Un sommet pour contrer les fureurs de la nature
Comment prévenir les catastrophes naturelles et limiter leur impact ? Les spécialistes - et parmi eux, des Suisses – en discutent cette semaine à Kobe.
Les discussions entre représentants de 70 pays porteront naturellement surtout sur les tsunamis d’Asie du Sud.
La Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes naturelles s’achèvera samedi. Elle a pour cadre la ville japonaise de Kobe, dévastée par un tremblement de terre en janvier 1995.
«Nous aimerions voir, dans de nombreux pays, un changement culturel dans la manière d’envisager les catastrophes», explique Marco Ferrari, chef adjoint du Corps suisse d’aide humanitaire et membre de la délégation helvétique.
«Concrètement, ce changement doit mener à intégrer les autorités fédérales et locales, les scientifiques et les assureurs au sein d’une structure légale de réduction des risques», ajoute-t-il à l’intention de swissinfo.
«Dans bien des pays, ce sera la seule voie pour pouvoir prétendre à un système de surveillance et d’alerte rapide.»
Alerte rapide
La conférence de Kobe est censée mener à l’élaboration d’une stratégie et d’un plan d’action sur dix ans, destinés à réduire les risques naturels du type tremblements de terre ou inondations.
Selon le coordinateur de l’aide d’urgence à l’ONU, ce genre d’événements touchent autant de personnes, si ce n’est davantage, que les conflits humains.
Mais contrairement aux conséquences de la violence humaine, il est souvent possible d’anticiper leur impact, rappelle Jan Egeland.
«Nous comprenons ce type de risque, explique le Norvégien. De plus, il existe des manières de préparer les individus comme les communautés à y réagir.»
Les discussions menées à Kobe devraient surtout porter sur les conditions nécessaires au redémarrage des pays et régions touchés par les tsunamis du 26 décembre (150’000 morts au moins, et 5 millions de personnes privées d’infrastructures de base).
Le sommet était prévu de longue date. Et le désastre asiatique ne fait que souligner la nécessité de systèmes d’alerte rapides et d’une préparation qui peut faire la différence entre la vie et la mort, assure de son côté Marco Ferrari.
«Les catastrophes naturelles, les tremblements de terre vont continuer à se produire, avec des résultats dramatiques, poursuit le Suisse. Mais nous espérons que la tragédie asiatique servira à démontrer qu’il était possible de prévenir tous ces morts, et qu’il faut faire quelque chose dans ce but.»
«Ce n’est pas simplement la faute des pays touchés, ajoute le délégué helvétique. Tout le monde a une part de responsabilité à assumer dans la réduction des risques. Et particulièrement la communauté internationale».
Les montagnes aussi sont dangereuses
Reste que si la vulnérabilité des îles et des régions côtières devrait dominer les débats, la Suisse compte pouvoir souligner aussi les besoins des zones de montagne.
La plate-forme nationale «Dangers naturels» (PLANAT) et la direction du développement et de la coopération (DDC) ont ainsi prévu une présentation thématique, basée sur la vaste expérience de la Suisse en matière d’avalanches ou de glissements de terrain.
Pour expliquer la politique de prévention et d’action de la Suisse, cet atelier prendra comme exemple le canton du Valais. Les dangers naturels y sont nombreux et plusieurs catastrophes majeures s’y sont produites ces dernières années.
La méthode suisse est basée sur une approche «holistique», qui fait intervenir la prévention, la réaction à l’événement et la reconstruction, aussi bien que le dialogue avec des spécialistes de l’aide et avec les populations affectées.
Un élément-clé de cet atelier sera de mettre en évidence les relations de la Suisse avec d’autres pays et l’importance du partage des informations.
«Qu’il s’agise d’avalanches, de fonte des glaciers ou d’inondations, la Suisse a beaucoup d’expériences à partager», souligne Marco Ferrari.
«Ce genre d’atelier nous permettra aussi d’apprendre des expériences des autres et de ramener des connaissances utiles au pays», ajoute le délégué suisse à la Conférence de Kobe.
swissinfo, Anna Nelson
(Traduction: Marc-André Miserez)
Le 17 janvier 1995, le tremblement de terre de Kobe a fait plus de 6400 morts et quelque 40’000 blessés.
Le tremblement de terre sous-marin survenu le 26 décembre 2004 au large de Sumatra a déclenché des raz de marée qui ont tué plus de 150’000 personnes en Asie du Sud.
Les Nations Unies veulent que le monde se dote d’un système d’alarme global pour les catastrophes naturelles et pour une possible élévation du niveau des mers due au réchauffement climatique.
– La première Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes naturelles a eu lieu à Yokohama (Japon) en mai 1994.
– Elle a permis d’élaborer des directives pour la prévention, les précautions à prendre et la diminution des risques en cas de catastrophes.
– La Conférence qui se tient cette semaine à Kobe (Japon également), permettra de faire le point sur les dix dernières années et d’élaborer un nouveau plan d’action pour la décennie 2005-2015.
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