En Suisse, les enfants vont plus volontiers à l’école à pied
En Suisse, 75% des enfants vont à l’école à pied. C’est deux fois plus que dans les pays comme le Royaume-Uni ou les Etats-Unis.
Comme le sait tout(e) étranger(ère) avec des enfants qui fréquentent les écoles suisses – surtout dans la partie alémanique -, les laisser aller à pied à l’école, ou même à la maternelle, constitue un rite de passage. C’est quelque chose à quoi il faut s’habituer, surtout quand on vient d’un pays où les élèves sont souvent emmenés en voiture.
Dans de nombreuses parties du monde, octobre est le mois «à pied à l’école», avec une Journée internationale qui tombe ce mercredi 4Lien externe octobre. La Suisse a déjà tenu une journée de sensibilisation, le 22 septembreLien externe.
Selon un récent rapportLien externe de l’Association transports et environnement (ATE), 75% des enfants en Suisse vont à pied à l’école. Un chiffre à mettre en relation avec les 30 à 40% que l’on observe au Royaume Uni et aux Etats-Unis. Même l’Allemagne voisine n’est qu’à 50%.
Pourquoi autant?
Selon Matthias Müller, porte-parole de l’ATE, une des raisons est à chercher dans la tradition. Au temps où de nombreuses mères ne travaillaient pas, elles s’organisaient entre elles pour que les enfants aillent à l’école en groupe, accompagnés par un adulte à tour de rôle. Aujourd’hui, davantage de mère travaillent, mais l’idée que les enfants doivent aller à pied à l’école serait restée.
Ici, on encourage aussi l’indépendance, depuis le plus jeune âge. «Ceci a à voir avec la tradition de l’Etat fédéral suisse, ce libéralisme sain où l’on prend soin de soi-même», ajoute Matthias Müller. Sans oublier d’ajouter que la sécurité et certainement meilleure et qu’il y a bien moins de trafic que dans des villes comme Londres ou Sydney.
Cependant, les chiffres du rapport de l’ATE montrent aussi que le nombre de parents qui conduisent leurs enfants de 6 à 9 ans à l’école en voiture a augmenté de 40% ces dix dernières années. Un tiers des parents interrogés ont cité la sécurité comme une préoccupation centrale.
Les «parents taxis»
Les «parents taxis» sont plus nombreux dans les parties francophone et italophone du pays. Tandis que les parents alémaniques ne sont que 11% à emmener au moins une fois par semaine leurs enfants à l’école en voiture, la proportion monte à 50% en Suisse romande et 63% au Tessin.
Les parents alémaniques jugent le chemin de l’école plus sûr, grâce aux nombreuses mesures de modération du trafic, particulièrement à proximité des écoles (comme des limitations de vitesse à 30, voire 20 km/h), explique Matthias Müller, précisant qu’elles sont moins répandues dans les deux autres régions linguistiques.
Pour l’ATE, les «parents-taxis» peuvent devenir un danger s’ils sont trop nombreux. Et de toute façon, marcher est bon pour la santé.
Les enseignants approuvent. «Nous ne voulons pas que les élève deviennent une génération de passagers de voitures» a dit Beat Zemp, président de la faîtière des enseignants suisses, sur la page «walk to school»Lien externe du site de l’ATE. «Il est beaucoup plus raisonnable d’aller d’abord à l’école à pied, puis en vélo. Cela renforce la confiance en soi et les compétences sociales de l’enfant. De plus, le mouvement est bon pour la santé et contribue au combat contre l’obésité».
Campagne et expériences
L’ATE mène actuellement une campagne pour la promotion de la marche à pied, via le système du PédibusLien externe, qui est une «ligne de bus sans bus», avec un plan, des horaires et des arrêts, et qui voit un adulte accompagner des groupes d’enfants de 4 à 8 ans à l’école. La formule marche particulièrement bien en Suisse romande, où elle fonctionne depuis 15 ans.
Les francophones n’en restent pas moins plus nombreux que les alémaniques à conduire leur enfant en voiture. Et en zone rurale, c’est le bus scolaire – quand il existe – qui s’en charge.
(Traduction de l’anglais: Marc-André Miserez)
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