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Dignitas soulève l’indignation

C'est aux autorités de procéder à la levée des corps des suicidés. Reuters

Indésirable dans les hôtels et les locatifs, l'organisation d'aide au suicide utilise désormais des véhicules. Dignitas a ainsi aidé deux Allemands à mettre fin à leurs jours dans un parc près de Zurich.

Cette nouvelle méthode soulève de vives critiques en Allemagne comme en Suisse.

Ces deux cas – deux Allemands de 50 et 65 ans – ont eu lieu dans la commune de Maur ces dernières semaines, a indiqué une porte-parole de la police cantonale zurichoise.

Le premier cas de suicide s’est déroulé dans un van, le second dans un véhicule de livraison, mais à des dates différentes. Les véhicules étaient stationnés dans un parc proche d’un bois.

Vives réactions

Cette nouvelle manière d’aider au suicide a soulevé de vives réactions. Le maire de Maur l’a qualifiée de «sans piété et sans goût». «Le suicide assisté dans une voiture est une grave atteinte à la dignité humaine» a pour sa part déclaré le député Mario Fehr dans les colonnes du quotidien romand «Le Matin».

A droite comme à gauche, la plupart des personnalités politiques estiment que l’organisation d’aide au suicide a, cette fois, dépassé les bornes et qu’il faut désormais des lois claires pour éviter les abus.

Les réactions ont également été vives en Allemagne. «Ce n’est pas acceptable et contraire à la dignité humaine», a par exemple déclaré le socialiste Dieter Wiefelspütz dans la «Neuen Presse», un journal de Hanovre.

Pas d’autre choix

Mais il n’est pour l’heure pas possible d’interdire de telles pratiques. «Celui qui veut mourir dans la nature ou dans sa voiture peut naturellement le faire», précise l’avocat général du canton de Zurich Jürg Vollenweider.

De son côté, Dignitas se défend en indiquant qu’elle n’a désormais pas d’autres choix que des véhicules pour son assistance au suicide. En effet, elle s’est récemment vue interdire cette pratique dans les immeubles locatifs et dans les hôtels.

Les difficultés actuelles sont dues «aux interdictions des exécutifs de certaines communes», a déclaré Ludwig A. Minelli dans le quotidien suisse alémanique «Tages Anzeiger». Le secrétaire général de Dignitas a rappelé que ces interdictions font l’objet de recours devant les tribunaux.

Un droit reconnu

L’organisation Dignitas a été fondée en 1998 à Forch (Zurich) par Ludwig A. Minelli. Elle s’occupe surtout de personnes étrangères désireuses de mettre à fin à leurs jours et qui ne peuvent pas le faire en raison d’une législation restrictive dans leur pays.

Cet ancien journaliste et juriste, polyglotte, spécialisé en droits de l’homme, milite depuis des décennies pour l’autodétermination à mourir, un droit que le Tribunal fédéral a reconnu en novembre 2006.

Il affirme vouloir aussi agir préventivement et dissuader de nombreuses personnes de mourir. Les organisations d’aide au suicide remplacent aussi, selon lui, l’absence de véritable lieu d’écoute pour les personnes désespérées.

swissinfo et les agences

En Suisse, l’euthanasie active directe (par exemple l’administration d’un poison à un malade dans le coma) est assimilée à un homicide et est donc punissable.

L’euthanasie active indirecte (par exemple l’administration de fortes doses de morphine pour soulager la douleur) n’est pas punissable.

L’euthanasie passive (suspension d’une thérapie) n’est pas punissable.

L’aide au suicide passive (le futur suicidé est accompagné mais procède lui-même au geste fatal) est autorisée.

Les Pays-Bas et la Belgique acceptent, sous certaines conditions, l’euthanasie active.

Allemagne: l’aide au suicide est interdite au médecins.

France: l’euthanasie passive sera bientôt permise aux médecins et aux parents. L’euthanasie active reste interdite.

Italie: interdiction de l’euthanasie active et passive.

Royaume-Uni: législation la plus restrictive d’Europe. L’euthanasie n’est pas prévue pas la loi.

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