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Coronavirus: les expatriés suisses rentrent au pays pour l’éducation de leurs enfants

School campus in California with Campus closed sign in front
Une pancarte signale que le campus de l'université de Fullerton, en Californie (USA), est fermé - 17 juillet 2020. Keystone / Eugene Garcia

De nombreux parents se demandent à quoi ressemblera l'enseignement pour leurs enfants au prochain trimestre: sera-t-il virtuel ou aura-t-il lieu en classe? Combien de jours par semaine? Les choses sont claires en Suisse, où les écoles ont en grande partie rouvert en mai. C'est pourquoi certaines familles suisses vivant à l'étranger envisagent de regagner leur pays d'origine pour l'éducation de leurs enfants.

Doris S. a quitté sa Suisse natale il y a 27 ans pour se rendre aux États-Unis. Elle y a rencontré son mari et a décidé d’y rester. Aujourd’hui, ils vivent en Californie avec leurs deux enfants, âgés de 9 et 14 ans. Lorsque la pandémie de coronavirus a éclaté aux États-Unis, les écoles ont fermé et les cours ont continué en ligne. En Californie, on ne sait pas quand les établissements scolaires rouvriront et les enfants suivent des cours à distance depuis la mi-mars.

«Nous n’envisagions pas de déménager en Suisse pour l’éducation de nos enfants il y a encore deux mois environ», explique Doris. Lorsque le district scolaire local a informé les parents que le gouverneur pourrait réduire le financement des écoles et que les écoles publiques envisageaient de rester fermées pour le semestre d’automne, elle a pris le téléphone pour appeler son père en Suisse, et ils ont commencé à planifier leur déménagement pour que ses enfants puissent aller à l’école là-bas.

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Modéré par: Emilie Ridard

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De retour pour une année scolaire ou pour de bon?

Les histoires d’Anne M. et de Monica B. se ressemblent. Toutes deux ont quitté la Suisse pour les États-Unis il y a de nombreuses années et y ont fondé une famille. Comme Doris, elles envisagent depuis un certain temps de revenir en Suisse pour l’éducation de leurs enfants. Anne et Monica disent toutes deux que la pandémie de coronavirus a apporté beaucoup d’incertitude. De plus, leurs enfants se plaignent de ne pas pouvoir interagir avec leurs camarades et les cours en ligne ne sont pas très efficaces.

«Il y aura bientôt une grande réunion, et si les écoles décident de poursuivre l’enseignement à distance, je ne pense pas qu’il sera pertinent pour nous de rester ici», dit Anne. Son déménagement en Suisse ne serait pas permanent, mais plutôt pour un semestre ou un an au maximum.

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Clara G. vit au Panama avec sa fille de cinq ans. Travaillant dans le secteur du tourisme, elle est actuellement sans emploi. Comme aux États-Unis, la crise du coronavirus a entraîné un confinement strict, avec la fermeture des écoles et peu de possibilités de quitter la maison. Si Clara envisageait de rentrer en Suisse avec sa fille avant que la pandémie ne frappe le Panama, elle y pense désormais très sérieusement, afin d’offrir à son enfant une éducation suisse. Pour Clara, un déménagement serait définitif.

Comme elle, Franco C. envisage de quitter définitivement l’Indonésie, où il travaille également dans le secteur du tourisme, pour retourner dans son Tessin natal.

«Je trouve cela très difficile de décider juste maintenant de ce que je dois faire pour mon fils et son éducation», dit Franco. Âgé de 18 ans, son fils vient de terminer ses études secondaires. Franco envisage de revenir pour que le jeune homme puisse fréquenter une université suisse pendant la pandémie, avec l’intention d’y rester jusqu’à ce que ce dernier obtienne son diplôme.

Kai Reusser / swissinfo.ch

«En Suisse, tout le monde fait de la randonnée 24 heures sur 24, 7 jours sur 7»

Mais comment se passera le déménagement en Suisse pour les enfants?

«Mon fils cadet pense que tout le monde fait de la randonnée 24 heures sur 24, 7 jours sur 7», dit Doris en riant. Ses enfants, ainsi que tous ceux avec qui nous avons parlé, ne connaissent la Suisse que par les vacances et les histoires qu’on leur raconte. Ces familles espèrent que le fait d’envoyer leurs enfants dans des écoles et des universités suisses les aidera à s’immerger davantage dans la culture helvétique et à découvrir leurs racines.

En outre, ils iront à l’école dans une autre langue. A priori faisable, puisque les enfants de Doris et Monica fréquentent des écoles bilingues aux États-Unis, tandis que Clara et Franco parlent leur langue maternelle avec les leurs.  Les enfants d’Anne ont suivi un cours d’été en allemand. Toutes les familles avec lesquelles nous avons parlé envisagent d’envoyer leur progéniture à l’école publique. Pour Franco et son fils, la langue représentera un défi dans le choix de l’université.

«Mon fils parle anglais et italien, trouver une université ici avec un programme d’études dans l’une de ces langues sera difficile», estime-t-il.

Craintes et incertitudes

Alors que les autres sont encore dans la prise de décision et la planification de leur déménagement, Doris et sa famille ont agi rapidement et se sont installés en Suisse la semaine dernière. Elle a trouvé un appartement dans une ville du canton de Zurich, où elle a des amis et des parents vivant à proximité. Après les dix jours de quarantaine requisLien externe, elle continuera à organiser l’année scolaire de ses enfants.

Lorsqu’ils étaient encore aux États-Unis, les secrétariats des écoles suisses étaient fermés pour les vacances. Doris a donc décidé de venir la première, puis de contacter les établissements scolaires depuis la Suisse. Son mari devra retourner aux États-Unis pour le travail, et il est peu probable qu’il puisse revenir en Suisse pour les vacances. Cela signifie que la famille sera séparée. Doris espère qu’en cas d’urgence ils pourront trouver un moyen de se revoir.

Anne et Monica sont également inquiètes d’être séparées de leur famille. Pendant plusieurs mois, Monica n’aura pas la possibilité de faire du télétravail, si bien que s’ils décident de déménager, son mari partira seul en Suisse avec les enfants. «Être séparés aussi longtemps ne serait pas facile», dit-elle.

S’ils se décident à déménager, Franco et Clara s’inquiètent également de la situation sur le marché du travail. Ils s’attendent à ce que la recherche d’un emploi dans le secteur du tourisme soit difficile et, après avoir vécu et travaillé à l’étranger pendant si longtemps, l’idée de repartir de zéro leur paraît intimidante. «De toute façon, je garderai une porte ouverte au Panama», dit Clara, «juste au cas où ça ne marcherait pas en Suisse».

Le 13 mars, le gouvernement suisse a pris une mesure sans précédent en ordonnant la fermeture de toutes les écoles du pays. Les écoles obligatoires (écoles primaires et écoles secondaires inférieures, dont les élèves sont âgés de 6 à 15/16 ans) ont pour la plupart repris l’enseignement en classe entière après leur réouverture le 11 mai. Les élèves des écoles post-obligatoires, comme les écoles professionnelles et de maturité, n’ont été autorisés à revenir en petit nombre qu’à partir du 8 juin, ce qui a conduit bon nombre de ces écoles à poursuivre l’enseignement à distance jusqu’aux vacances d’été.

Les cantons, qui sont responsables des questions d’éducation, sont encore en train de décider dans quelles conditions les écoles ouvriront pour la prochaine année scolaire. À la mi-juillet, Lucerne a été le premier canton suisse à annoncer que les élèves les plus âgés et le personnel devraient probablement porter des masques de protection dès la rentrée. Le canton du Tessin prévoit de rendre le port du masque obligatoire pour tous les enseignants dans les couloirs et la salle des professeurs, mais pas en classe. Les élèves ne seraient pas obligés de porter de masques.

En Suisse, la procédure d’inscription dans les écoles publiques est gérée par les cantons. Les personnes qui souhaitent envoyer leurs enfants à l’école publique doivent prendre contact avec les autorités cantonales de l’éducation.

Vous trouverez ICI de plus amples informations sur le fonctionnement du système éducatif suisse.

(Traduction de l’anglais: Emilie Ridard)

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