Une plante médicinale antédiluvienne
Comptant parmi les plantes médicinales les plus anciennes du monde, le chanvre offre de nombreuses possibilités thérapeutiques.
Connu pour procurer une sensation de bien-être, le cannabis peut pourtant provoquer une dépendance psychique chez certains.
Le chanvre est une des premières plantes cultivées par l’homme. Il en utilisait les fibres pour faire des cordes et des vêtements, ainsi que les graines pour en faire de l’huile.
Selon les explications du professeur Kurt Hostettmann, les traces archéologiques les plus éloignées remontent à 8000 ans avant J.-C..
Première interdiction en 1798
Probablement originaire d’Asie centrale, le chanvre est parvenu très tôt en Europe puisque des graines de cannabis sativa ont été retrouvées dans des tombes néolithiques en Allemagne (5500 ans avant J.-C.).
Les soldats français l’ont découvert lors de la campagne d’Egypte et, depuis lors, il s’est très bien propagé en Europe, poursuit le scientifique.
Au point que Napoléon signa en 1798 sa première interdiction en Europe. Les Anglais, eux, l’ont rapportée des Indes, où elle est utilisée en médecine traditionnelle depuis la nuit des temps.
Potentiel thérapeutique
En médecine traditionnelle chinoise, le cannabis était utilisé contre les maux de tête, les migraines, les rhumatismes et bien d’autres affections. Ses propriétés antidouleur ont été très appréciées de tout temps.
Aujourd’hui, les potentialités thérapeutiques du chanvre sont nombreuses, relève le professeur Hostettmann. Ses propriétés antivomitives ont conduit au développement d’un médicament contre les nausées provoquées par la chimiothérapie anticancéreuse.
Il est également utilisé aux Etats-Unis contre l’anorexie chez les patients sidéens car il donne de l’appétit.
D’autres pistes sont explorées, par exemple pour lutter contre les souffrances des patients atteints de sclérose en plaques et augmenter leur tonus musculaire.
Les effets secondaires en cas de fortes doses limitent toutefois son application comme analgésique.
Une dizaine de sous-espèces
Le chanvre, cannabis sativa de son nom scientifique, compte une dizaine de sous-espèces et variétés plus ou moins riches en tétrahydrocannabinol (THC), la substance active.
Le THC se trouve dans toutes les parties aériennes du chanvre. Le terme de «haschisch» désigne la résine obtenue par friction des sommités florales de la plante femelle.
C’est dans ces glandes à résine que la concentration en THC est la plus élevée. La «marijuana» est le nom donné à l’herbe simplement séchée.
Outre le THC, le cannabis contient de l’acide tétrahydrocannabinolique (acide THC), non actif, qui se transforme en THC par simple chauffage. Certains échantillons sont riches en THC et pauvres en acide THC, donc très actifs, ou vice-versa.
C’est pourquoi le cannabis est le plus souvent fumé, ou chauffé en cas d’ingestion (biscuits, cakes).
Dépendance psychique
«Le chanvre ne provoque pas de dépendance physique, comme l’héroïne par exemple, même en cas d’utilisation répétée et de longue durée», explique le professeur Kurt Hostettmann.
«Une dépendance psychique peut toutefois s’installer chez certaines personnes sous la forme d’une irrésisible envie de recommencer: cela dépend des antécédents psychologiques du consommateur».
Détectable
Seules des doses très élevées de THC provoquent des hallucinations accompagnées d’anxiété, de panique, voire de syndromes délirants.
A faibles doses, il provoque chez la plupart des personnes un sentiment de bien-être ou une certaine euphorie. La perception des distances, des formes, des couleurs et des sons est modifiée, intensifiée surtout.
Le THC est éliminé par l’urine, sous forme de différents métabolites dont la présence est très facilement détectable, encore une semaine après la prise de la drogue.
Une personne qui fume trois joints par semaine sera donc contrôlée positive en permanence, même si les effets aigus se sont estompés.
D’où la difficulté d’introduire une méthode de test simple dans le trafic routier, note encore le professeur.
«Tout savoir sur les plantes qui deviennent des drogues», Prof. Kurt Hostettmann, Favre éditeur, 2002.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.