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SIDA: Roche partage son savoir-faire avec l’Afrique

En Afrique, le sida fait un nombre énorme d'orphelins. Keystone

Le géant pharmaceutique suisse Roche donne à trois entreprises africaines les moyens de fabriquer sur place un générique de son médicament anti-VIH. D'autres devraient bientôt suivre.

En janvier, les défenseurs du développement équitable n’avaient pas caché leur scepticisme à propos de ce transfert de technologie – qui n’était alors qu’au stade de projet.

Le groupe pharmaceutique bâlois annonce vendredi ses premiers ‘transferts de technologie’ en vue d’aider les pays pauvres à fabriquer eux-mêmes du saquinavir.

Ce générique anti-VIH est recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans les pays aux ressources limitées, où vivent plus de 60% des personnes touchées par le sida à l’échelle mondiale (40 millions de personnes). La grande majorité de ces pays se trouvent en Afrique noire.

Afrique du Sud et Kenya

Les trois premières compagnies concernées se trouvent en Afrique du Sud (Aspen) et au Kenya (Cosmos et Universal). Ce sont les premiers exemples concrets du plan annoncé au mois de janvier de cette année par l’entreprise Roche.

22 autres compagnies de 14 autres pays dont le Kenya, le Ghana, le Zimbabwae et le Nigeria sont intéressés par ce programme de transfert gratuit de connaissances.

Pour ses premiers essais, Roche a mis sur pied une équipe de spécialistes, dont certains membres seront basés en Afrique et d’autres à Bâle.

«Avec l’annonce de cette initiative, Roche a réaffirmé son engagement à innover sans cesse afin de trouver un traitement au sida tout en aidant de manière plus particulière les personnes vivant dans les pays pauvres et particulièrement touchés», relève le patron de la division pharmaceutique de Roche William M. Burns dans un communiqué.

Les fabricants locaux n’auront pas à demander de licence, étant donné que Roche s’est engagé à ne pas faire valoir ses droits sur les brevets qu’elle détient sur des médicaments anti-VIH dans ces régions du monde.

Une pure opération de marketing?

Dès son annonce, l’initiative du groupe pharmaceutique bâlois a laissé perplexe l’ONG suisse Déclaration de Berne (DB), active dans le lobbying en faveur d’un développement équitable.

Cette dernière qualifiait le projet de Roche d’«opération marketing» sur fonds de situation juridique ‘peu claire’.

Secrétaire politique de la DB en charge des questions de santé, Julien Reihnard soulignait également que la production isolée du saquinavir n’apportait pas grand chose.

Ce générique anti-VIH ne peut en effet jamais être prescrit seul. Il doit être combiné avec le ritonavir, produit par l’Américain Abbott.

Une démarche appuyée par l’OMS

Le transfert de technologie opéré par Roche trouve un soutien du côté de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

«Le Saquinavir est un produit considéré comme utile par beaucoup d’experts internationaux. Et Roche va au-delà de la simple cession volontaire de licences en s’engageant technologiquement», note Peter Graaf, responsable des médicaments contre le Sida au département HIV de l’OMS.

«Cela ne signifie pas que tous les problèmes sont résolus, précise Peter Graaf à swissinfo. Les entreprises concernées doivent maintenant produire les médicaments. Il faudra voir à quel niveau de prix elles les facturent. Ces produits devront aussi être soumis à l’OMS pour être testés – une procédure qui doit permettre d’assurer leur qualité à leur arrivée sur le marché.»

swissinfo et les agences

– Le groupe Roche, basé à Bâle, figure parmi les trois leaders mondiaux de l’industrie pharmaceutique.

– Il emploie près de 65’000 personnes dans plus de 150 pays.

– Sa nouvelle offre pour aider les Etats les plus pauvres à produire du saquinavir s’applique à une soixantaine de pays, dont la grande majorité en Afrique noire.

Le saquinavir, vendu sous le nom d’Invirase, est un inhibiteur de la protéase du virus HIV, responsable du sida.
Son action est d’empêcher le virus de se reproduire
Il s’agit d’un traitement dit «de deuxième intention», recommandé par l’Organisation mondiale de la santé pour les patients infectés par le HIV.
Cela signifie que le saquinavir, comme les autres inhibiteurs de la protéase, est prescrit en combinaison avec d’autres médicaments, dans un «cocktail» qui sert à réduire la quantité de virus dans l’organisme.

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