Un rapport épingle les experts de l’ONU sur le climat
L'ONU annonce une «réforme en profondeur» du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec). Les conclusions du groupe d'experts ne sont pas en cause mais il s'agit d'éviter la répétition de certaines erreurs.
Le Giec devrait s’en tenir à des prévisions fondées sur des preuves solides et éviter de frayer dans le militantisme, conclut un rapport de l’organe créé pour le superviser.
Le Conseil interacadémique (IAC), qui regroupe des académies des sciences du monde entier, a en effet été créé pour calmer la vive polémique provoquée par le rapport 2007 du Giec.
Grosses erreurs
Un rapport affirmant par exemple à tort que les glaciers de l’Himalaya «pourraient disparaître d’ici à 2035». Il s’agissait en fait d’une erreur de transcription (il aurait fallu lire 2350) qui n’a pas été corrigée pendant des années… et que le groupe d’expert a dû admettre en janvier dernier.
Les conclusions du Giec font autorité dans les milieux politiques et forment la base des négociations internationales sur la lutte contre les changements climatiques. Il avait déjà admis auparavant une autre erreur de ce même rapport, selon laquelle 55% des Pays-Bas se trouvaient sous le niveau de la mer, au lieu de 26% selon le gouvernement de ce pays.
Ces erreurs ou approximations ont jeté le discrédit sur l’institution lors du sommet de Copenhague conclu pitoyablement, en décembre 2009, par un accord minimum et des objectifs non contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Ceux qui contestent l’idée d’une origine humaine du réchauffement climatique ont pris prétexte de ces erreurs pour contester la thèse de fond du Giec, qui a partagé le prix Nobel de la paix en 2007 avec l’ancien vice-président américain Al Gore.
Que les scientifiques s’en tiennent aux sciences
«Les probabilités qualitatives devraient être employées pour exprimer la probabilité d’un résultat précis seulement lorsqu’il y a des preuves suffisantes», relève le document de l’IAC.
Mais celui-ci ne remet pas en question les conclusions du groupe d’experts. «La méthode utilisée par le Giec pour produire ses évaluations périodiques a été dans l’ensemble couronnée de succès», soulignent les auteurs.
Ceux-ci appellent de leurs voeux une révision de la direction et souhaitent dans ce cadre la création d’un comité exécutif où siègeraient des personnalités extérieures.
Les auteurs du rapport estiment en outre qu’il faut réduire la durée maximale de douze ans du mandat du président du Giec, qui est actuellement l’Indien Rajendra Pachauri.
Riposte du président Pachauri
Ce dernier a donné une conférence de presse à Genève en réponse à ce rapport critique, saluant «un examen indépendant, exhaustif et impartial du travail du Giec».
Il a ajouté que ce dernier «peut s’améliorer et le fera», mais que les recommandations faites devront être débattues par tous les gouvernements lors d’une réunion, en octobre à Pusan (Corée du Sud).
Interrogé sur une possible démission, Rajendra Pachauri a rappelé qu’il a été élu pour six ans pour terminer la cinquième évaluation du Giec, qui doit être publiée en 2013.
Le co-président du Giec, le Suisse Thomas Stocker, a souhaité que le rapport du IAC renforce à l’avenir la confiance et la crédibilité du groupe d’experts. Ainsi, la structure du secrétariat à Genève devra être renforcée.
swissinfo.ch et les agences
Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat a été fondé en 1988 à Genève par l’Organisation météorologique mondiale et le Programme de l’ONU pour l’environnement (PNUE).
Il est organisé en trois groupes de travail aux tâches spécifiques: créer des bases scientifiques sur le changement climatique; analyser l’impact de ces changements sur la nature et l’homme; étudier une réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Les premiers travaux ont conduit la communauté internationale à adopter la Convention de l’ONU sur le climat en 1992 et le Protocole de Kyoto en 1997.
En 2007, le GIEC a partagé le prix Nobel de la paix avec l’ex-vice-président américain Al Gore.
Des allégations selon lesquelles les glaciers de l’Himalaya pourraient fondre d’ici 2035 ont fait apparaître des lacunes dans la vérification des sources.
Des scandales portant sur des fuites de courriels et sur des conflits d’intérêt ont aussi terni sa réputation.
Ceux qui contestent l’origine humaine du réchauffement
climatique ont exploité ces erreurs pour contester la thèse de fond du Giec.
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