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Deux tiers des étudiants soumis au régime de Bologne

L'Université de Zurich a du retard dans la mise en place de Bologne. Keystone

Huit ans après la signature de la Déclaration de Bologne, la Suisse fait figure de bonne élève. Deux tiers des étudiants évoluent désormais dans le nouveau système académique.

L’Union des étudiant/es de Suisse (UNES) se dit cependant déçue. Les promesses en matière de mobilité notamment n’ont pas été tenues.

Avec plus de 60% des étudiants actuellement intégrés dans une filière conforme au régime de Bologne, la Suisse est «très avancée» en comparaison internationale, indique Susanne Obermayer, responsable de la coordination du processus de Bologne au sein de la Conférence des recteurs des universités suisses (CRUS).

D’après elle, les hautes écoles suisses seront prêtes en 2010, date butoir fixée pour la mise en place d’un espace européen harmonisé de l’enseignement supérieur. Selon les projections, les derniers étudiants inscrits sous l’ancien régime termineront en effet leur cursus en 2011.

Du côté des Ecoles polytechniques fédérales (EPF), la réforme est déjà totalement achevée à Lausanne, l’EPFL ayant basculé dans le nouveau système en une fois en 2003. A Zurich, l’EPFZ est «bien avancée», selon Susanne Obermayer.

Egalement concernées, les sept Hautes écoles spécialisées (HES) ont commencé à proposer des filières satisfaisant aux exigences de Bologne en 2005. Elles affichent aujourd’hui une proportion allant de 50% à 60% d’étudiants soumis au cursus en deux étapes (bachelor/master).

La médecine en retard

C’est dans les universités que la situation est la plus contrastée. A St-Gall ou au Tessin, toutes les filières sont aujourd’hui conformes au nouveau système. A Zurich par contre, où la taille de l’alma mater a nécessité des travaux préparatoires plus longs, seul un quart des étudiants sont intégrés dans de telles filières .

Quant aux autres campus – Lausanne, Genève, Fribourg, Neuchâtel, Bâle ou Berne – la proportion d’étudiants de la génération Bologne y atteint plus ou moins deux tiers. L’ancien système y est partout encore en vigueur.

Au total, les universités ont pu disposer de 32 millions de francs pour mettre en œuvre les nouveautés. La médecine est la branche qui accuse le retard le plus marqué, selon Nivardo Ischi, secrétaire général de la Conférence universitaire suisse (CUS).

Un passage réussi

D’après lui, la réforme telle qu’elle a été introduite en Suisse est globalement un succès. Outre la dynamisation de l’enseignement universitaire, elle a permis de favoriser la transparence du système académique.

Pour sa part, Susanne Obermayer estime également que la Suisse a réussi son passage à Bologne. Elle relève toutefois qu’il est «trop tôt pour savoir si certaines promesses ont été réalisées». Et reconnaît par exemple que la mobilité tant vantée peine à se concrétiser.

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Réforme de Bologne

Ce contenu a été publié sur En 1999, lors d’une conférence tenue à Bologne, 29 Etats européens se sont accordés sur la création d’un «Espace européen de l’enseignement supérieur». Depuis, 45 Etats ont adhéré à la «Déclaration de Bologne». Les principaux points de cette réforme sont l’introduction d’un cursus universitaire en deux étapes, l’utilisation d’un système européen d’accumulation de crédits de…

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Les coûts de la mobilité

A ce propos, l’Union des étudiant/es de Suisse (UNES) est pour sa part beaucoup plus critique. «Les premières recherches montrent que la mobilité a en réalité régressé depuis l’introduction de Bologne», souligne sa coprésidente Deborah Ummel.

Et d’avancer des chiffres: en 2004, seuls 24% des universitaires ont effectué un semestre ou deux à l’étranger. Problème principal, les coûts, selon une enquête de l’Office fédéral de statistique (OFS) datant de 2005.

Ces mêmes coûts qui, toujours selon Deborah Ummel, peuvent de plus dissuader une partie des étudiants, une fois leur bachelor obtenu, de continuer jusqu’au master. La densification des cursus a en effet rendu plus difficile le travail parallèle aux études. Quant aux aides financières, elles ont plutôt tendance à diminuer.

Selon l’OFS, les cantons suisses ont accordé en 2005 des bourses et des prêts pour 306 millions de francs. Un montant en stagnation, et qui a même reculé de 9% en dix ans si l’on tient compte de l’inflation.

Marchandisation du savoir

Autre problème reconnu par Nivardo Ischi, l’augmentation du nombre d’étudiants conduit à un encadrement difficile dans certaines branches, notamment le droit, l’économie ou la psychologie.

Et le phénomène de la ‘chasse aux crédits’, qui dope la fréquentation des cours bien dotés en points ECTS, n’arrange pas les choses. Il suscite même une certaine amertume du côté du corps professoral, dont plusieurs membres déplorent le comportement devenu consumériste des étudiants.

Huit ans après la signature de la Déclaration de Bologne, l’UNES, par la voix de Deborah Ummel, parle de «grosse déception» et d’«effets collatéraux qu’il aurait été possible d’éviter en allant moins vite». La CRUS et la CUS sont elles confiantes, mais concèdent que des améliorations sont possibles.

swissinfo, Carole Wälti

La Déclaration de Bologne a été signée en 1999 par 29 pays. Aujourd’hui, 46 pays y sont associés.

Elle prévoit la création d’un espace européen de l’enseignement supérieur uniformisé d’ici à 2010. Des mesures pour accélérer le processus ont été décidées en 2003.

La mise en place d’une structure d’études à trois niveaux (bachelor, master et doctorat) et d’un système de crédits (ECTS) pour évaluer les acquis sont les principaux axes de la réforme.

En Suisse, les dix Universités, mais aussi les deux Ecoles polytechniques fédérales (EPF) et les sept Hautes écoles spécialisées (HES) sont concernées.

Les premières filières structurées d’après le nouveau système ont été lancées dès 2001. Les premiers diplômes de bachelor délivrés par les universités suisses l’ont été en 2004 dans le domaine des sciences économiques et du droit.

La mise en place du processus de Bologne au niveau européen est évaluée régulièrement lors de conférences de suivi qui réunissent tous les ministres en charge de l’enseignement supérieur.

La quatrième et dernière conférence de ce type s’est tenue les 17 et 18 mai à Londres. La Suisse était représentée par Charles Kleiber, secrétaire d’Etat à la science et à la recherche.

A Londres, les ministres présents ont décidé de placer la priorité sur l’organisation des études en trois cycles, la démarche qualité, ainsi que la reconnaissance des périodes d’études et des diplômes.

De son côté, la Suisse a appelé à prendre au sérieux les critiques formulées à l’encontre de Bologne par divers milieux académiques. Elle va procéder à une évaluation de la réforme et informera les pays membres de ses conclusions.

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