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Web suisse pour ne pas oublier Tchernobyl

Détail du site chernobyl.info www.chelnobyl.info

La Coopération suisse ouvre un portail Internet sur Tchernobyl. Objectif: stimuler l'aide aux régions touchées par la catastrophe nucléaire de 1986.

Le monde aimerait bien oublier Tchernobyl, dit Vasyl Durdynets, ministre ukrainien présent mardi à Genève à l’inauguration du site www.chernobyl.info. Hélas, plus de sept millions de gens ne peuvent se permettre ce luxe. Cette catastrophe est inscrite dans leur chair.

Inquiétude qu’une adolescente biéolorusse traduit à sa manière: «un jour, j’aurai des enfants, et je me sens responsable de la future génération, je ne peux donc pas manger n’importe quoi, ni lait ni champignons».

Message reçu cinq sur cinq à la Direction du développement et de la coopération suisse (DDC). Walter Fust, son patron, ne veut pas oublier Tchernobyl.

«Nos stratégies, dit-il, ne se fondent pas sur l’actualité dominante du quotidien, elle répondent d’abord aux besoins des hommes.»

«On n’aura pas d’excuses»

Qui veut aider a besoin d’informations fiables. D’où l’idée concoctée à Berne de lancer un site internet «neutre et indépendant». Car, explique Walter Fust, «il ne faut pas attendre que l’ultime vérité sur Tchernobyl soit connue et confirmée.»

Si Tchernobyl est tombé dans les oubliettes, c’est parce les médias ne s’intéressent plus aux conséquences, humaines surtout, de la catastrophe du 26 avril 1986.

Et parce que les rares informations qui traversent ce rideau d’indifférence sont souvent filtrées, déformées, biaisées par ceux qui ont intérêt, politique ou autre, à ne pas dire toute la vérité.

Vladimir Tsalko, président du Comité Tchernobyl de Biélorussie, en décrit un exemple concret: «pendant longtemps, on nous a caché l’existence de tumeurs de la glande thyroïde, c’est en 1995 seulement que l’OMS l’a reconnue».

La réalité, c’est que les effets de la catastrophe sont loin d’être maîtrisés. Et en particulier les effets indirects, économiques, sociaux, sanitaires, écologiques. Nombre de médecins craignent de faire de mauvaises découvertes dans les années qui viennent.

«C’est maintenant, confirme Walter Fust, que vont apparaître des séquelles imprévues dans le domaine de la santé et de la sécurité alimentaire. On n’aura pas l’excuse de dire qu’on ne savait pas. L’aide aux populations touchées par la catastrophe ne peut pas s’arrêter à mi-chemin.»

Informer, mobiliser, coordonner

Placé sous la responsabilité de la DDC qui en a eu l’initiative et co-parrainé par les Nations Unies, le site www.chernobyl.info a plusieurs ambitions. Celle d’abord de faire circuler l’information et de provoquer un débat ouvert sur des points de vue controversés.

L’ambition aussi de mobiliser les opinions, de créer de nouveaux réseaux et partenariats, de réveiller les acteurs en tous genres: humanitaires et scientifiques, politiques et économiques, et de les aider à coordonner leurs projets.

«Avec cet outil, dit encore le directeur de la DDC, nous voulons faire un manifeste contre l’oubli de Tchernobyl, d’un peuple qui continue de souffrir et des communautés qui doivent retrouver de nouvelles perspectives pour leur vie.»

Le site internet www.chernobyl.info est trilingue: allemand, anglais et russe. La DDC a décidé d’en faciliter l’accès des internautes d’Ukraine et de Russie en installant des serveurs à Kiev et à Minsk. On y trouve aussi des pages spéciales sur Igovka, un village biélorusse de la zone irradiée.

swissinfo/Bernard Weissbrodt à Genève

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