Disparitions d’enfants: la Suisse aura son système d’alerte
La Confédération va instaurer un dispositif d'alarme rapide en cas d'enlèvement de mineurs. Ainsi en a décidé mercredi la Chambre basse du Parlement.
Dans un premier temps, le système fonctionnera principalement à partir de signalements et de photographies diffusés via téléphones portables.
Cet été, le meurtre de la petite Ylenia en Suisse orientale avait soulevé une vague d’émotion dans tout le pays. Elle ne sera pas restée lettre morte sur le plan politique puisque le Conseil national (Chambre basse) vient d’adopter tacitement deux motions portant sur la mise en place d’un système d’alerte en cas de disparition d’enfants.
Le Conseil fédéral (gouvernement) est lui aussi prêt à aller de l’avant, sous réserve toutefois des décisions des cantons, compétents en la matière. Le ministre de la justice Christoph Blocher a d’ores et déjà prévu de faire le point avec les directeurs cantonaux de justice et police les 15 et 16 novembre.
Il espère une décision de principe au printemps 2008. Le gouvernement a annoncé qu’il traitera des demandes exprimées dans les motions en collaborant étroitement avec les autorités cantonales, à qui il incombera de déclencher les alertes.
Diffusion massive et immédiate
Selon le texte d’une des motions, les cantons doivent «permettre une réaction rapide et coordonnée, en particulier sous la forme d’une diffusion massive, immédiate et systématique de messages et d’informations demandant la vigilance et la coopération de la population.»
Le Conseil fédéral doit également examiner les possibilités de coopération internationale. A ce niveau, les ministres de la justice de l’Union européenne sont tombés d’accord mardi pour mettre en place un système d’alerte européen «souple et géographiquement limité», en complément de la coopération entre Etats membres.
Plus ciblée, la seconde motion donne la priorité à l’alerte par diffusion de photographies via téléphones portables (MMS). Selon ce texte, le gouvernement helvétique est chargé de proposer une loi ou toute autre mesure permettant l’envoi, par les opérateurs de télécommunications, d’un tel message d’alerte aux utilisateurs du réseau mobile dans une zone géographique déterminée.
Ce dispositif d’alerte consisterait à envoyer, sur ordre de la police et par le biais des opérateurs de télécommunications, un MMS avec l’image de l’enfant disparu, une description de celui-ci ainsi qu’un numéro d’appel. L’alerte serait envoyée dans une circonscription déterminée en fonction de la distance potentiellement parcourue à partir de l’heure et du lieu de disparition de l’enfant.
L’alerte par MMS constitue une première priorité dans le cadre d’un futur plan global «Alerte enlèvement» tel qu’il existe dans d’autres pays.
Exemples de la France et des Etats-Unis
En France par exemple, un petit garçon disparu à Roubaix avait récemment été retrouvé quelques heures plus tard sain et sauf, après le déclenchement de l’alerte.
«Ce dispositif n’est pas une assurance tous risques, mais il donne une chance supplémentaire de sauver la vie d’enfants. Aux Etats-Unis, en l’espace de dix ans, 140 enfants ont pu être retrouvés grâce à ce système», a dit le député Didier Burkhalter (PRD, droite) au nom de la commission des affaires juridiques.
Calqué sur un modèle américain, le dispositif français a été activé quatre fois depuis sa mise en place en février 2006, toujours avec une issue heureuse. Il consiste à lancer à la radio, à la télévision et sur les panneaux des gares et autoroutes, une alerte massive pour mobiliser la population à la recherche d’un enfant enlevé et de son ravisseur présumé.
swissinfo et les agences
Un dispositif d’alarme en cas d’enlèvement d’enfants existe déjà dans quelques pays occidentaux. Les Etats-Unis ont introduit le leur en 1996; la France, la Grèce et le Portugal ont fait de même en 2006.
Un tel système permet de diffuser très rapidement sur l’ensemble du territoire national des informations précises concernant un probable enlèvement.
Une étude réalisée en 1993 aux Etats-Unis a montré que les premières heures qui suivent un enlèvement sont décisives: sur 621 enlèvements s’étant terminé par un meurtre, l’enfant avait été tué dans la première heure dans 44% des cas. Il l’avait été dans les trois premières heures dans 74% des cas et dans les premières 24 heures après l’enlèvement dans 91% des cas.
Cet été, la Suisse a été secouée par le meurtre de la petite Ylenia. Agée de 5 ans et demi, la fillette avait disparu alors qu’elle quittait la piscine d’Appenzell le 31 juillet. Peu après, quelques-unes de ses affaires avaient été trouvées dans un bois à 30 kilomètres du lieu de sa disparition.
Dans le même bois, le corps d’un homme suicidé avait été découvert le lendemain. Sa camionnette contenait des objets appartenant à Ylenia.
Le corps de la fillette avait finalement été retrouvé dans la même forêt 47 jours plus tard, au cours d’une battue organisée par de simples citoyens. Il ne présentait ni trace de violence ni d’abus sexuels.
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