Pour des médicaments moins chers
En Suisse, les médicaments coûtent près d’un tiers plus cher que dans les pays voisins, selon une étude de santésuisse.
L’association faîtière des assureurs-maladie demande au gouvernement de prendre rapidement des mesures pour corriger cette différence chiffrée à 600 millions de francs par année.
L’étude présentée mercredi à Zurich par santésuisse rejoint les conclusions de l’enquête publiée en mars dernier par Rudolf Strahm, le surveillant des prix de la Confédération.
Santésuisse démontre en effet que les 100 médicaments qui génèrent le plus gros chiffre d’affaires en Suisse sont vendus jusqu’à un tiers plus cher sur sol helvétique que dans les pays européens.
Les prix d’usine sont inférieurs de 34% en Autriche, de 30% en Italie, de 27% en France, de 26% en Belgique et de 15% en Allemagne.
Les disparités sont encore plus flagrantes si l’on compare les prix publics de ces médicaments, soit le prix d’usine majoré d’une marge couvrant les frais de distribution mais hors TVA, forfaits, rabais et taxes. Là, les différences de prix oscillent entre 18% et 38%.
Pour santésuisse, la comparaison internationale montre qu’il est possible de réaliser des économies considérables dans le domaine des médicaments.
Pression sur les pharma
«Jusqu’à aujourd’hui, l’industrie pharmaceutique a été protégée. Elle doit désormais apporter sa contribution à la baisse des coûts de la santé», déclare le député UDC (droite dure) Christoffel Brändli.
Aux yeux du président de santésuisse, cette contribution est d’autant plus urgente que les prix des médicaments n’ont cessé de grimper ces dernières années. Et ce alors que le volume des emballages est resté stable.
Selon l’organisation, c’est bien la preuve que la croissance des coûts à la charge des assureurs dans le domaine des médicaments – en quatre ans, la facture a bondi d’un tiers à 3,9 milliards – est bel et bien le fait des prix.
Une baisse massive
En conséquence, santésuisse estime possible de baisser de 25% au moins les prix des médicaments dont le brevet est échu et de 15% les préparations encore sous brevet. «Cette baisse généralisée au niveau des prix européens permettrait d’économiser 600 millions de francs par an et de réduire de 3% le niveau moyen des primes d’assurance», souligne Marc-André Giger, directeur de santésuisse.
Raison pour laquelle, l’organe faîtier des assureurs maladie demande aux autorités de prendre rapidement les mesures qui s’imposent. Santésuisse propose notamment d’introduire un contrôle rigoureux des prix, de l’efficacité et de l’utilité des médicaments sous brevet afin de les corriger au besoin, de prendre en compte les prix pratiqués dans les pays les moins chers et de promouvoir la fabrication et la vente des génériques.
A l’heure actuelle, la part des médicaments dans les dépenses de santé des assurés s’élève à environ 25 %. Et, selon santésuisse, ces dépenses ne cessent d’augmenter.
swissinfo avec les agences
Selon santésuisse, l’Office fédéral de la santé (OFSP) doit réduire les tarifs des médicaments dont le brevet est échu de 25% au moins.
Pour les produits encore protégés, une réduction de 15 % serait appropriée.
Santésuisse propose aussi de réexaminer périodiquement le prix et l’efficacité de tous les médicaments remboursés et d’adapter leurs tarifs si nécessaire.
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