Médicament de Roche sur la sellette aux Etats-Unis
Destiné à prévenir le paludisme, le Lariam est soupçonné d'être à l'origine de meurtres en série sur une base militaire américaine en Caroline du Nord.
Le groupe suisse Roche rétorque qu’aucun lien de cause à effet n’a été prouvé.
En juin et juillet, la base de Fort Bragg a été le théâtre d’une série de violences sanglantes. Selon les enquêteurs, quatre soldats ont tué leurs épouses. Deux d’entre eux se sont suicidés par la suite. Deux autres ont été arrêtés et inculpés de meurtre.
Trois des quatre militaires impliqués dans la tuerie revenaient d’Afghanistan, un pays où sévit le paludisme. Et, pour les enquêteurs, il est très probable que les trois hommes ont pris du Lariam.
Motif? L’armée américaine oblige son personnel déployé dans les zones de malaria à suivre un traitement préventif fondé sur la prise hebdomadaire du médicament de Roche.
Les effets secondaires du Lariam
Or, le Lariam – dont l’ingrédient actif est la méfloquine – est soupçonné depuis très longtemps d’avoir des effets secondaires de type neuropsychiatrique.
D’ailleurs, sur son site Internet, Roche reconnaît que ce médicament peut causer des effets secondaires «allant de l’anxiété, la paranoïa et la dépression à des hallucinations et des comportements psychotiques».
Le groupe pharmaceutique admet aussi que «ces symptômes paraissent continuer bien après la fin du traitement à la méfloquine». Néanmoins, Roche affirme que «aucun lien avec la prise du médicament n’a été confirmé».
Par ailleurs, le porte-parole de la filiale américaine de Roche, rappelle que «aucun médicament n’est complètement dénué d’effets indésirables, y compris la catégorie des anti-malaria tels que le Lariam». Il souligne toutefois que « le Lariam n’est pas associé à des comportements violents et criminels».
Une équipe d’épidémiologistes enquête
L’armée américaine veut en avoir le coeur net. Elle envisage en effet d’envoyer une équipe d’épidémiologistes à Fort Bragg le mois prochain, pour déterminer si le Lariam a joué un rôle dans les meurtres en série.
Et s’il faut, le cas échéant, renoncer à ce médicament au profit d’un autre tel que le Malarone. Qui, selon des études approuvées par la Food and Drug Administration, aurait moins d’effets secondaires.
L’incidence de symptômes neuropsychiatriques chez les sujets prenant ce médicament fabriqué par GlaxoSmithKline serait inférieure de 15% à celle qui est constatée chez les individus traités avec le Lariam.
De son côté, l’Organisation Mondiale de la Santé estime que, sur les millions de voyageurs qui prennent des médicaments à base de méfloquine, l’incidence de graves effets secondaires oscille entre 1 pour 6000 et 1 pour 10.000.
swissinfo/Marie-Christine Bonzom
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