Testé positif, Tyler Hamilton est suspendu
Testé positif lors de deux contrôles antidopages, le leader américain de Phonak, unique formation suisse cycliste de première division, se voit provisoirement suspendu par son équipe
Le champion olympique du contre-la-montre se dit innocent et attend les résultats de la contre-expertise.
«Nous avions besoin d’un nom et nous l’avons». L’été dernier, au moment de signer avec Tyler Hamilton, le PDG de Phonak Andy Rihs laissait éclater sa joie.
Son nouveau poulain lui ouvrait les portes du Tour de France et, du même coup, celles du marché américain pour ses produits auditifs.
Presque un an jour pour jour plus tard, la déconvenue est proportionnelle aux espoirs que la formation helvétique avait placé en l’Américain, dont le nom risque aujourd’hui d’être associé à jamais au dopage.
Reste toutefois à attendre les résultats de la contre-expertise qui devraient tomber mercredi, mais dont la publication immédiate n’est pas certaine.
En attendant, l’équipe annonce mercredi sur son site Internet avoir suspendu provisoirement son porte-drapeau. «Si Hamilton n’est pas en mesure de prouver son innocence, alors son contrat sera résilié avec effet immédiat» ajoute le communiqué.
«Mais jusqu’ici, comme nous ne sommes pas certains à 100% qu’il soit coupable de manipulation, nous le croyons», explique Andy Rihs.
Une défense sans concession
Tyler Hamilton, qui risque de se voir retirer sa médaille d’or s’il est reconnu coupable, se déclara à «100% innocent. (…) Il doit y avoir eu de la manipulation».
Lors d’une conférence de presse mardi soir, il a ajouté vouloir se défendre contre cette accusation de dopage «jusqu’à ce que je n’aie plus un euro en poche».
«Cette affaire me fait l’effet d’un coup de tonnerre, affirme le cycliste. Je suis brisé d’être ici ce soir. Ma famille, mon équipe et mes amis le sont tout autant».
Son patron Andy Rihs annonce pour sa part qu’il appuiera son coureur dans toutes ses démarches.
C’est le 19 août au cours des JO d’Athènes que l’Américain a subi un premier contrôle. Un second a été effectué le 11 septembre, à l’issue de sa victoire dans le premier contre-la-montre du Tour d’Espagne.
Il s’agit, en l’occurrence, des premiers tests sanguins positifs dans l’histoire de la lutte antidopage.
Une transfusion homologue
«Une première, confirme Martial Saugy à swissinfo. Jusque-là, les contrôles se pratiquaient uniquement sur des prélèvements d’urine.»
«Dans le cas Hamilton, dit le responsable du laboratoire suisse d’analyse du dopage, nous sommes probablement en présence d’une transfusion homologue.» Reste à savoir de quoi il s’agit.
Une méthode récemment mise au point par des scientifiques australiens et utilisée par l’Union cycliste internationale (UCI) permet d’identifier de petites populations de cellules antigéniques distinctes.
Dès lors qu’il y a présence de deux populations de globules rouges différentes dans le sang prélevé chez un athlète, il est possible de déterminer avec certitude qu’une transfusion de sang d’une tierce personne (compatible) a été effectuée.
Une méthode ancienne
«Cette méthode, poursuit Martial Saugy, ne date pas d’aujourd’hui. On en a beaucoup parlé dans les années 80 avant la montée en puissance de l’EPO.»
Et le responsable du laboratoire suisse d’analyse du dopage de préciser: «Quelques coureurs se sont tournés vers cette ancienne technique qui, comme l’EPO, permet d’augmenter le pouvoir d’oxygénation et donc le rendement de l’athlète».
Parmi les risques liés à ces pratiques, les experts évoquent la surcharge du cœur et de la circulation sanguine, l’hypertension et les thromboses, ainsi que les réactions d’intolérance, d’allergies, ou la possibilité de maladies infectieuses dans le cas des transfusions homologues.
Coup dur pour Phonak
Reste à savoir maintenant comment l’équipe Phonak pourra faire face à ce nouveau coup de tonnerre.
En effet, Tyler Hamilton, qui a enlevé les deux dernières éditions du Tour de Romandie, est le deuxième coureur de la formation suisse à subir un contrôle positif cet été, après Oscar Camenzind.
Le Schwytzois, âgé comme l’Américain de 33 ans, avait été testé positif à l’EPO juste avant les Jeux olympiques et avait vu aussitôt son contrat résilié par Phonak. Camenzind, qui a annoncé sa retraite depuis, avait en outre été suspendu deux ans.
Après son abandon lors du dernier Tour de France à causes de douleurs dorsales, Tyler Hamilton avait sauvé sa saison en s’adjugeant le titre olympique du contre-la-montre à Athènes, offrant à Phonak son plus grand succès.
swissinfo avec les agences
– Tyler Hamilton est né le 1er mars 1971 à Marblehead (Massachusetts).
– Il fait ses débuts professionnels chez Montgomery Belle en 1995.
– En 1996, il passe chez US Postal, puis en 2002 chez CSC Tiscali, l’équipe danoise de Bjarne Riis.
– A son palmarès (une vingtaine de succès) on relève le Tour du Danemark en 1999; le Dauphiné, assorti de deux victoires d’étape (Mont Ventoux, Divonne-les-Bains) en 2000; 2e du Giro avec une victoire d’étape, le contre-la-montre de Numana en 2002; Liège-Bastogne-Liège, le Tour de Romandie et la médaille olympique du contre-la-montre.
– L’Américain a participé à huit Tours de France. Et son nouveau contrat chez Phonak portait sur deux ans.
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