Un biologiste reçoit le Prix Latsis
Doté de 100'000 francs, le Prix Latsis 2006 revient au professeur de biologie moléculaire Michael Hengartner, de l'Université de Zurich.
Le prix est l’une des distinctions scientifiques les plus prestigieuses de Suisse.
Sur mandat de la Fondation Latsis à Genève, le Fonds national suisse (FNS) récompense chaque année un chercheur de moins de 40 ans établi en Suisse pour ses travaux scientifiques.
«Vous avez parcouru le chemin qui mène du vermisseau à l’homme, mais bien des choses en vous relèvent encore du vermisseau.» C’est avec cette citation tirée du Zarathoustra de Nietzsche que le site Internet du laboratoire de recherche dirigé par Michael Hengartner accueille ses visiteurs.
Les travaux de recherche de ce professeur de biologie moléculaire suisso-canadien se concentrent en effet sur un tout petit ver, le Caenorhabditis elegans. Ce nématode est doté de propriétés qui lui ont assuré une place toute particulière en biologie cellulaire.
Le C. elegans est un organisme modèle (comme la drosophile ou le poisson-zèbre), c’est-à-dire un organisme sur lequel il est possible d’étudier de manière exemplaire les processus de la machinerie cellulaire, notamment lorsque ces derniers jouent un rôle dans certaines maladies chez l’homme.
Pour mieux comprendre la mort cellulaire
Pour les scientifiques spécialisés en biologie de l’évolution, notamment, C. elegans est d’une valeur inestimable. Chez lui, chaque phase de développement se fait à une régularité d’horloge. Chaque individu développe très exactement 959 cellules et chacune de ces cellules remplit une fonction précise.
Michael Hengartner, âgé aujourd’hui de 40 ans, a consacré les vingt dernières années de sa vie à l’étude du C. elegans. Il étudie l’apoptose, c’est-à-dire la mort cellulaire programmée.
Car chez ce ver le suicide cellulaire se déroule aussi en suivant un schéma strict et précis: au cours de sa vie, 131 cellules exactement meurent par apoptose. Or il s’est avéré qu’il existe d’importants parallèles entre les mécanismes qui contrôlent la mort cellulaire chez le C. elegans et les processus qui se jouent dans le corps humain.
Plus
Fonds national suisse de la recherche scientifique
Un Nobel pour directeur de thèse
L’implication dans ces mêmes processus chez l’homme de certains oncogènes (gènes jouant un rôle dans le développement de cancers) a constitué par la suite une autre découverte, confirmant l’importance de cet organisme.
Robert Horvitz, le directeur de thèse de Michael Hengartner, s’est vu remettre en 2002 le Prix Nobel de médecine pour ses recherches sur la mort cellulaire programmée. Alors qu’il était encore doctorant, Michael Hengartner représentait déjà son équipe lors de divers congrès.
A 27 ans, il dirigeait son propre groupe de chercheurs à l’Institut de recherche de Cold Spring Harbor, mené par James Watson, le célèbre co-découvreur de la structure de l’ADN. Michael Hengartner est resté sept ans aux Etats-Unis. Il occupe une chaire de professeur ordinaire en biologie moléculaire à Zurich depuis 2001.
Engagé pour former la relève
Outre la recherche, Michael Hengartner attache une grande importance à la formation. Il a lancé à l’Université un programme de relève dans le domaine de la microbiologie.
Il a également contribué à mettre sur pied le projet Life Science Zurich, qui vise à établir un contact entre les Hautes écoles et les écoles secondaires pour permettre aux élèves et au corps enseignant de suivre l’évolution de la recherche. La remise du Prix aura lieu le 11 janvier 2007 au Rathaus de Berne.
swissinfo et les agences
La Fondation Latsis est privée. Elle a été fondée à Genève en 1975 par la famille grecque Latsis.
Elle attribue chaque année quatre prix académiques d’une valeur de 25’000 francs chacun. Elle décerne également un Prix Latsis national et un prix européen dotés chacun de 100’000 francs.
Depuis 1984, c’est le Fonds national suisse qui décerne le Prix Latsis national sur mandat de la Fondation Latsis.
Il n’y a pas de concours. C’est le FNS qui choisit le chercheur ou la chercheuse dont les travaux sont récompensés.
Ces vers microscopiques (10’000 tiendrait sur le plat de la main) sont des nématodes particuliers qui servent d’organismes modèles dans de nombreuses recherches en biologie moléculaire.
La plupart de leurs mécanismes vitaux sont contrôlés par des gènes similaires à ceux de l’être humain. Les biologistes espèrent que les connaissances acquises grâce à ces vers feront avancer la recherche médicale.
Hermaphrodites, ces vers n’ont pas besoin d’un partenaire pour se reproduire. Ils mettent au monde des centaines de descendants en une seule fois.
Ces vers peuvent être congelés. Une fois ramenés à température ambiante, ils reprennent alors tranquillement leur vie.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.