Le poids des mots pour lutter contre le tabagisme
Des messages de mise en garde plus grands, plus explicites et plus forts devront figurer sur les paquets de cigarettes. Et des mentions telles que «light» ou «mild» seront bannies.
Dans sa lutte contre le tabagisme, le gouvernement s’aligne sur l’Union européenne.
La révision totale de l’ordonnance sur le tabac entrera en vigueur le 1er novembre. Le délai pour mettre en œuvre les mesures prises est de 18 mois pour les cigarettes et de 30 mois pour les autres produits du tabac. Le commerce et l’industrie pourront ainsi écouler leurs stocks.
Les slogans chocs
La Suisse s’alignera ensuite sur la pratique européenne. Le 1er mai 2006 au plus tard, les nouveaux paquets auront ainsi un tout autre visage. Les termes «light» ou «mild», jugés trompeurs, seront interdits.
Des mises en garde percutantes apparaîtront dans les trois langues nationales, telles «fumer peut altérer le sperme et réduit la fertilité», «fumer provoque le cancer mortel du poumon», «fumer pendant la grossesse nuit à la santé de votre enfant».
Cet avertissement, encadré en gras, figurera noir sur blanc sur 35% de la face avant du paquet, tandis que 50% de la face arrière seront réservés pour une mise en garde complémentaire.
En outre, 15% d’un des côtés devront être consacrés aux indications sur les substances nocives. En sus du goudron et de la nicotine, la teneur en monoxyde de carbone devra obligatoirement être mentionnée.
L’adjonction de photos en couleur, comme celles de poumons nécrosés par exemple, viendra ultérieurement renforcer l’impact des avertissements. Cet ajout, déjà pratiqué au Canada, devrait intervenir à l’horizon 2007/2008, a indiqué Pascal Couchepin devant la presse.
Selon le ministre de la santé, l’effet préventif est en effet meilleur si toutes les mesures ne sont pas prises en même temps.
Concession à l’économie
Malgré les critiques émises par la droite et l’économie, le gouvernement a maintenu le cap sur toutes ces mesures. Il s’est en revanche montré plus conciliant concernant la fixation d’un taux maximal pour les substances nocives.
Les teneurs maximales en goudron (10 mg par cigarette), en nicotine (1 mg) et en monoxyde de carbone (10 mg) ne seront imposées qu’aux cigarettes distribuées en Suisse.
Le gouvernement a renoncé à appliquer cette réglementation aux cigarettes produites en Suisse et destinées à l’exportation. Il laisse la responsabilité aux pays importateurs de fixer leurs propres règles.
Ces mesures viennent s’ajouter à la hausse de l’impôt sur le tabac de 50 centimes mise en vigueur au début du mois par le gouvernement. Le paquet de cigarettes passera ainsi de 5,30 à 5,80 francs au plus tard le 1er décembre.
Pour le ministre de la santé, il ne s’agit que d’une étape dans la lutte contre la tabagie. Quelque 8000 personnes meurent chaque année des suites de la consommation de tabac, a-t-il rappelé.
Les Suisses comptent parmi les plus gros fumeurs en Europe: 32% des 14-65 ans sont des adeptes de l’herbe à Nicot. Le gouvernement veut réduire ce taux à moins de 25% en une dizaine d’années.
Prochaines étapes
Et Pascal Couchepin d’esquisser les prochaines mesures qui seront prises. Le prix de cigarettes continuera régulièrement à augmenter.
Il faut exploiter toute la marge de manœuvre dans ce domaine tout en évitant, par des hausses trop brusques, de créer un marché parallèle, a noté le ministre.
Le gouvernement remettra par ailleurs au printemps prochain un rapport sur les effets de la fumée passive. Il lancera encore durant cette législature une révision de la loi sur les denrées alimentaires pour limiter davantage la publicité pour le tabac. Actuellement, seule les réclames ciblant directement les jeunes sont interdites.
Selon le ministre de la santé, une interdiction de vente aux mineurs est également possible. Il ne voit en revanche pas la nécessité pour l’instant de prononcer une interdiction de fumer dans les lieux publics.
Sans être opposé à cette mesure, Pascal Couchepin estime qu’elle devrait être prise à titre subsidiaire.
swissinfo et les agences
Le prix moyen du paquet de cigarette passera de 5,30 à 5,80 francs le 1er décembre au plus tard.
Les Suisses font partie des plus gros fumeurs en Europe: 32% des 14-65 ans fument.
Quelque 8000 personnes meurent du tabagisme chaque année en Suisse.
– Les adversaires du tabac gagnent du terrain.
– L’université de Genève a banni la fumée. Idem pour le centre commercial sous la gare de Zurich.
– Au Tessin, le gouvernement a présenté une loi interdisant la fumée dans les bars et restaurants.
– Au niveau fédéral, six députés ont lancé une initiative parlementaire pour régler la question du tabac dans les lieux publics.
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