, le lac des Quatre-Cantons approchait mercredi soir la cote des 435,25 mètres, soit celle du record de 1910. De vastes zones de la ville sont inondées et le trafic entre la rive droite et la rive gauche de la Reuss est interrompu.

Le Musée suisse des transports craint que les eaux n’aient provoqué des pertes irrémédiables. Ses étages souterrains ont été inondés, et avec eux une partie des archives et du matériel des collections.

Les flots de la Reuss continuent de gonfler dans la commune voisine d’Emmen. Différents quartiers sont toujours sans électricité et des ponts menacent de céder sous les coups de troncs flottants.

De manière générale, le niveau des lacs, de Thoune et de Brienz, dans l’Oberland bernois, s’est stabilisé à un très haut niveau. Il ne devrait pas redescendre avant plusieurs jours.

Le bois déversé dans les lacs par les rivières en crue suscite aussi l’inquiétude, en particulier à Thoune. Les troncs d’arbre s’encastrent dans les vannes des barrages.

Evacuation totale en basse ville de Berne


Toute cette eau qui se déverse du Lac de Brienz dans celui de Thoune s’écoule ensuite dans l’Aar, qui arrose Berne, la capitale, 30 kilomètres en aval. Depuis le début de la crue, la rivière a inondé le quartier de la Matte, au pied du centre historique. Mercredi après-midi, les autorités en ont ordonné l’évacuation complète.

La force du courant et les voitures à la dérive interdisant désormais l’évacuation par barque, c’est un hélicoptère, à la tâche depuis mardi déjà, qui se charge de ce travail. Quelque 300 des 1’100 habitants de la Matte avaient ainsi pu quitter leurs maisons mercredi soir, mais la police ignorait combien de personnes s’y trouvaient encore.

Selon les ingénieurs en construction, il existe en effet un risque d’effondrement de certains de ces bâtiments, dont la plupart datent du Moyen Age.

Par ailleurs, l’alimentation en électricité, en gaz et en téléphone y est coupée, l’évacuation des eaux usées n’est plus garantie et si les maisons disposent toujours d’eau courante, en cas de coupure, il ne serait pas possible de la rétablir.

Normalisation en Suisse romande


En Suisse romande, la situation commençait à se normaliser mercredi le long du lac de Bienne, dont le surplus se déverse dans celui de Neuchâtel par le canal de la Thielle, que cet apport fait couler à l’envers.

Les travaux de déblaiement ont commencé sur la route reliant Lavey à Morcles, dans les Alpes vaudoises, après l’éboulement de lundi. A Fribourg, la Sarine a retrouvé son débit normal mais l’appel à la prudence est maintenu pour les promeneurs.

Trafic toujours perturbé


Sur le réseau ferroviaire, la situation a également commencé à se normaliser mercredi avec la réouverture de quelques tronçons. Les tunnels routiers et ferroviaires du Gothard, par où transite le trafic de l’Allemagne vers l’Italie, demeurent par contre fermés.

De nombreuses routes restent impraticables, notamment en Suisse centrale et dans l’Oberland bernois. Ainsi, la station d’Engelberg, dans le demi-canton d’Obwald, est coupée du monde à cause de l’effondrement d’un tronçon de l’unique route qui y mène.

Arrivée à la rescousse, l’armée a été à son tour victime des intempéries, un héliport et un centre de recrutement ayant été inondés. Près d’un millier de soldats étaient à pied d’oeuvre mercredi pour aider les régions sinistrées. L’Office fédéral de la protection de la population a mis sur pied une plateforme de coordination pour l’aide intercantonale.

Météosuisse annonce une accalmie jusqu’en milieu de semaine prochaine au moins. De faibles pluies sont annoncées pour la nuit de jeudi à vendredi, mais elles ne viendront pas grossir les cours d’eau.

«Incroyable»

Par ailleurs, la Suisse a essuyé les critiques du directeur de la stratégie pour la prévention des catastrophes naturelles de l’ONU à Genève.

«J’ai été surpris d’apprendre que les gens ont été avertis seulement à deux heures du matin en Suisse, lorsque l’eau avait déjà envahi leurs maisons. Le système d’alerte n’a pas fonctionné de manière correcte», a déclaré Salvano Briceno, cité dans un communiqué.

Et de juger «incroyable que des habitants d’un pays comme la Suisse meurent en raison d’inondations».

Salvano Briceno a souligné que la fréquence et l’intensité des pluies que l’Europe devra affronter à l’avenir, en raison du réchauffement climatique, va devenir un défi permanent pour les gouvernements.

«Nous ne devons pas être fatalistes. Nous ne pouvons pas empêcher les inondations et les tempêtes, mais nous pouvons réduire notre vulnérabilité et apprendre à vivre avec les catastrophes naturelles», a affirmé le responsable onusien.

swissinfo et les agences

Après trois jours d’inondations, le niveau des eaux s’est stabilisé dans la plupart des régions touchées, mais le niveau des lacs et les quantités de bois flottants suscitent l’inquiétude.
La météo promet une accalmie jusqu’au milieu de la semaine prochaine, avec tout au plus quelques pluies, qui ne devraient pas aggraver les choses.
Mercredi soir, le bilan de la catastrophe pour la Suisse était de quatre morts et trois disparus.

– Selon l’historien bernois Christian Pfister, auteur d’études comparatives sur les catastrophes naturelles en Suisse, les dommages causés par les inondations de ce mois d’août pourraient se chiffrer à deux milliards de francs suisses.

– Jusqu’ici, les pires inondations que la Suisse ait connu au 20e siècle ont été celles de 1987. Ramenée au prix d’aujourd’hui, la facture en avait été de 1,7 milliards.

– Viennent ensuite les catastrophes de 1978 (principalement au Tessin) et de 1993 (avec la tragédie de Brigue), qui avaient coûté à peu près un milliard chacune.

– Les inondations de 1999 et le drame de 2000, qui avait détruit le village valaisan de Gondo avaient fait à chaque fois des dégâts pour 700 millions de francs.

– Mais les catastrophes naturelles du 19e siècle avaient coûté beaucoup plus cher au pays. Ramené aux prix 2000, les inondations de 1868 dans les Alpes avaient fait des dégâts pour plus de 4 milliards de francs et celles du Nord-Ouest de la Suisse en 1876 pour environ 2,7 milliards.

– De plus, à l’époque, les dommages n’étaient pas assurés. Les personnes touchées ne pouvaient compter que sur leurs propres forces et sur la solidarité de leurs concitoyens.

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