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Mauro Dell’Ambrogio, une carrière au pas de charge

Mauro Dell'Ambrogio, secrétaire d'Etat pour l'éducation et la recherche ti-press

Depuis le 1er janvier, ce Tessinois est le nouveau secrétaire d'Etat pour l'éducation et la recherche. Un des rares italophones au sommet de l'administration fédérale.

Mauro Dell’Ambrogio assume ce nouveau et important défi national avec une motivation aussi grande que sa détermination. Interview.

swissinfo: Durant votre carrière, vous avez vécu des expériences très diverses: amour des défi ou peur de vous ennuyer?

Mauro Dell’Ambrogio: Dans mes diverses activités, j’ai toujours cherché le plaisir de construire quelque chose, de contribuer au développement et à la consolidation de projets pour les laisser ensuite fonctionner sans moi. J’ai toujours cherché à éviter le piège de la routine, de rester prisonnier de ce que j’ai construit, de ne plus m’y ajuster et de lui nuire par commodité.

Il m’a toujours semblé naturel de céder la place à quelqu’un de plus jeune, et peut-être de meilleur que moi, pour poursuivre le travail. J’ai aussi besoin de me remettre en question et ceci a certainement influencé mon parcours.

swissinfo: Vous êtes toujours aux commandes et à des postes à responsabilité. Aimez-vous donner des ordres? Quel est votre style de direction?

M. D. A.: J’ai commencé très tôt à avoir des responsabilités. Mais je n’ai jamais conçu ma carrière en termes d’ascension verticale, mais plutôt comme un parcours horizontal. Faire carrière signifie apprendre quelque chose de nouveau et non pas grimper les échelons pour atteindre le sommet de quelque chose que je connais déjà.

Une fois, on m’a demandé si je préférais être craint ou aimé. Je n’ai jamais trouvé la réponse: je veux peut-être un peu les deux, comme dans l’éducation. La capacité de commander – le terme n’est pas très moderne – est une qualité à mettre à disposition des autres pour atteindre le but collectivement.

Ce qui donne le plus de satisfaction, c’est d’atteindre un objectif commun que je partage avec mes collaborateurs. Mais pour cela, il faut une unité de conduite et une discipline qui ne sont possibles qu’à travers l’autorité, mais pensée comme une prise de responsabilité.

swissinfo: Quelle a été l’importance de votre expérience à la tête de la police cantonale?

M. D. A.: Elle a été fondamentale. D’un jour à l’autre, on se retrouve en première page des journaux comme un vilain méchant, et on apprend donc à prendre la distance nécessaire pour distinguer entre les faits et les commentaires.

Parfois, on est seul face aux décisions importantes, mais ces expériences sont très formatrices. On se fabrique une sorte de peau de crocodile. Qui, ensuite, protège des pressions injustifiées. Avec le temps, on apprend à naviguer en pleine tempête en tenant solidement le gouvernail.

swissinfo: Quelle est l’atout de la Suisse, en matière de compétitivité?

M. D. A.: Il faut trouver un équilibre délicat entre la sauvegarde de la diversité régionale intérieure – qui impose un système hétérogène – et la nécessité de concentrer les moyens et les priorités pour faire face à une concurrence internationale toujours plus dure.

En matière de recherche scientifique, par exemple, saupoudrer les crédits pour donner du travail à tout le monde, ou tout concentrer sur quelques points compétitifs sur le plan international, sont deux extrêmes que la Suisse ne peut se permettre. Le succès de la Suisse s’est fait, presque miraculeusement, sur la recherche de l’équilibre entre le respect des particularités locales et la capacité de se montrer compétitive au niveau global.

swissinfo: Les ressources et les investissements vous semblent-ils suffisants?

M. D. A.: Ici aussi, tout se joue sur le fil du rasoir. Trop de ressources endorment, empêchent les changements structurels et impliquent des gaspillages. D’autre part, il est difficile de faire la somme des désirs et de présenter ensuite la facture aux contribuables. Il faut donc faire des choix et des sacrifices, même douloureux.

Ma nouvelle fonction implique la responsabilité de veiller à ce que les moyens mis à disposition de la formation et de la recherche soient investis de la meilleure manière possible, plutôt que de pleurer pour en obtenir toujours plus. Evidemment, je ne suis pas seul à porter cette responsabilité: en Suisse, les processus de décision sont particulièrement complexes.

swissinfo: Vous êtes un des rares Tessinois présents au sommet de l’administration fédérale. Avez-vous le sentiment d’être le représentant d’une minorité?

M. D. A.: Je dois servir les intérêts de la Confédération comme n’importe quel fonctionnaire fédéral. Si je réussis, je pourrai aussi contribuer à renforcer l’image des Tessinois comme des gens capables d’assumer des tâches d’importance nationale.

D’autre part, l’inconvénient découlant de l’appartenance à une minorité ne suppose pas qu’il faille se reposer sur les autres pour résoudre les problèmes et les devoirs. Les Tessinois doivent agir et non pleurer ou se borner à de simples revendications.

swissinfo: Vous êtes père de sept enfants. C’est un rôle difficile?

M. D. A.: Les enfants donnent des satisfactions et des soucis, c’est dans la nature des choses. En général, je ne pense pas être un père différent des autres pères de ma génération. En cela, nous sommes tous enfants de notre époque. Le rôle de parent est conditionné par le contexte culturel, les influences de la société. Nous devons accepter sans dramatiser exagérément ce que nous réussissons à faire ou à ne pas faire pour nos enfants. Chacun est l’auteur de ses succès ou de ses insuccès dans la vie, même nos enfants. Cela aide plus d’un à l’accepter.

swissinfo: Vous êtes triste de quitter le Tessin?

M. D. A.: Un peu, oui. C’est une étape qui me coûtera, côté nostalgie, mais j’aurai beaucoup à faire et à penser. Je laisse volontiers de côté les inimitiés, les rivalités, les incompréhensions, les zélotes. Je porte en moi les bons souvenirs et les expériences que je désire mettre au service d’un cercle plus large de personnes et d’intérêts. Une compagnie qui, ajoutée à celle de ma femme, suffira à me soutenir.

Interview swissinfo: Françoise Gehring, Lugano
(Traduction de l’italien: Isabelle Eichenberger)

Né en 1953, il étudie le droit à Zurich, où il passe un doctorat en philosophie du droit. Puis il obtient un brevet d’avocat et notaire.

Nommé préfet du district de Bellinzona à 25 ans, il devient commandant de la police cantonale cinq ans plus tard. Il ouvre notamment les portes de la police aux femmes.

En 1993, il devient secrétaire général du Département de l’instruction publique et de la culture du Tessin. Il élabore notamment les bases juridiques de la création puis de la structure opérationnelle de l’Université de la Suisse italienne (USI), dont il devient secrétaire général pendant les trois premières années.

De 1999 à 2003, il travaille dans le secteur privé en prenant la direction d’un groupe hospitalier international. Puis il revient au secteur public avec la direction de la Haute Ecole de la Suisse italienne (SUPSI).

De 1992 à 2004, il est syndic de Giubiasco et, de 1999 à 2007, comme en 1979, membre du Grand Conseil (parlement) tessinois. Il est aussi colonel à l’état major général. Il est marié à Barbara Balestra et est père de 7 enfants.

Compte tenu de l’importance stratégique de la formation, de la recherche et de l’innovation (FRI) pour le développement de la société et la prospérité économique de la Suisse, la Confédération entend augmenter ses crédits.

Durant sa session d’automne, le Parlement fédéral a approuvé, lors du débat sur le Message gouvernemental sur le FRI, un budget de 20,109 milliards de francs pour la période 2008-2011.

Si l’on considère aussi les moyens consacrés à la coopération en matière de recherche avec l’Union européenne, approuvés en décembre 2006 par le Parlement, les ressources consacrées par la Confédération au domaine FRI pour 2008-2011 totalisent 21,310 milliards de francs.

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