Le réchauffement fait bouger l’Eiger
Grindelwald se prépare à la chute d'une masse rocheuse de l'Eiger qui menace de s'effondrer. La zone est sécurisée mais la localité bernoise n'est pas menacée.
Les experts n’excluent pas que le réchauffement climatique soit à l’origine de l’augmentation des éboulements et chutes de pierres constatés depuis quelques années dans les Alpes.
Depuis juin dernier, une masse rocheuse de 2 millions de mètres cubes, soit l’équivalent de 2000 maisons, s’est affaissée de près de 5 mètres et pourrait basculer vers le glacier inférieur de Grindelwald (Berne).
Les environs ont été fermés aux visiteurs pour des raisons de sécurité. Les habitations ne courent aucun risque, car la localité est séparée du glacier par une profonde et étroite gorge qui coupe l’arête est de l’Eiger du Mättenberg.
Ce week-end, de nombreux curieux s’étaient rassemblés dans un restaurant de montagne dans l’espoir de voir l’effondrement.
Dans les jours prochains
Selon le géologue responsable Hansrudolf Keusen, il n’en reste pas moins que la masse rocheuse instable pourrait se décrocher dans les jours qui viennent. Les parties en mouvement sont descendues de près de 90 centimètres vendredi, après un abaissement de près de 125 cm depuis mardi.
La faille, elle, s’est agrandie de 5 mètres. Le géologue doit rencontrer les autorités afin de définir la procédure à suivre en cas de gros éboulement. En attendant, les experts ont décidé d’améliorer le système d’alarme installé dans la gorge glaciaire et de remplacer la station de mesure de la masse en mouvement.
Augmentation des éboulements
Au col du Susten, la route a également dû être fermée la semaine dernière. Un gros morceau de roche de 5 mètres, trop gros pour être transporté, a dû être dynamité. Personne n’a été blessé et aucun véhicule touché.
De manière générale, les chutes de pierre semblent être de plus en plus fréquentes en Suisse. Tout récemment, en juin, l’accès au Gothard a été bloqué des semaines après un éboulement qui avait tué deux automobilistes allemands sur l’autoroute à Gurtnellen (Uri). Les années précédentes, de tels incidents ont eu lieu à maintes reprises.
L’attention s’était tout particulièrement focalisée sur les montagnes durant l’été de la canicule de 2003: un éboulement s’était produit au Cervin et un pan de rocher avait détruit une galerie de la route du Grand-St-Bernard, près de Sembrancher (Valais).
L’augmentation des chutes de pierre n’a jusqu’ici pas été prouvée statistiquement, précise Hans Rudolf Keusen. Il estime néanmoins que le nombre de ces incidents va augmenter avec le réchauffement climatique.
Les glaciers fondent
Le glacier et le permafrost fondent en raison de la hausse des températures. A Grindelwald, le glacier, lorsqu’il était plus grand, soutenait la paroi qui maintenant s’effrite.
Pour la période 2004-2005, 84 glaciers sur les 91 observés en Suisse ont reculé alors que la langue glaciaire de sept autres n’a pas bougé. Le repli le plus important a été enregistré au Triftgletscher (Berne): – 216 mètres.
En se retirant, la langue de glace laisse dans son sillage des moraines. Ces débris de roche et éboulis peuvent dévaler les pentes vers les vallées, surtout en cas de fortes précipitations.
Le permafrost joue aussi un rôle important dans la stabilité de la roche. S’il fond, l’eau commence à circuler et la roche devient instable. Des enquêtes sont aussi menées sur l’évolution du permafrost. Elles serviront à établir la carte des dangers.
Selon M. Keusen, les infrastructures les plus menacées sont les installations touristiques, les trains et les routes de montagnes. Les plus grands lotissements ne courent en revanche pas de danger.
swissinfo et les agences
– L’Eiger (3970 m.), le Mönch (4099) et la Jungfrau (4158) attirent touristes et alpinistes depuis le 19e siècle.
– Une masse rocheuse de l’Eiger de 2 millions de mètres cubes menace de s’effondrer.
– La semaine dernière, la route du col du Susten a dû être fermée pour permettre de dynamiter un morceau de roche.
– En juin, l’accès au Gothard a été bloqué après un éboulement qui a tué deux automobilistes sur l’autoroute à Gurtnellen (Uri).
– En 2003, un éboulement s’était produit au Cervin et un rocher avait détruit une galerie de la route du Grand-St-Bernard, en Valais.
Le permafrost est présent dans l’arc alpin dès 2500 mètres d’altitude.
Cette couche de glace et de neige permanente recouvre environ 6% du sol suisse.
Les glaciers correspondent à 2-3% du territoire national.
Entre 1985 et 2000, les glaciers suisses ont perdu 18% de leur superficie.
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