Les deux faces de la mondialisation
Le Forum de Porto Alegre crie victoire. Celui de Davos est plus discret. L'opinion du professeur Fabrizio Sabelli spécialiste en anthropologie économique.
swissinfo: Cette année, Porto Alegre a-t-il volé la vedette au Forum économique mondial de Davos?
Fabrizio Sabelli: le Forum social de Porto Alegre a eu un retentissement considérable. En France et en Suisse, du moins. Je ne crois pas que cela a été le cas dans les autres pays européens.
Cette deuxième édition du Forum de Porto Alegre marque-t-elle une étape importante?
F.S. : Au départ, les opposants à la globalisation se retrouvaient pour faire de la résistance. Mais, cette année au Forum social de Porto Alegre, ils ont réussi à avancer des propositions. Ils ont lancé des idées concrètes sur la dette des pays les plus pauvres, sur la fiscalité ou encore sur l’environnement.
Reste à savoir maintenant comment ces propositions vont pouvoir se traduire politiquement.
Porto Alegre inspire-t-il la gauche?
F.S.: les responsables politique se contentent, pour l’instant, d’observer ce mouvement et son fonctionnement en réseaux via l’Internet. Ils cherchent à savoir si ces réseaux peuvent leur permettre de fidéliser les militants et s’ils peuvent faciliter l’organisation politique.
Le grand enjeu est donc de savoir si la politique se fera à l’avenir à travers l’Internet et ses réseaux. Si c’est le cas, les idées de Porto Alegre pourraient avoir un véritable impact sur les décisions politiques
L’essoufflement du néo-libéralisme profite-t-il à ces idées?
F.S.: Sans doute. Mais il faut arrêter de lancer des slogans généraux et continuer de faire des propositions concrètes.
Il faut en outre que ces propositions soient soutenues par des acteurs importants de l’économie. A l’instar du financier Georges Soros et de sa fondation.
Mais c’est s’associer avec le diable?
F.S: Des collaborations entre organisations non gouvernementales (ONG) et entreprises sont parfaitement envisageables. Notamment dans la lutte contre les effets négatifs de l’économie sur l’environnement.
Le Forum de Davos est-il sur le déclin?
F.S.: la formule actuelle a montré ses limites. Le Forum économique mondial va, sans doute, devoir se remettre en question. Son aspect rituel et sa forte couverture médiatique vont probablement diminuer.
Les grands de l’économie et de la politique vont certainement continuer à se rencontrer, peut-être même plusieurs fois par année. Mais certainement d’une manière beaucoup plus discrète que jusqu’ici.
Des propos recueillis par Frédéric Burnand
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