Rencontres américano-suisses du 3e type
Les leaders suisses de la science de l'infiniment petit concluent une tournée dans trois des grands pôles américains de la nanotechnologie.
Cette année, la 2e édition du Nanotech Roadshow a fait halte à San Francisco, Los Angeles et Boston.
Rappelons d’emblée que ces rencontres ont été lancées à l’initiative de Location Switzerland, du Swiss Business Hub USA et de SHARE (la Maison Suisse de Boston pour la Recherche et l’Enseignement de Pointe).
Rappelons aussi que la nanotechnologie, c’est la sphère des applications de la science de l’infiniment petit. «C’est la possibilité de travailler à la dimension du nanomètre et de créer des processus industriels à l’échelle de la molécule ou du gène», explique à swissinfo Pascal Marmier, conseiller de SHARE à Boston.
Aux confins de la science-fiction, la nanotechnologie pourrait ainsi envoyer un jour une caméra miniature voyager à l’intérieur du corps humain en temps réel. Cela dit, des produits à base de nanotechnologie sont déjà disponibles sur le marché.
Il s’agit, en l’occurrence, de crèmes solaires qui filtrent non seulement les U.V.B mais aussi les U.V.A; de lotions anti-bactériennes aux propriétés renforcées; de matériaux composites qui habillent les nouveaux mini-vans de General Motors plus légèrement mais tout aussi solidement que les plastiques traditionnels; et de peintures pour automobiles.
Une révolution qui a commencé en Suisse
«La nanotechnologie est une révolution», confie à swissinfo Jeff Lockwood, qui dirige l’initiative de nanotechnologie lancée en janvier par l’agence de développement économique de l’Etat du Massachusetts, l’un des partenaires du Nanotech Roadshow.
Jeff Lockwood sait de quoi il parle, puisque l’Institut de Technologie du Massachusetts (MIT) a reçu un contrat de 50 millions de dollars du Département américain de la Défense pour créer l’uniforme militaire de demain.
Cet uniforme-là devra «dialoguer» avec l’arrière pour localiser le soldat qui le porte. Et il devra permettre au camouflage de protection de ce soldat de changer en fonction de l’environnement…
Cette révolution a véritablement commencé en Suisse, plus précisément au laboratoire d’IBM à Zurich, où le premier microscope électronique fut mis au point au début des années 80. D’ailleurs, l’un des pionniers de l’infiniment petit fait partie de la délégation suisse en tournée aux Etats-Unis jusqu’à vendredi.
Les Américains ont une longueur d’avance
Impliqué dans le secteur depuis 25 ans au labo d’IBM et à l’université de Bâle, le professeur Christoph Gerber estime que les Suisses, et les Européens en général, peuvent apprendre des Américains, non seulement sur le plan de la science, mais aussi et surtout, sur la rapidité avec laquelle ils vont de l’expérimentation à la commercialisation.
«Les Américains ont toujours une longueur d’avance dans la prise de risques tandis que les Européens sont plus prudents, lance M. Gerber à swissinfo, lors de l’étape de la délégation à San Franscisco. La Silicon Valley est l’environnement parfait pour cela.»
La rapidité du développement de la nanotechnologie rend la communication essentielle entre scientifiques et entreprises. «Le partage d’informations est vital dans ce secteur», affirme ainsi le directeur de l’initiative de nanotechnologie du Massachusetts.
«Les choses vont si vite et certaines des choses qui se passent en Suisse sont très en pointe», explique M. Lockwood qui a rencontré la délégation lors de son étape à Boston jeudi et vendredi.
Faciliter les échanges et les partenariats
Le Nanotech Roadshow essaie de répondre à cet impératif de communication. Avec un budget d’environ 100 000 dollars cette année, il vise à faciliter les échanges et les partenariats entre la Suisse et les Etats-Unis.
Depuis la première édition l’an dernier, la possibilité d’un accord entre un institut de recherche suisse et un partenaire américain s’est précisée. Pascal Marmier de SHARE indique que les négociations sont «avancées», mais il se refuse à fournir plus détails.
Pour M. Marmier, le Roadshow donne des «résultats prometteurs». Et d’évoquer en particulier la perspective d’un accord de coopération avec Northeastern University à Boston et la prise de contact avec le MIT et Harvard.
«Aux Etats-Unis, conclut-il, les gens associent de plus en plus la Suisse à la nanotechnologie»
swissinfo, Marie-Christine Bonzom, Washington
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