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Les Suisses solidaires des Suisses?

Mercredi sera une journée décisive pour l'aide aux victimes des intempéries. Keystone

La Chaîne du Bonheur organise mercredi une journée nationale de solidarité en faveur des victimes des inondations qui ont récemment frappé la Suisse.

En 2000, 74 millions de francs avaient été collectés pour des inondations en Valais. Il est impossible de dire si ce record sera égalé.

Les précédentes journées d’action de la Chaîne du Bonheur ont montré que les Suisses se montrent très généreux face aux catastrophes naturelles, et notamment lorsque celles-ci touchent la Suisse.

En 2000, des inondations avaient dévasté une partie du canton du Valais. Le village de Gondo avait notamment été très durement touché. Les images de la catastrophe avaient bouleversé les Suisses qui n’avaient pas hésité à mettre la main au porte-monnaie pour venir en aide aux victimes. C’est ainsi que 74 millions de francs avaient été récoltés.

Effet de proximité

D’une manière générale, les campagnes menées pour des projets d’aide en Suisse ont la faveur du public.

«Il y avait eu aussi des collectes pour des avalanches qui avaient durement touché le Valais et dans le cadre de l’ouragan Lothar, rappelle Catherine Baud-Lavigne, responsable de campagnes de la Chaîne du Bonheur. Nous avions aussi fait une collecte pour les personnes souffrant de la crise économique en Suisse. Et cela aussi avait bien fonctionné.»

Il est logique que les récoltes des fonds pour des projets réalisés en Suisse aient la faveur du public. En effet, les gens y sont plus sensibles en raison d’un «effet de proximité».

225 millions pour le tsunami

Pourtant, le record absolu de la Chaîne du Bonheur ne visait pas à apporter de l’aide en Suisse, mais en Asie. En décembre dernier, le public avait versé 225 millions de francs en faveur du raz-de-marée qui avait dévasté plusieurs pays riverains de l’Océan indien.

L’énormité de la somme s’explique par la vive émotion provoquée par l’ampleur de la catastrophe (plus de 300’000 morts). Mais l’«effet de proximité» avait alors aussi joué un rôle.

«Il y avait en quelque sorte une proximité dans le sens où la Thaïlande, le Sri Lanka ou l’Inde étaient aussi des pays que les Suisses connaissaient et où ils allaient en vacances, explique Catherine Baud-Lavigne. Il y a aussi eu plus d’une centaine de Suisses qui ont laissé leur vie dans cette catastrophe. Je pense que cela a eu un effet indéniable sur le résultat de la collecte.»

La référence valaisanne

Il est clair que la collecte du 31 août ne pourra pas rivaliser avec la somme récoltée en faveur des victimes du tsunami. Le précédent record de 74 millions récoltés pour les inondations qui avaient frappé le Valais en 2000 fera donc office de référence.

Mais il n’est pas sûr du tout que ce montant soit atteint. «On imagine que l’on aura un peu moins que ce que nous avions obtenu pour Gondo, indique Catherine Baud-Lavigne. Tout d’abord pour la simple raison que beaucoup de régions donatrices sont celles qui ont maintenant été frappées par les inondations. Elles doivent donc se concentrer sur leur propre catastrophe.»

Le rôle des assurances

«L’autre raison est que l’on a un peu plus de peine à motiver les Romands, poursuit Catherine Baud-Lavigne. Je pense que c’est un peu plus difficile en Suisse romande, parce que le débat est vite passé à une dimension très rationnelle à propos de la prévention, et que l’émotion est assez vite retombée. On pense aussi que les assurances vont jouer leur rôle, en oubliant qu’elles ne couvrent en fait pas tout.»

Enfin, les sommes récoltées dans le cadre du tsunami peuvent faire office de frein. «Sur une année, les gens ont peut-être un certain budget qu’ils consacrent à des organisations d’entraide, pense Catherine Baud-Lavigne. Or les dons ont été tels pour le tsunami que cela contribue au fait qu’ils donneront probablement un peu moins cette fois.»

Impossible de faire des pronostics

Malgré ces bémols, il est actuellement impossible de dire si les Suisses se montreront plus ou moins généreux qu’en 2000. «Il est difficile de présager de la somme, indique Catherine Baud-Lavigne. Mais ce que l’on peut dire, c’est que les dons qui nous sont déjà parvenus ainsi que les promesses de dons ne sont pas du tout inférieurs à d’autres collectes.»

Il n’est pas non plus possible de dire si la crise économique peut avoir une influence sur la générosité du public. «C’est également difficile à dire, dit Catherine Baud-Lavigne. On a souvent des gens dans des situations financières difficiles qui veulent absolument quand même faire un geste, même s’il est modeste.»

Des milliards de francs

«Bref on ne sait jamais vraiment à l’avance comment les choses vont tourner», résume la collaboratrice de la Chaîne du Bonheur. Il faudra donc attendre la fin de la journée du 31 août pour savoir si les Suisses se seront montrés généreux avec leurs compatriotes dans la détresse.»

Selon les assureurs, les intempéries de la semaine dernière en Suisse ont provoqué des dommages qui pourraient atteindre deux milliards de francs, dont 500 millions au niveau des seuls bâtiments.

swissinfo, Olivier Pauchard

La Chaîne du Bonheur organise une Journée nationale de solidarité avec les victimes des inondations en Suisse.
Elle aura lieu le mercredi 31 août.
Pour l’heure, 6,1 millions de francs ont déjà été versés ou promis.
Les dons peuvent être faits via le site Internet de la Chaîne du Bonheur ou sur le compte postal 10-15000-6 (mention Intempérie Suisse).

– La Chaîne du Bonheur est née en 1946 à l’initiative de trois collaborateurs de l’actuelle Radio Suisse Romande.

– La Chaîne du Bonheur n’est pas à proprement parler une œuvre d’entraide, mais un système de collecte des médias suisses chapeauté par SSR SRG idée suisse.

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