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Pleins feux sur la menace sismique

La carte des régions sismiques en Suisse. earthquake.ethz.ch

A travers la tenue à Genève de la 1re «Conférence européenne sur le Génie Parasismique et la Sismologie», la Suisse veut souligner un vrai danger qui pèse sur nos régions.

Cette rencontre qui a débuté lundi est la première du genre en Europe. Elle réunit pendant cinq jours plus de 1000 spécialistes.

Selon le Service sismologique suisse (SED), plus de 10’000 tremblements de terre sont survenus en Suisse au cours des 800 dernières années. Six d’entre eux – tous en Valais, au cours de ces 150 dernières années – ont dépassé les six degrés sur l’échelle de Richter. Et, selon les experts, il est certain que le phénomène se reproduira.

Il y a deux ans, le SED a signalé que la Suisse, située sur le bord de la plaque tectonique eurasienne, doit envisager d’être frappée un jour par un séisme d’une magnitude de 7,5. Une catastrophe qui, selon les estimations, pourrait entraîner des dégâts jusqu’à 60 milliards de francs.

«Des tremblements de terre de cette magnitude ou plus modérés – 6 ou 6,5 – se sont déjà produits et se reproduiront. Nous en sommes certains. Mais nous ne savons pas quand», constate Stefan Wiedmer, chercheur au SED, basé à Zurich.

600 interventions

C’est le ministre suisse de l’Environnement, Moritz Leuenberger, qui a ouvert la conférence genevoise, laquelle comptera 600 interventions, incluant une dizaine de thèmes-phares, allant de la sécurité des barrages aux systèmes d’alarme en passant par la construction dans les zones sismiques.

«Nous ne pouvons pas éviter un tremblement de terre, mais nous pouvons minimiser ses effets, réduire son impact sur la population, ainsi que ses coûts», a notamment déclaré M. Leuenberger.

Le ministre a plaidé en faveur d’un système d’assurances contre ce genre de catastrophes naturelles. Une partie des primes collectées pourrait financer les efforts de prévention pour se protéger des séismes.

M. Leuenberger souhaite en outre que la Suisse et les autres pays européens dressent des inventaires de la sécurité de leurs constructions et tout spécialement de leurs infrastructures critiques, comme les hôpitaux, le réseau de distribution d’énergie, les casernes de pompiers, les barrages ou les centrales nucléaires.

Des nouvelles mesures

Une nouvelle carte des zones à risque a été publiée il y a deux ans, les normes antisismiques pour la construction de bâtiments ont été renforcées en 1989 et en 2004, et l’idée de rendre l’assurance contre les tremblements de terre obligatoire pour tous les bâtiments a déjà été discutée.

Un inventaire de la sécurité parasismique des bâtiments fédéraux a été amorcé en 2000 et un programme a été lancé pour améliorer ceux qui ne répondent pas aux normes. L’office de l’Environnement signale qu’environ un tiers des cantons suisses se sont lancés dans une démarche similaire.

Pourtant, Olivier Lateltin insiste sur le fait que la menace n’est toujours pas prise assez au sérieux. Selon lui, la prise en compte des nouvelles normes par les architectes et les ingénieurs reste «un gros problème».

Un bâtiment sur cinq

«Plus de 90% des bâtiments existants ont été construits avant que les nouvelles normes de constructions ne soient adoptées, en 1989», constate-t-il. «Je ne dis pas que ces bâtiments ne sont pas sûrs, mais nous ignorons quel est leur degré de sécurité en cas de séisme d’une magnitude allant de 6 à 6,5 degrés sur l’échelle de Richter. D’après l’expérience de nos collègues étrangers, nous savons qu’un bâtiment sur cinq pourrait connaître des problèmes».

L’office de l’Environnement s’est désormais donné comme priorité de réveiller les consciences sur la question. Il s’est d’ailleurs procuré un simulateur mobile de séismes, qui va prochainement faire le tour du pays.

swissinfo, Adam Beaumont
(Traduction swissinfo)

– La menace sismique en Suisse est considérée comme modérée à moyenne. Les zones les plus exposées sont le Valais, Bâle, la vallée du Rhin à St-Gall et dans les Grisons.

– Située au centre de l’Europe, la Suisse se trouve sur le bord de la plaque tectonique eurasienne. La limite de cette plaque – et donc la zone de frottement avec la plaque tectonique africaine – suit la ligne des Alpes.

– Bâle est située au cœur du rift du «Fossé rhénan», crevasse qui s’est ouverte dans la croûte terrestre il y a 30 millions d’années, quand le continent eurasien s’est fracturé le long d’une ligne allant de la Mer du Nord à la Suisse.

– Un tremblement de terre important pourrait déclencher des raz-de-marée provoqués par des éboulements dans les lacs du pays.

En mai 2006, un tremblement de terre de 6,3 degrés sur l’Echelle de Richter a fait 6000 victimes à Java, en Indonésie.

En octobre 2005, un séisme de 7,6 a causé la mort de 75.000 personnes au Pakistan et dans la région indienne du Cachemire.

Le tremblement de terre du 26 décembre 2004 dans l’Océan Indien avait une magnitude de 9,15. Les tsunamis qu’il a engendrés ont tué 220.000 personnes.

En Suisse, le tremblement de terre le plus dévastateur s’est produit en 1356 à Bâle. D’une magnitude de 6,9, il a fait s’écrouler des dizaines de châteaux et entraîné un incendie qui a réduit Bâle en cendres.

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