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Mauvaises nouvelles sur le front du climat

Observé régulièrement depuis 1856, le galcier d'Aletsch perd désormais entre 20 et 30 mètres par année. Keystone Archive

Les changements climatiques vont s'accélérer, leurs conséquences pourraient être ici et là irrémédiables, on commence déjà à en mesurer les effets. Bref il n'y a guère de bonnes nouvelles dans le rapport adopté à Genève par des experts venus du monde entier.

C’est la troisième fois, en dix ans, que le GIEC, «Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat», propose ce genre d’évaluation. Le millier de pages que compte ce rapport intitulé «Changement climatique 2001, impacts, adaptation et vulnérabilité» a été rédigé avec la participation de plus de 400 spécialistes du monde entier.

Les représentants d’une centaine de gouvernements, réunis la semaine dernière à Genève, avaient à leur tour pour tâche d’endosser cet inventaire des connaissances sur les changements climatiques et leurs impacts. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on n’y trouve pas la moindre bonne nouvelle.

Les scientifiques avaient déjà noté que la température moyenne à la surface du globe avait augmenté de 0,6 degrés centigrades pendant le 20e siècle. D’ici 2100, cette poussée de fièvre devrait se situer entre 1,4 et 5,8 degrés centigrades. Ce qui, selon leurs projections, se traduirait par une montée du niveau de la mer estimée entre 9 et 88 centimètres.

Cela signifie entre autres que certains systèmes naturels vont subir des dommages irrémédiables. Leur vulnérabilité tient au fait qu’ils n’ont pas la capacité de suivre l’accélération actuelle des changements climatiques. Les espèces végétales et animales les plus vulnérables sont dès lors menacées de disparition.

Ce réchauffement climatique aura bien évidemment d’énormes conséquences aussi pour l’homme, en particulier dans les régions tropicales: diminution des ressources en eau et du potentiel agricole, augmentation de maladies comme la malaria ou le choléra.

On se méfie généralement des prophètes de malheur. De précédents rapports sur le même thème sont passés au feu de la critique ou ont été simplement ignorés. La question se pose de la confiance dont on peut créditer cette nouvelle version pessimiste du devenir planétaire.

«La crédibilité de ce travail n’est pas à mettre en doute, nous dit José Romero, docteur en physique et spécialiste attitré de l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage. C’est un processus ouvert et transparent auquel participent tous les experts mondiaux.»

En résumé, «les modèles climatiques qui prédisent ce qui pourrait se passer dans le cas où la température continuerait à augmenter pointent vers une recrudescence des phénomènes météorologiques extrêmes.»

On aurait donc toutes les raisons de prendre au sérieux les menaces qui figurent dans cet inventaire. La fonte de la calotte polaire et la disparition du Gulf Stream qui amène de la chaleur au nord de l’Europe seraient des événements irréversibles.

Mais les tendances qui semblent planétairement évidentes aux experts quand ils mettent en corrélation une multitude de relevés climatiques locaux ou régionaux sont plus difficiles à extrapoler dans un espace aussi étroit que celui de la Suisse.

On peut facilement vérifier le rétrécissement des glaciers. Beaucoup plus risqué serait de prétendre que de récentes catastrophes comme l’ouragan Lothar ou les crues subites qu’ont connu le Valais et le Tessin sont uniquement dues au réchauffement climatique.

A partir du moment où l’on dit aussi que la cause essentielle des changements climatiques est à rechercher dans les activités humaines, ces constats appellent des politiques concertées. On pense aux gaz à effets de serre et à la déforestation tropicale.

La semaine prochaine, à Accra au Ghana, le GIEC procédera au dernier acte de cette troisième évaluation. Après le diagnostic scientifique, après l’analyse des impacts possibles, place aux réponses stratégiques. Les spécialistes ont quelques bonnes idées sur la question.

Mais les experts proposent et les gouvernants décident. On a pu le vérifier à la dernière Conférence de La Haye: l’élan des volontés politiques y a paru inversement proportionnel à la rapidité du réchauffement planétaire. Peut-être ont-ils leurs raisons d’attendre que le ciel leur tombe sur la tête.

Bernard Weissbrodt

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