Un festival pour la Genève internationale
Thématique et prospectif, le Festival Médias Nord-Sud repose désormais sur une fondation.
L’un de ses membres, Metin Arditi, évoque la nouvelle ambition du festival: devenir un forum privilégié de la Genève internationale. Interview.
Après vingt ans d’existence, le Festival Média Nord-Sud se professionnalise. Son organisation repose désormais sur une fondation composée de neuf membres, dont la Télévision suisse romande, le canton et la ville de Genève, l’organisation de la Francophonie, la banque Mirabaud ou la Fondation Arditi.
Fort de ce soutien et de celui déjà ancien de l’agence suisse de coopération (DDC), le festival veut s’imposer dans l’agenda international de Genève.
Metin Arditi, président de la Fondation Arditi, évoque la spécificité de ce forum à l’écoute des pays du sud.
swissinfo: Pour quelles raisons avez- vous décidé de rejoindre la fondation?
Metin Arditi: Depuis 20 ans qu’il existe, ce festival m’a frappé par sa sincérité, sa richesse et son caractère substantiel.
Etant moi-même né dans un pays du Sud et ayant eu la chance de grandir en Suisse, je ne pouvais que répondre favorablement à la proposition que m’a faite Gilles Marchand, le directeur de la Télévision suisse romande.
swissinfo: Ce festival se réclame de l’«esprit de Genève». Pour vous, que recouvre ce label?
M.A.: C’est l’écrivain Robert de Traz qui a lancé en 1929 cette expression, dans son livre intitulé justement L’esprit de Genève.
Elle résume une grande tradition de dialogue, de partage et d’ouverture forgée tout au long de l’histoire de cette ville. Non sans humour, il distingue l’esprit de Genève de celui des Genevois volontiers querelleurs.
Ce que fait le festival Médias Nord-Sud, c’est d’adapter cet esprit au goût du jour en s’appuyant sur les moyens de communications modernes.
Cela dit, lorsqu’on veut dialoguer avec le Sud, lorsque les pays riches veulent parler aux pays pauvres, un certain nombre de conditions doivent être réunies pour que cela fonctionne. Il faut avoir des choses à se dire, avoir la volonté de les partager. Et surtout, il faut respecter son interlocuteur, voire l’aimer. Autrement dit, donner sans rien attendre en retour.
Le travail qui a été fait durant toutes ces années au sein du festival par l’Institut universitaire d’étude du développement (IUED), la coopération suisse (DDC), la TSR et Jean-Philippe Rapp s’inscrit dans cette démarche qui est tout sauf condescendante.
Car, il ne suffit pas simplement de vouloir aider un pays en détresse. L’actualité nous montre à quel genre de catastrophe cela peut conduire.
Je viens d’un pays du sud – la Turquie – qui est encore, dans une large mesure, un pays pauvre. Et, durant mon enfance, j’ai côtoyé cette misère. Or, que reste-t-il quand vous n’avez plus rien? Il reste l’honneur. Une réalité que les Etats-Unis semblent ignorer en Irak.
swissinfo: le festival pourrait-il mieux tirer parti des organisations internationales, des ONG, des missions diplomatiques installées à Genève?
M.A.: L’objectif premier du festival est de dialoguer avec le Sud.
Cela dit, beaucoup de gens s’activent déjà à rapprocher la Genève internationale du reste de la ville. Mais ces deux groupes de population fonctionnent à des rythmes très différents.
Beaucoup de gens qui travaillent dans les organisations internationales restent peu de temps à Genève. D’autres sont en déplacement constant ou ont des emplois du temps extrêmement chargés.
Viser le brassage permanent entre ces deux communautés est donc un peu naïf. Donc, plutôt qu’une structure permanente, il faut créer des projets concrets, des événements ponctuels qui font appel aux compétences de la Genève internationale et à ces réseaux. Et c’est bien ce que veut faire le festival.
swissinfo: Quelles ambitions avez-vous pour le festival?
Cette rencontre doit utiliser au mieux les talents de la Genève internationale. Mais surtout, elle doit toucher le cœur de tous les Genevois.
Interview swissinfo, Frédéric Burnand à Genève
Le budget 2004 du Festival médias Nord-Sud est de 750’000 francs.
Sa fondation est présidée par Gilles Marchand, de la Télévision suisse romande. Les autres membres sont Pierre Mottu (Fondation Hans Wilsdorf), Robert Hensler (Etat de Genève), Manuel Tornare (ville de Genève), Hervé Cassan (Francophonie), Anne-Christine Clottu-Vogel (Fondation pour l’étude du développement), Guillaume Pictet (Fondation pour Genève), Metin Arditi (Fondation Arditi) et Antonio Palma (banque Mirabaud).
Après avoir fait ses premiers pas à Istanbul, Metin Arditi débarque en Suisse à l’âge de 7 ans (1952). Suite à ces études à l’EPFL de Lausanne et à l’université de Stanford, il travaille 2 ans chez McKinsey, avant de fonder sa propre société Financière Arditi.
Etablis à Genève depuis 1972, Metin Arditi se consacre aujourd’hui à l’écriture, à l’Orchestre de la Suisse romande qu’il préside et à diverses actions dans les domaines universitaires et culturels.
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